Je ne peux m'empêcher de réagir sur quelques points, car vous faites preuve d'une grande précision (même remarquable honnêtement) sur certains points mais étrangement en oubliez d'autres:

-La Russie ne s'est pas pris une mandale, elle a perdu la guerre mais ce fut un résultat très contrasté: plus de Japonais que de Russes sont mort durant cette guerre. Je pense que ça témoigne bien d'un fait social que vous éclipsez trop dans vos explications: la tenacité extrême des Japonais. C'est beaucoup le cas en Asie de l'Est en général (Chine, Corée...), mais surtout au Japon, ça n'a pas que de bons cotés ceci dit, mais là en l'occurence ça a aidé trouver l'intelligence et la volonté de construire une puissance en un temps record, et à gagner cette guerre.

-Vous sous-estimez la civilisation Japonaise "basique" qui fut découverte par les européens pour la première fois. On dit souvent que les européens méprisaient les autres civilisations qu'ils découvraient mais c'est totalement faux! Le Japon (comme probablement la Chine et certains autres) a imposé le respect dès sa découverte, certains auteurs n'hésitant pas à dire que non seulement ils se distinguaient en Asie, mais aussi sur pas mal de points par rapport aux société européennes (et à cette époque j'ai du mal à penser à de la demago, puis -plus tard- pensez aussi à la vague du "Japonisme" qui sévira durant les Lumières, madame de Pompadour avait un service à Saké! même si il n'est pas authentifié qu'elle en buvait).
En fait, je pense que les gens font souvent l'erreur d'associer exagéremment l'avancée d'une civilisation avec des édifices architecturaux (si si je vous jure, au pire son urbanisme général on va dire), ses "paillettes" en terme de savoir-faire en somme, ce qui explique par exemple en partie qu'on considère la dernière partie du moyen-âge (1100-1450 environ) en europe comme soit-disant obscure alors que l'on avait une civilisation à mon sens bien plus "mature" que les Romains! En ce qui concerne les Japonais donc, du fait des soucis inhérents à leur zone géographique (tremblements de terre) et du peu de ressources naturelles dispo, ils n'avaient peut-être pas de muraille de chine, mais ils ce sont tout de suite fait remarquer de part leur raffinement extrême et leur capacité à optimiser les ressources dont ils disposaient. Pour donner un exemple, quand les occidentaux se mouchaient dans leur manches, les Japonais utilisaient des mouchoirs en papier jetable.
Vous allez me dire, c'est bien beau tout ça, mais par rapport au sujet initial où je veux en venir? Tout simplement au fait que le travail des métaux faisait aussi partie de ces capacités extrêmement développées chez les japonais, et qu'à peine 40ans après l'arrivée des occidentaux (si je ne me trompe pas), ils avaient déjà tellement maîtrisé la technique de fabrication des armes à feu que l'arquebuse (ou un type de fusil de cette époque je sais plus) était plus commune au Japon que dans n'importe quel pays d'europe, du fait de la population japonaise bien plus élevée par exemple que celle de la france.
D'entrée, je pense donc que coloniser le Japon s'est vite révélé mission impossible, à moins de moyens vraiment conséquents.

-Quand le Japon s'est ouvert aux techniques occidentales, je pense que quoi qu'on en dise il y a eu ce que certains appellent péjorativement "colonisation culturelle" du Japon. Regardez le changement radical des uniformes, les moustaches :], c'est juste évident quoi!
C'est un fait, après être sorti de leur isolationnisme les Japonais étaient admiratifs des occidentaux, et voulaient aussi vite que possible profiter de cette technologie, pour plus tard qui sait y poser leur propre pierre. Il me semble même que dans cette course à "l'efficacité", un membre du gouvernement, voyant qu'au sortir d'Edo le Japon était linguistiquement très divisé, a proposé d'adopter l'anglais en tant que langue de l'état! L'idée n'a naturellement pas eu beaucoup de succès, mais c'est dire la mentalité de cette époque, un changement radical de paysage dans une société qui n'a à ma connaissance pas d'équivalent.
Les Japonais, bien conscient qu'avant de devenir à leur tour des maîtres ils ont été enseignés, n'ont pas oublié les européens qui sont venus partager leur savoir, qui aujourd'hui pour la plupart enseignés dans les écoles et qui disposent même de monuments commémoratifs dans un peu tout le Japon.
Par exemple le français Emile Bertin, père de la marine Japonaise, et qui sera en majorité responsable pour la victoire sur la Chine en 1894, a son propre buste en plusieurs endroits.

