Merci Deadplayer et Narduccio pour vos réponses ingénieuses.
Pour la réponse de Deadplayer, on retombe plus ou moins sur la notion des "state rights": les états Sudistes auraient fait sécession parce qu'ils se voyaient comme victimes d'un pouvoir central fédéral tyrannique, et abusivement interventionniste dans leurs affaires.
Cet interventionnisme abusif consistant surtout à vouloir abolir l'esclavage chez eux, ou à vouloir empêcher son extension aux nouveaux états.
Rappelons d'abord une nouvelle fois que la notion du gouvernement fédéral voulant abolir l'esclavage relève du fantasme et/ou d'une déformation propagandiste délibérée de la position officielle du gouvernement fédéral sur la question: l'administration Lincoln ne voulait en aucun cas l'abolition.
Notons aussi que les états du Sud qui revendiquaient leur droit à pratiquer l'esclavage comme un droit fondamental des états refusaient aux états du Nord ce droit fondamental des états à régler les affaires concernant leur propre territoire lorsqu'ils critiquaient vertement le refus de certains de ces états de capturer les esclaves en fuite et de les renvoyer dans le Sud.
En fait, les droits des états avancés par les états du Sud sont un leurre, un écran de fumée mis en avant pour camoufler la vraie motivation des Sudistes: car ce droit des états , si souvent invoqué, n'a pratiquement jamais eu d'autre contenu que le droit de pratiquer l'esclavage, et plus tard d'appliquer la Ségrégation.
Cet argument du droit des états a été mis en avant par Andrew Johnson, successeur de Lincoln pour justifier son opposition à toutes mesures type "droits civils " pour les "Freedmen" (ex-esclaves) du Sud lors de la Reconstruction.
Mais Andrew Johnson a donné lui-même les vraies raisons de son opposition au "Civil Rights Act" lorsqu'il a dit: "This is a country for white men and by God, as long as I am President, it shall be a government for white men" (c'est un pays pour les hommes blancs et par Dieu, tant que je serai Président, cela restera un gouvernement pour les hommes blancs).
Au XXème siècle, l'administration de FDR a multiplié les programmes gouvernementaux fédéraux interventionnistes qui représentaient une atteinte manifeste aux droits des états.
Aucune protestation démocrate dans le Sud pourtant: FDR n'a pas touché aux droits civils et à la ségrégation au sud de la ligne Mason-Dixon, donc pas de revendication de droits des états en réponse aux interventions fédérales.
Plus tard, Harry Truman a été le premier président démocrate à se préoccuper des droits civils, et à esquisser un début de rupture de l'alliance parti démocrate/sécéssionisme/ségrégationnisme.
Dès que cette orientation légèrement anti-ségrégationniste s'est manifestée au gouvernement et dans le parti, aussitôt on voit réapparaître le thème des "state rights": une faction se détache du parti, avec la tendance menée par Strom Thurmond, gouverneur de Caroline du Sud, candidat démocrate à la présidentielle contre Truman, et partisan des deux sociétés blanches et noires supposées rester "separate but equals" (separate plus qu'equal d'ailleurs).
Et bien sûr, Strom Thurmond nomme sa dissidence démocrate "State Rights Party" --mouvement dont le but officiel et présentable est de défendre les états du Sud contre les empiètements de Washington, mais dont l'objectif réel est (je cite Thurmond): "defend the racial integrity and purity of the white and negro race" (défendre la pureté raciale de la race blanche et noire).
Tout cela baignant dans une profonde hypocrisie, puisque j'ai mentionné ailleurs que Thurmond, si égalitairement soucieux de défendre la pureté raciale des races blanche ET noire, avait fait un enfant à une de ses domestiques noires.
L'argument des "state rights" est un alibi, une feuille de vigne pour ainsi dire
, qui camoufle de façon morale et présentable le véritable enjeu de la guerre de Sécession, sa motivation première , qui est la défense de l'esclavage (même si ce n'est pas la seule).
Voici un petit article intéressant du Washington Post sur les principaux mythes de la guerre de Sécession, qui aborde celui des "state rights":
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/co ... 06547.html