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Message Publié : 21 Jan 2014 0:35 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Bonjour,

Je suis tombé par hasard sur ceci : http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 0_2_279369.

Il s'agit d'une relation des premières visites de l'empereur dans le pays au début de l'ère Meiji.
L'attitude de la population variait selon les lieux.

En certains lieux, la population se prosternait, recueillait de la terre foulée par l'empereur, touchait ce qu'il avait touché, etc dans la croyance que ce serait gage de prospérité. On pourrait en déduire que, pour ces gens, l'empereur était un demi-dieu. Mais on précise qu'une telle attitude était observée aussi lors de la venue d'autres personnages importants.

En d'autres lieux, la population se montrait indifférente.

Le but de montrer l'empereur était, derrière sa personne, d'assoir la légitimité du nouveau régime.

Quel enseignement tirer de cette relation ? L'empereur était-il un symbole important pour la population japonaise avant Meiji ?


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Message Publié : 21 Jan 2014 11:26 
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Barbetorte a écrit :
L'empereur était-il un symbole important pour la population japonaise avant Meiji ?

Oui, bien sûr, l'empereur était une figure importante du système politique et social mais je vous renvoie aux remarques de Yoshima dans le texte que vous proposez (pp. 344-345) sur la transition entre un empereur personnifié comme le chef religieux sous l'ère Bunkyû à un empereur personnifié comme le chef politique de la nation nippone sous l'ère Meji.

Le transfert de la capitale d'un centre religieux (Kyôto et la société du Kinai) à un centre politique (Tokyo) illustre cette volonté de l'Empereur Meji de renverser la pyramide des pouvoirs et de refonder la conception populaire de l'empereur.

_________________
« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)


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Message Publié : 21 Jan 2014 12:49 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Barbetorte a écrit :
Quel enseignement tirer de cette relation ?
Du texte à commenter émerge, au delà du sujet précis de l'empereur et du regard du peuple, le sentiment de la difficulté du Japon à assumer ses contradictions. Des contradictions entre la préservation de ses traditions et une adaptation à l'occident jugée nécessaire à plusieurs étapes de sa vie et de la découverte de sa faiblesse. Si la manière de donner à l'empereur sa place dans la société a changé, par contre l'évolution pour s'occidentaliser n'a cessé de progresser, pas seulement dans le vêtement comme au temps du Meiji.
Mais toujours, demeure au Japon moderne un souci de concilier progrès et tradition selon une voie particulière, unique.
Il en est ainsi pour l'évolution de la place de l'empereur. Elle sera de plus en plus symbolique après la défaite de 1945. L'empereur invisible du peuple avant la guerre, se révèle brusquement lors du célèbre discours radiodiffusé qui annonce la reddition. Un choc considérable. Depuis lors, il semble intégré au paysage médiatique, symbole du Japon ancien.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 21 Jan 2014 15:46 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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La place que l'empereur occupe actuellement dans la société est celle qu'on lui a donnée durant l'ère Meiji. La prégnance du symbole a culminé lorsque les kamikaze fonçaient sur les navires américains en s'écriant Bansaï Tennô. Elle a bien décru depuis, mais, fondamentalement, c'est toujours le même symbole. Qu'en était-il avant l'ère Meiji ?
Un symbole national n'a de consistance que par le regard populaire qu'on porte sur lui. D'où ma question sur ce que peut révéler ce que relate Yoshima des voyages du jeune empereur Mutsuhito.


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Message Publié : 21 Jan 2014 15:59 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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Barbetorte a écrit :
La place que l'empereur occupe actuellement dans la société est celle qu'on lui a donnée durant l'ère Meiji. La prégnance du symbole a culminé lorsque les kamikaze fonçaient sur les navires américains en s'écriant Bansaï Tennô. Elle a bien décru depuis, mais, fondamentalement, c'est toujours le même symbole. Qu'en était-il avant l'ère Meiji ?
Un symbole national n'a de consistance que par le regard populaire qu'on porte sur lui. D'où ma question sur ce que peut révéler ce que relate Yoshima des voyages du jeune empereur Mutsuhito.

