Skipp a écrit :
J'ai déjà entendu parler que le rastafarisme serait à l'origine du révisionnisme des afrocentristes... les rastas politisés auraient été les premiers à considérer comme noir de nombreux personnages historiques ou mythologiques: Abraham, Jésus, etc...
J'en doute. L'afrocentrisme en tant que tel - celui de Cheikh Anta Diop - se rattache avant tout à la civilisation égyptienne, mère de toutes les autres et donc forcément noire
.
Le rastafarisme prend naissance dans le christianisme, et plus précisément dans l'Ancien Testament, en identifiant l'exil des Jamaïcains à celui des Hébreux à Babylone. Le sauveur qui doit ramener le peuple vers la Terre Promise est décrit comme le "Lion de Juda", annoncé dans l'
Apocalypse 5,5 : "
Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux". Comme ce lion est justement l'emblème des derniers empereurs éthiopien - il figure toujours sur le drapeau -, l'avènement d'Haïlé Sélassié en 1930 a fait apparaître celui-ci comme le Messie attendu, puis comme une divinité.
Le lion est figuré dans le mouvement rasta par la coiffure en dreadlocks, qui rappellent sa crinière.
Le mot "rastafarisme" vient de celui de l'empereur : "Ras Tafari". "Ras" ("tête") est un titre de noblesse, et "Tafari" ("il sera craint") est son nom de naissance. "Haïlé Sélassié" ("Puissance de la Trinité") est son nom de baptême.
L'empereur n'a jamais pris au sérieux sa divinisation par les rastas. Toutefois, il les remercia de leur soutien durant la Seconde Guerre Mondiale en leur permettant de s'établir dans le domaine de Shashamene, à 250 km au sud d'Adis-Abeba.