-cette "invasion" culturelle, qui je nommerais "assimilation culturelle" pour ma part, n'a pour moi pas été forcément un mal, car comme précisé sur ce topic ce peuple à la capacité de s'approprier une matière même étrangère et d'en créer une chose avec une saveur nouvelle. Je dois admettre qu'au travers de leur relativement réçente diffusion culturelle, j'ai été impressionné de voir que jamais je n'avais trouvé les styles sombres et gothiques européens, le style rococo etc... et j'en passe aussi attractifs que passés entre les mains de japonais, allez comprendre pourquoi... la grande classe quoi.

Bonjour



je ne désire pas ergoter, mais les troupes mongoles ont, les deux fois, réussi à débarquer. Lors de la deuxième tentative, les Japonais ne se sont pas contenté d'attendre le typhon sauveur.

En 1274, une escadre appareille, et investit l’Île de Tsushima, dont les envahisseurs chassent la modeste garnison nippone. Le 19 Novembre 1274, la flotte mongole de 900 bateaux et 44.000 soldats et marins débarque bientôt dans la baie de Hakata, sur la côte septentrionale de Kyushu.
Le corps expéditionnaire est composé aux trois quarts de supplétifs coréens et chinois peu suspects de zèle.

Dans un premier temps, les troupes de Khoubilaï sèment la terreur dans les rangs des samouraïs, qui essuient de lourdes pertes sous la grêle de flèches acérées et les projectiles explosifs à base de poudre noire déversés par les trébuchets embarqués sur les navires.

Les guerriers Nippons, qui se font un devoir de décliner leur pedigree préalablement aux combats singuliers, se heurtent à la formidable expérience militaire des Mongols.
Selon Stephen Turnbull (2), ces derniers établissent une tête de pont après avoir repoussé les défenseurs à l’intérieur des terres. C’est au terme de ce succès prometteur que les envahisseurs commettent une erreur lourde de conséquences : Au crépuscule, plutôt que de camper sur la rive, ils regagnent leur flotte, se plaçant à la merci de la tempête qui se lève.


En 1281, deux immenses armadas, que les chroniques prétendent fortes en tout de près d’un millier et demi de bateaux, prennent la mer, emportant à leur bord 45 000 mongols et 120 000 auxiliaires sous le commandement du général Arakhan.
Dans l’intervalle, le régent Hôjô a pris des dispositions visant à prémunir l’archipel d’une nouvelle invasion. Les plages les plus vulnérables sont désormais ceintes d’un rempart de pierres adossé à un remblais, le genkôrobi, tandis que les gouverneurs des provinces littorales sont tenus de parer à toute éventualité.

Cette fois, l’envahisseur est attendu de pied ferme. Les retards et conditions climatiques interdisent aux deux contingents d’opérer la jonction initialement prévue avant l’assaut.
C’est donc en ordre dispersé que les Mongols et leurs alliés touchent terre, à Hakata de nouveau ainsi qu’en plusieurs autres lieux des côtes de Kyushu, tous le théâtre d’escarmouches sanglantes.
Les samouraïs, qui ont tiré les enseignements de la précédente tentative, s’efforcent d’empêcher le débarquement en masse des assaillants.

Depuis leurs frêles esquifs, les guerriers japonais se ruent à l’attaque des jonques ventrues, engageant ici des féroces corps à corps, encourageant là une mutinerie des équipages coréens ou chinois.

La nuit venue, ils projettent des brûlots contre les navires ennemis, que les Mongols ont eu le tort d’arrimer à l’aide de lourdes chaînes, favorisant ainsi la propagation de l’incendie.

Les envahisseurs sont bientôt contraints de gagner l’îlot de Shima, relié au rivage par un isthme étroit où la bataille fait rage.
De toute part, les combattants nippons luttent sans merci, rivalisant de bravoure et de ruse, comme en témoigne le fait d’armes d’un certain Kono Michiari, qui réussit l’exploit de capturer un capitaine mongol leurré par une feinte reddition, après avoir abordé son vaisseau.

Au soir du 15 août, un second typhon frappe les côtes Nord de l’archipel. Durant deux jours, les vents en furie dévastent les escadres mongoles mouillées dans les baies. Le célèbre Kamikaze, dont se réclameront bien des siècles plus tard les pilotes suicidaires de la Seconde Guerre Mondiale ; le « Vent des dieux » appelé de leurs vœux par tous les temples du pays, s’est levé pour abattre les téméraires envahisseurs.

Le déluge s’achève sur une véritable hécatombe dans les rangs du corps expéditionnaire, dont le gros des forces est resté agglutiné sur le pont des bâtiments, lesquels sont fréquemment des embarcations à faible tyran d’eau vouées au commerce fluvial, que la forte houle fait chavirer sans peine.

Extrait d'un article d'Ujisato sur notre site.

Bien à vous.

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Hugues de Hador.