Désolé de vous contredire mais vous énoncez une contre-vérité: avant Meiji, l'empereur est reclus à Kyoto mais le gouvernement (le Bakufu) est à Edo, et est tenu par le clan Tokugawa. L'empereur n' a donc qu'un rôle d'apparat. Avec Meiji, l'empereur est rétabli dans toutes ses fonctions (par des factions qui sont favorables au retour à l'ordre ancien: le mouvement Joï) et chasse le Bakufu pour exercer le pouvoir. Il garde bien sûr son statut divin, statut qu'il perd sur ordre des Américains en 1945. Avec la perte de son statut divin et de l'exercice du pouvoir, l'empereur reprend le rôle qui était le sien (bien qu'encore diminué) avant Meiji. A vrai dire il n'y a qu'entre Meiji et 1945 que l'empereur a pu exercer le pouvoir, ni avant, ni après. Sa place actuelle n'est donc pas celle que lui a donné Meiji.


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Message Publié : 21 Jan 2014 22:33 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
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cush a écrit :
avant Meiji, l'empereur est reclus à Kyoto mais le gouvernement (le Bakufu) est à Edo, et est tenu par le clan Tokugawa. L'empereur n' a donc qu'un rôle d'apparat.
C'est justement parce qu'il n'exerçait aucun pouvoir qu'il y a lieu de se demander non seulement quelle était alors sa fonction mais encore comment il était perçu par le peuple.

cush a écrit :
Avec Meiji, l'empereur est rétabli dans toutes ses fonctions (par des factions qui sont favorables au retour à l'ordre ancien: le mouvement Joï) et chasse le Bakufu pour exercer le pouvoir.
Les institutions mises en place après la chute du bakufu sont officiellement une restauration. Dans la réalité, il s'agit d'un régime moderne (pour l'époque et en fonction du contexte), inspiré par la monarchie constitutionnelle prussienne, puisant sa légitimité dans l'allégation d'une continuité historique avec une antiquité idéalisée. Derrière cette apparence formelle, la réalité du pouvoir appartient à des conseillers, les genrô, rassemblant les représentants des factions politiques dominantes. Dans cet appareil où l'officieux prévaut, l'empereur règne sans gouverner. Son rôle est essentiellement symbolique comme le veut la tradition depuis des siècles : le dernier empereur ayant eu des velléités de gouverner personnellement a été déposé en 1332. Conformément à cette vieille tradition qui impose l'inaction à l'empereur, l'empereur Shôwa n'a jamais fait acte d'autorité, sauf en trois occasions : en 1924 pour le choix de son épouse (cela relevait avant tout de sa vie personnelle), en 1936 en condamnant une tentative de putsch commise en son nom (c'eût été une sorte de retour au bakufu), en 1945 en ordonnant la capitulation (le conseil s'en était remis à la sagesse de l'empereur).

cush a écrit :
Il garde bien sûr son statut divin, statut qu'il perd sur ordre des Américains en 1945.
Dans le shinto, une sorte d'animisme épuré plus ou moins marqué par le bouddhisme, religion sans dieu, le statut divin de l'empereur est difficile à cerner. Peut-être faut-il y voir un medium entre la nation et les forces invisibles. L'intervention des Américains peut paraître puérile, car on n'abroge pas par décret une sensibilité de nature religieuse. Il s'agissait en fait d'abolir le shintoïsme d'Etat, instrument d'un nationalisme fanatique. De fait, le Japon est devenu un Etat officiellement laïc. Pour autant, on se garderait bien de faire passer une ligne de métro sous le palais impérial, quoi que puissent penser les Américains de la déesse Amaterasu et de sa descendance.

