Christian27 a écrit :
Avant d’arriver à cette guerre civile le Mexique connut une suite de révolutions depuis 1913 où l’enjeu pétrolier n’était pas absent ni donc les Etats-Unis.
Méfiance lorsque l'on évoque les enjeux pétroliers dans l'entre-deux-guerres. La donne est très différente aussi bien du point de vue des zones d'influence (où les Britanniques dament souvent le pion aux Américains) et des zones de production. Après la Première Guerre mondiale, les efforts productifs, et donc les enjeux de contrôle de certaines zones pétrolifères, se situent au Venezuela (1922) et en Irak (1924). Les Etats-Unis et le Mexique s'entendent assez rapidement sur les zones pétrolières du nord du Mexique, autour de 1920, et finalisent un accord en 1923.
Christian27 a écrit :
Du jour au lendemain la religion catholique sera interdite, les églises fermées et les curés déportés ou assassinés. Inutile de décrire le désarroi pour ces paysans, ces villageois. Il n’était pas question d’accepter ce dictat mais que faire ? Ils n’avaient rien, pas d’armes, pas d’organisation, rien. Et surtout pas d’appui de la hiérarchie de l’Eglise, Vatican compris, ni des riches.
Ils choisirent la guerre, réunirent quelques armes et attaquèrent. Du côté de l’Etat des armes, l’appui des Etats-Unis, des militaires professionnels mais mal formés et ne possédant pas la motivation des Cristeros. Petit à petit l’armée des Cristeros pris de l’ampleur, réussi à se procurer des armes y compris dans les arsenaux, une très importante brigade de femmes contribua à l’approvisionnement y compris en armes. Ils firent preuve d’un courage inouï, incroyable pour finalement disposer d’une armée forte de 20'000 hommes, bien structurée, bien dirigée et disciplinée.
Ne tombons pas, non plus, dans la caricature révolutionnaire, le peuple mourant de faim et abattant le tyran. Le coup d'arrêt du
partage noir mexicain a mobilisé et fédéré certaines entités de la classe paysanne. La menace d'une tutelle religieuse sur ces bandes de plus en plus massives a été le déclencheur de l'interdiction de la religion catholique. Le pouvoir s'est senti menacé par un esprit frondeur des hommes d'Eglise, ce qui n'excuse en rien, soyons bien clair sur cela, l'horreur de sa réponse politique.
Il y a toujours quelque chose de complexe lorsqu'on étudie les mouvements révolutionnaires populaires. Je pense à 1789, entre autres, que l'historiographie a longtemps inscrit comme le soulèvement du peuple contre le pouvoir monarchique excessif, s'emparant de la Bastille, haut-lieu d'expression de cette royauté et mettant au sol le tyran. Notez qu'une historiographie beaucoup plus apaisée et récente a clairement montré que l'action populaire a été catalysée par la menace d'une répression par les troupes étrangères stationnées autour de Paris, que la prise de la Bastille a été décidée parce que cette place forte disposait de stocks de poudres pour les pièces d'artillerie prises par le peuple, et que la décision d'écarter le roi du pouvoir n'a pas été immédiate puisque le premier régime révolutionnaire français est une monarchie constitutionnelle.
Il faut suivre un même schéma, donc, pour comprendre la Guerre civile mexicaine : à côté du discours politique et révolutionnaire, qu'ont été les véritables déclencheurs, ces éléments du quotidien, cette peur que l'histoire ne retient que rarement, qui poussent à l'émeute et à l'action ?