Bonsoir,
Nabuchadnezar a écrit :
Pouvez-vous préciser ce point ? Connaît-on les doctrines de Hong ?
Un bon résumé des croyances T’aï-p’ing se trouve dans l’ouvrage de Jacques Reclus (La révolte des Taï-ping (1851-1864), prologue de la Révolution chinoise, Le Pavillon, Roger Maria Ed., Paris, 1972).
Hong Xiu-quan, fils de paysan hakka, exerçant la profession d’instituteur de village, au nord de Canton, essuie trois échecs consécutifs aux examens mandarinaux à l’issue desquels, en 1837, il tombe malade et entre dans un délire où il se voit poursuivi par des monstres, se déclare Empereur de Chine, ‘’Souverain Ts’uann, céleste roi de la voie suprême’’, et renie son père. Rétabli, il se fait censeur des mœurs de son village, prônant l’austérité, stigmatisant le pouvoir mandchou, et adopte le nom de ‘’Xiu-quan’’ - Elégante perfection.
Un quatrième échec, en 1843, exacerbe son ressentiment. C’est à cette époque qu’il exhume un livre de propagande protestante qui lui avait été remis par un missionnaire (peut-être le Rév. Edwin Stevens), lors de son séjour à Canton en 1836, où il passait ses examens.
Cet ouvrage : ‘’Paroles de sagesse pour exhorter le siècle’’, œuvre d’un Chinois converti appelé Lian A-fa, reproduisait des chapitres entiers de la Bible, mêlés de commentaires édifiants pleins d’incorrections, de confusions et d’erreurs grossières. (‘’Empire du Milieu’’ traduisant l’expression ‘’Royaume des Cieux’’, et ‘’les Chinois’’ pour ‘’la Race élue du Seigneur’’).
Relu en 1843, l’ouvrage apporte à Hong la conviction que sa maladie et ses visions étaient « une expérience religieuse au cours de laquelle il était monté au Ciel et avait rencontré Dieu et Jésus-Christ. Dieu l’avait choisi pour combattre les démons terrestres et apporter la loi divine ici-bas ».
En 1847, Hong compose des écrits (*) qui deviendront le Canon des croyances T’aï-p’ing, développant une croyance en un seul Dieu qui est au Ciel, qui a tout crée et dont le pouvoir est universel et illimité, qui a envoyé le frère céleste de Jésus (Hong lui-même) sur terre, investi de pouvoirs surnaturels, avec mission de sauver le monde. Par le biais de la vertu confucéenne de piété familiale, Hong exige une obéissance absolue de ses fidèles, incluant le sacrifice de la vie avec promesses de récompenses dans ce monde et dans l’autre, et menaces d’extermination pour les réfractaires et leur famille. Principe proclamé d’égalitarisme entre les hommes, les nations, les sexes. Lutte contre les idoles, absence de prêtre, assimilation de Hong à l’incarnation du Saint-Esprit sur terre.
(Visions réjouissantes de la Cour céleste avec un Dieu le père à la barbe d’or entouré de Madame, de son fils aîné Jésus, de Hong, le puîné, de leurs épouses et de leurs sœurs en charge de l’ambiance musicale …).
La même année 1847, Hong passe trois mois à Canton pour y recevoir l’enseignement du Rév. Issachar J. Roberts, missionnaire baptiste américain, qu’il quitte sans avoir été baptisé.
Vis-à-vis des autres doctrines, Hong considère bouddhisme et taoïsme comme des inventions du diable symbolisé par le serpent, le catholicisme est assimilé au bouddhisme et objet de la même exécration, le confucianisme, moins mauvais, est accusé d’avoir abusé les hommes et de justifier l’oppression.
(*) ‘’Ode de la doctrine du salut du monde’’, ‘’Canon de la raison originelle’’, ‘’Dissertation sincère pour exhorter le monde’’, L’ode des cent vérités’’, Amendons ce qui est corrompu et tournons-nous vers ce qui est correct’’…