cush a écrit :
Avec la perte de son statut divin et de l'exercice du pouvoir, l'empereur reprend le rôle qui était le sien (bien qu'encore diminué) avant Meiji. A vrai dire il n'y a qu'entre Meiji et 1945 que l'empereur a pu exercer le pouvoir, ni avant, ni après. Sa place actuelle n'est donc pas celle que lui a donné Meiji.
N'ayant jamais été réellement un dieu tout en n'ayant jamais cessé d'être ressenti comme une sorte de lare à la dimension nationale, et, quoiqu'il en soit, symbole continuant à régner sans gouverner, l'empereur a conservé le même statut du début de l'ère Meiji jusqu'à aujourd'hui, le changement constitutionnel après la deuxième guerre mondiale n'ayant été, en ce qui concerne son statut officiel, que purement formel.


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Message Publié : 21 Jan 2014 23:00 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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Barbetorte a écrit :
cush a écrit :
avant Meiji, l'empereur est reclus à Kyoto mais le gouvernement (le Bakufu) est à Edo, et est tenu par le clan Tokugawa. L'empereur n' a donc qu'un rôle d'apparat.
C'est justement parce qu'il n'exerçait aucun pouvoir qu'il y a lieu de se demander non seulement quelle était alors sa fonction mais encore comment il était perçu par le peuple.

Pour ce qui est de sa fonction, il est la personnification de la nation et cela se suffit à soi-même. La question de sa perception par le peuple est effectivement intéressante et si vous avez des sources (je n'en ai malheureusement pas)...

cush a écrit :
Avec Meiji, l'empereur est rétabli dans toutes ses fonctions (par des factions qui sont favorables au retour à l'ordre ancien: le mouvement Joï) et chasse le Bakufu pour exercer le pouvoir.
Les institutions mises en place après la chute du bakufu sont officiellement une restauration. Dans la réalité, il s'agit d'un régime moderne (pour l'époque et en fonction du contexte), inspiré par la monarchie constitutionnelle prussienne, puisant sa légitimité dans l'allégation d'une continuité historique avec une antiquité idéalisée. Derrière cette apparence formelle, la réalité du pouvoir appartient à des conseillers, les genrô, rassemblant les représentants des factions politiques dominantes. Dans cet appareil où l'officieux prévaut, l'empereur règne sans gouverner. Son rôle est essentiellement symbolique comme le veut la tradition depuis des siècles : le dernier empereur ayant eu des velléités de gouverner personnellement a été déposé en 1332. Conformément à cette vieille tradition qui impose l'inaction à l'empereur, l'empereur Shôwa n'a jamais fait acte d'autorité, sauf en trois occasions : en 1924 pour le choix de son épouse (cela relevait avant tout de sa vie personnelle), en 1936 en condamnant une tentative de putsch commise en son nom (c'eût été une sorte de retour au bakufu), en 1945 en ordonnant la capitulation (le conseil s'en était remis à la sagesse de l'empereur).[/quote]
Les deux faits que vous citez (condamnation de la tentative de putsh commise en son nom et allocution radiodiffusée pour la cessation des hostilités) montrent bien qu'il peut effectivement exercer le pouvoir. Qu'il ne le fasse pas par faiblesse duplicité ou autre reste à débattre mais lorsqu'il le veut, il dispose des soutiens nécessaire à l'exercice de son pouvoir.

cush a écrit :
Il garde bien sûr son statut divin, statut qu'il perd sur ordre des Américains en 1945.
Dans le shinto, une sorte d'animisme épuré plus ou moins marqué par le bouddhisme, religion sans dieu, le statut divin de l'empereur est difficile à cerner. Peut-être faut-il y voir un medium entre la nation et les forces invisibles. L'intervention des Américains peut paraître puérile, car on n'abroge pas par décret une sensibilité de nature religieuse. Il s'agissait en fait d'abolir le shintoïsme d'Etat, instrument d'un nationalisme fanatique. De fait, le Japon est devenu un Etat officiellement laïc. Pour autant, on se garderait bien de faire passer une ligne de métro sous le palais impérial, quoi que puissent penser les Américains de la déesse Amaterasu et de sa descendance.[/quote]
Je ne trouve pas le geste insignifiant. Les Américains sacrifient le dieu mais sauve l'homme et préserve par la même l'unité du pays. C'est au contraire de la grande politique et de la belle diplomatie.

