Nous sommes actuellement le 23 Avr 2024 8:43

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 3 message(s) ] 
Auteur Message
 Sujet du message : Séance du 9 août 1870
Message Publié : 05 Août 2006 11:29 
Hors-ligne
Thucydide
Thucydide
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Avr 2005 17:41
Message(s) : 34
Localisation : Tour Blanche de Cirion
Bonjour à tous,
Je souhaiterai en apprendre plus sur la fameuse séance extraordinaire du corps législatif du 9 août 1870. Quelle sont véritablement les conséquences de cette réunion mouvementée ? Comment s'est-elle déroulée ?
Merci d'avance


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 05 Août 2006 12:51 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Mars 2006 10:38
Message(s) : 2476
Localisation : Lorraine
Napoléon III partit pour Metz le 28 juillet, après avoir confié la régence à l'impératrice Eugénie. Sept jours plus tard, le territoire français était envahi. Surprise et attaquée par des forces ennemies considérables, la division du général Abel Douay, lancée en flèche à Wissembourg, était écrasée après une résistance héroïque et son chef restait mort sur le lieu du combat. Le lendemain, 6 août, le corps d'armée du maréchal de Mac-Mahon subissait une sanglante défaite à Froeschwiller, et le même jour celui de Frossard qui, par une vigoureuse offensive aurait pu aisément refouler puis écraser un ennemi longtemps inférieur en nombre, était vaincu à Spicheren. La défense des Vosges était abandonnée par le maréchal de Mac¬Mahon, et les corps d'armée de la Lorraine se repliaient vers Metz.
Après avoir passé quelques jours à Dijon dans sa famille, s'être occupé de la préparation des élections municipales, et pris avec ses amis des mesures pour tirer le Progrès de la Côte d'Or de la situation difficile où l'avaient placé des procès politiques, Joseph Magnin fut brusquement rappelé à Paris par le décret de l'impératrice-régente qui convoquait le Corps législatif pour le 9 août. Ce jour-là, la séance fut ouverte à une heure et demie. Quelques instants après, Émile Ollivier monta à la tribune et lut une communication du gouvernement : "Nous n'avons pas voulu attendre pour vous réunir que la situation de la patrie fût compromise." Nos troupes avaient subi trois défaites, le territoire français était envahi du côté de l'Alsace et du côté de la Lorraine, et le cabinet sur qui pesait l'effrayante responsabilité de la guerre avait l'audace de prétendre que la situation de la France n'était pas encore compromise ! De vives rumeurs, parties de la gauche, du centre et de la droite, accueillirent les paroles d'Ollivier.
Le général Dejean, ministre de la Guerre intérimaire, présenta ensuite un projet de loi relatif à l'augmentation de nos forces militaires. Puis Jules Favre, en son nom et au nom de ses collègues de la gauche, réclama l'armement de tous les citoyens valides inscrits sur les listes électorales et la réorganisation immédiate de la garde nationale dans toute la France. L'urgence sur cette proposition devait être adoptée un peu plus tard. Jules Favre demanda en outre, au nom de 33 membres de la gauche, que le commandement de nos forces militaires fût enlevé à l'empereur, et proposa au Corps législatif, "vu l'impéritie de ceux qui avaient amené le pays à cet état qu'on ne pouvait envisager qu'avec rage et colère", d'investir des pleins pouvoirs du gouvernement, pour repousser l'invasion étrangère, quinze membres choisis dans son sein. Alors l'un de ceux qui avaient le plus poussé à la guerre, Gravier de Cassagnac, s'écria que s'il avait l'honneur de siéger au banc du gouvernement, tous les signataires de cette proposition seraient le soir même déférés à un conseil de guerre. La proposition de Jules Favre fut repoussée par 190 voix contre 53. Dans la minorité, on relevait avec les noms des députés de la gauche, celui de Thiers et ceux de membres du tiers parti tels que le comte de Chambrun, Estancelin, le marquis de Gramont, Guiraud, Keller, Latour-Du¬Moulin, Antonio Lefèvre-Pontalis, La Monneraye. En entendant la proclamation de ce vote, Gambetta s'écria en s'adressant à la majorité : "Vous y viendrez", et Jules Favre ajouta : "Et quand vous y viendrez ce sera trop tard", paroles hélas ! prophétiques.
Auparavant, le Corps législatif avait refusé d'accueillir un projet de résolution de Latour-Du-Moulin, signé de son nom et de ceux de treize autres membres du Tiers parti, et tendant à ce que le général Trochu fût nommé président du conseil et chargé de composer un ministère. Cette proposition absolument inconstitutionnelle était, comme l'a dit Jules Simon, la mise en tutelle de l'empereur8. L'ancien confident d'Émile Ollivier devenu son ennemi intime, Clément Duvernois, proposa alors l'ordre du jour suivant qui respectait la prérogative impériale mais était dirigé contre le ministère du 2 janvier: "La Chambre, décidée à soutenir un cabinet capable d'organiser la Défense nationale, passe à l'ordre du jour." Repoussé par Émile Ollivier, cet ordre du jour, extrêmement dur sous une apparence correcte, fut adopté à une grande majorité par un vote par assis et levé. Émile Ollivier partit aussitôt pour porter à l'impératrice-régente au château des Tuileries sa démission et celle de ses collègues. On apprit le lendemain que le général Cousin-Montauban, comte de Palikao, appelé de Lyon où il était à la tête d'un des grands commandements militaires, avait formé un ministère dans lequel il s'était réservé le portefeuille de la Guerre et où Henri Chevreau, préfet de la Seine, prenait le portefeuille de l'Intérieur ; Magne, celui des Finances ; Grandperret, celui de la Justice ; Clément Duvernois, celui de l'Agriculture et du Commerce ; Jérôme David, celui des Travaux publics ; La Tour d'Auvergne, celui des Affaires étrangères ; Brame celui de l'Instruction publique. L'amiral Rigault de Genouilly restait ministre de la Marine ; Basson-Billault devenait ministre président le Conseil d'État. Le nom de ce dernier, et surtout ceux de Jérôme David et de Clément Duvernois, chefs de la droite, donnaient au nouveau ministère sa véritable signification. Quant au ministre de la Guerre, on le considérait depuis l'expédition de Chine comme un homme de guerre de premier ordre. Le désir de ne rien faire qui pût entraver la défense du pays fit cesser aussitôt les rassemblements de la rue.

Texte extrait de ce site, qui retrace l’activité du corps législatif pour tout le Second Empire :

http://www.scolagora.com/ecolbrazey/mag ... etable.htm

_________________
Tous les désespoirs sont permis


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 05 Août 2006 13:06 
Hors-ligne
Thucydide
Thucydide
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Avr 2005 17:41
Message(s) : 34
Localisation : Tour Blanche de Cirion
Merci pour cette réponse rapide ! :D
Il est clair que Napoléon III a été sauvé (certes temporairement) par le ministère du Comte de Palikao, qui tenait à garder l'Empereur.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 3 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 21 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB