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Moi,je suis "amateur d'histoire" et pas "historien"
Moi idem.
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je croyais que les grosses fortunes du nord étaient en partie investies dans le sud et que donc,le projet de départ du moins était d'y aller "molo" avec les dégats économiques à infliger au sud durant la guerre .
Il y avait toute la gamme chez les politiciens du Nord: des modérés, comme Lincoln, des radicaux, comme Thadeus Stevens, l'abolitionniste le plus radical à la Chambre des Représentants.
Ces Républicains radicaux, en tout cas, ne voulaient pas du tout "y aller mollo" comme vous dites, avec le Sud rebelle. Et pendant la guerre, comme les Républicains dominaient le Congrès, et que les Républicains radicaux dominaient le parti Républicain, les Républicains radicaux dominaient le Congrès.
Il faut dire que Stevens avait des raisons toutes personnelles de hair les Confédérés: son usine de textile en Pennsylvanie avait été ravagée, en fait détruite, par les troupes de Lee lorsque celles-ci "envahirent' cet état.
Il était aussi un de ces assez rares abolitionnistes qui voulaient accorder une pleine citoyenneté aux esclaves, il y avait chez lui une vraie conviction, disons au risque d'être anachronique, d'ordre "antiraciste".
Il était aussi de ceux qui voulaient exproprier les planteurs pour distribuer leurs terres à leurs esclaves, sur la base du fait que c'était une juste réparation pour des années de servitude et de travail gratuit. Il était bien sûr hai et honni dans le Sud, ainsi qu'à la Chambre, par une grande partie des Démocrates, parti du Sud.
Une fois Lincoln disparu, les Républicains radicaux (qui dominaient le Congrès) ont estimé, contre le point de vue plus modéré du président Andrew Johnson (le vice-président de Lincoln propulsé à la présidence après l'assassinat de celui-ci) qu'il était légitime de se venger du Sud, de le piller, d'humilier ses habitants en utilisant les esclaves comme pions dans cette entreprise de revanche.
C'est ce qu'on appelle la "Reconstruction" et ça a été une affaire brutale: des affairistes nordistes sans scrupules, les fameux "carpetbaggers", se sont abattus sur les états confédérés comme une nuée de sauterelles.
Et l'armée du Nord a occupé le Sud jusqu'en 1877; cette période d'occupation militaire et de Reconstruction, après les boucheries de la guerre et la politique de terre brûlée de Sherman, a laissé des blessures et ressentiments durables dans cette région.
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Lincoln n'a pas décrété l'abolition de l'esclavage mais aurait déclaré : "Seront déclarés "libres" ,les esclaves DES ETATS EN REBELLION CONTRE L'UNION" ,ceci à fin de détourner "vers le nord" les états esclavagistes du centre qui pouvaient matériellement se permettre de travailler sans esclave . Et (toujours selon moi) l'esclavage n'a pas cessé d'un coup dans tous les états à la fois mais sur plusieurs années .
D'un point de vue purement logique, la décision de Lincoln parait absurde: dans la "Preliminary Emancipation Proclamation" du 1er janvier 1863, faite après la victoire nordiste d'Antietam, Lincoln déclare en effet que ,
dans les états en rebellion, les esclaves seraient déclarés libres dès cette proclamation, et pour toujours.
Cette proclamation n'a donc libéré presque personne , du moins immédiatement;en tout cas:
- pas les esclaves dans les états confédérés, puisque le Nord n'avait par définition aucune possibilité de faire appliquer la proclamation chez eux; les Sudistes l'ont donc superbement ignorée
- pas les esclaves des états à esclaves restés loyaux, et dont Lincoln voulait préserver la fidélité à l'Union, puisque l"émancipation ne s'appliquait pas à eux
- pas les esclaves dans les parties du Sud déjà passées sous le contrôle de l'Union, puisque elle ne les concernait pas non plus.
Cette proclamation ne concernait les esclaves que là où elle était parfaitement inapplicable; geste largement symbolique au départ, donc.
En fait, les esclaves qui se sont libérés alors se sont libérés eux-mêmes:en s'enfuyant des plantations pour rejoindre les armées de l'Union et les territoires du Sud qu'elles contrôlaient. La vraie émancipation GENERALE des esclaves n'a eu lieu qu'à partir du 18 décembre 1865, avec le passage du 13ème Amendement.
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si le problème de fond était "réelement" les esclaves ,il y avait un moyen d'arrenger les choses sans nécéssairement se taper dessus .
Les esclaves étaient indispensables parceque la tache était répétitive idiote sans doute,mais comme je l'ai écrit plus haut, difficile à réaliser de façon économiquement rentable,et que donc il leurs fallait des ouvriers disponibles à tout moment et qui restaient sur place (au même moment les ouvriers du nord migraient en masse pour un oui ou pour un non) .
La solution médiane aurait été de dire qu'on abolissait l'esclavage,mais que les noirs ne pouvaient pas circuler ... Ils pouvaient être payés,mais pas sortir de l'état ou du conté .
C'est bien ce qu'ont fait plusieurs états du Sud; comté par comté, ils ont strictement réglementé, en rédigeant des Codes noirs très contraignants, les agissements et déplacements des ex-esclaves.
Voici un extrait du Code noir de la paroisse de Saint Landry, en Louisiane, édicté en juillet 1865
avec l'approbation des autorités militairesde l'Union occupant la région:
. . Sec. 1. Be it ordained by the police jury of the parish of St. Landry, That no negro shall be allowed to pass within the limits of said parish without special permit in writing from his employer. Whoever shall violate this provision shall pay a fine of two dollars and fifty cents, or in default thereof shall be forced to work four days on the public road, or suffer corporeal punishment as provided hereinafter. . . .
Sec. 3. . . . No negro shall be permitted to rent or keep a house within said parish. Any negro violating this provision shall be immediately ejected and compelled to find an employer; and any person who shall rent, or give the use of any house to any negro, in violation of this section, shall pay a fine of five dollars for each offence.
Sec. 4. . . . Every negro is required to be in the regular service of some white person, or former owner, who shall be held responsible for the conduct of said negro. But said employer or former owner may permit said negro to hire his own time by special permission in writing, which permission shall not extend over seven days at any one time. . . .
Sec. 5. . . . No public meetings or congregations of negroes shall be allowed within said parish after sunset; but such public meetings and congregations may be held between the hours of sunrise and sunset, by the special permission in writing of the captain of patrol, within whose beat such meetings shall take place. . . .
Sec. 6. . . . No negro shall be permitted to preach, exhort, or otherwise declaim to congregations of colored people, without a special permission in writing from the president of the police jury. . . .
Sec. 7. . . . No negro who is not in the military service shall be allowed to carry fire-arms, or any kind of weapons, within the parish, without the special written permission of his employers, approved and indorsed by the nearest and most convenient chief of patrol. . . .
Sec. 8. . . . No negro shall sell, barter, or exchange any articles of merchandise or traffic within said parish without the special written permission of his employer, specifying the article of sale, barter or traffic. . . .
Sec. 9. . . . Any negro found drunk, within the said parish shall pay a fine of five dollars, or in default thereof work five days on the public road, or suffer corporeal punishment as hereinafter provided.
Sec. 11. . . . It shall be the duty of every citizen to act as a police officer for the detection of offences and the apprehension of offenders, who shall be immediately handed over to the proper captain or chief of patrol. . . .
(traduction à venir)