Alain.g a écrit :
En fait, les deux mouvements vers la Sibérie de la Russie et de la Chine sont historiquement de faible intensité jusqu'à une période récente. On peut ajouter que la poussée russe a été la première, ce qui a certainement amené la Chine à se résigner quand elle a su que la Russie avançait vers le Pacifique. il est probable qu'elle n'a pas été consciente de ce que signifiait la conquête russe de cet immense territoire presque vide. Quand a t-elle compris le phénomène et ses conséquences possibles géopolitiques sur le nord de la Chine ?
Ma thèse est qu'elle l'a compris très tard et trop tard pour réagir.
Tout est la, quand la Chine comprend, son problème est ailleurs, elle doit faire face à l'arrivée en force des étrangers de l'Occdient sur son flanc sud-est, et il s'agit d'une menace directe sur sa souveraineté, l'objectif est de la coloniser.
La Chine n'a donc pas eu le choix d'avancer en Sibérie, la place était prise et elle devait en urgence faire face à un problème de survie. La Russie va donc continuer à avancer et après la province de l'Amour, bientôt demander la Mandchourie, en concurrence avec le Japon.
Ce serait oublier bien vite que quand la Russie commence son expansion vers l'Est, des dizaines de milliers de kilomètres séparent celle-ci de la Chine. L'axe d'expansion de la Chine n'est pas vers la Sibérie. Elle préfère aller vers le Sud, vers le Tibet, vers la Corée ou vers le Japon. En fait, comme la plupart des conquérants, elle se retrouve face à 2 choix :
- des espaces inoccupés qu'il faut valoriser;
- des espaces valorisés par les habitants contemporains et qu'on va, soit chasser, soit soumettre. Pour un pays soit-disant "pas-belliqueux", les chinois choisissent souvent cette seconde option.
Or, la Sibérie est un grand espace peu peuplé. Ce vide gigantesque va attirer les russes, dont la société est plus adaptée à ces conditions. Les chinois ont une société qui n'est pas faite pour les grands espaces, mais pour les zones populeuses qui ont une agriculture développée.
Les chinois ne se résignent pas, ils ne sont pas intéressés par un pays dont ils méprisent les faibles ressources. Je vais me permettre de passer quelques instants de ce coté de la limite chronologique. Actuellement la donne change et la Chine investi dans l'Asie sibérienne en achetant des terres qui vont permettre de produire avec les changements liés au réchauffement climatique. Mais, c'est quelque chose de nouveau et qui recouvre un changement de mentalité qui a lieu actuellement. Dans le passé, la Chine ne se sentait pas intéressé par ces espaces peuplés de barbares.
En fait, si on s'intéresse aux détails des divers épisodes de conquêtes chinoises, on se rend compte que souvent la société qui va être englobée se "sinise" en amont de son englobement dans la Chine. C'est le cas en Corée ou au Japon. Pendant certaines périodes, le Japon, ou la Corée développe des liens avec la Chine. Souvent des liens commerciaux, doublés ensuite par un tropisme culturel. Ces pays se mettent à copier la culture chinoise qui leur parait plus en avance que la leur. Ce n'est que lorsqu'ils appariassent comme "sinisé" que l'intérêt des chinois se réveille et qu'ils tentent de s'en emparer. Pas avant.