cush a écrit :
Avec la perte de son statut divin et de l'exercice du pouvoir, l'empereur reprend le rôle qui était le sien (bien qu'encore diminué) avant Meiji. A vrai dire il n'y a qu'entre Meiji et 1945 que l'empereur a pu exercer le pouvoir, ni avant, ni après. Sa place actuelle n'est donc pas celle que lui a donné Meiji.
N'ayant jamais été réellement un dieu tout en n'ayant jamais cessé d'être ressenti comme une sorte de lare à la dimension nationale, et, quoiqu'il en soit, symbole continuant à régner sans gouverner, l'empereur a conservé le même statut du début de l'ère Meiji jusqu'à aujourd'hui, le changement constitutionnel après la deuxième guerre mondiale n'ayant été, en ce qui concerne son statut officiel, que purement formel.[/quote]
Qu'il ait été dieu ou non est affaire de croyance et j'évite de rentrer dans le débat (même si j'ai mon avis sur la question lol ) mais le symbole était lui très réel. C'est dans le sens où il n'a plus aujourd'hui aucun pouvoir politique (il se placerait lui même dans l'illégalité en intervenant dans les affaires du pays) que son rôle et son statut sont très différent de ceux qu'il a eu jusqu'en 1945.


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Message Publié : 22 Jan 2014 0:09 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
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cush a écrit :
Pour ce qui est de sa fonction, il est la personnification de la nation et cela se suffit à soi-même.
Quand vous avez entendu une personnalité comme Michel Vié réfléchir encore sur cette question au bout de trente ans d'études sur l'histoire du Japon, vous ne vous contentez pas de cette formule lapidaire.

cush a écrit :
La question de sa perception par le peuple est effectivement intéressante et si vous avez des sources (je n'en ai malheureusement pas)...
A part le texte dont j'ai fourni le lien, non, c'est d'ailleurs pour cela que je pose la question.


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Message Publié : 22 Jan 2014 10:13 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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Barbetorte a écrit :
cush a écrit :
Pour ce qui est de sa fonction, il est la personnification de la nation et cela se suffit à soi-même.
Quand vous avez entendu une personnalité comme Michel Vié réfléchir encore sur cette question au bout de trente ans d'études sur l'histoire du Japon, vous ne vous contentez pas de cette formule lapidaire.


Bien sûr mais disons que tout un chacun peut intuitivement saisir le rôle symbolique que tient l'empereur d'un pays morcelé géographiquement et en proie à d'incessantes luttes de clans. De même, je crois que la déification de sa personne n'est absolument pas anecdotique: elle répond au besoin d'un pouvoir suprême et destructeur en même temps qu'elle le réduit à l'impuissance. Je m'interroge davantage sur le rôle et l'attitude des empereur qui se sont succédés de Meiji à 1945 (et donc sur les stratégies mises en place consciemment ou non pour répondre à l'irruption de la modernité), et en particulier sur l'ère Showa où contrairement à vous, je pense que l'empereur était proche d'une "émancipation" qui lui aurait permis (pour la première fois depuis le XIIIeme) d'exercer un pouvoir réel.


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Message Publié : 22 Jan 2014 11:39 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
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L'empereur en tant que symbole national et sa déification répondent-ils à une nécessité ? Pour prétendre y répondre, il faut être à la fois historien et sociologue et je m'en garderais bien, sauf à citer des chercheurs reconnus dans la communauté scientifique. Je crois cependant qu'il faut éviter de trop rationaliser.

Quant à l'époque récente, y a-t-il eu quelque tendance vers un exercice personnel du pouvoir par l'empereur ? Peut-être. Mais par quoi étayez-vous cette idée ?


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Message Publié : 03 Fév 2014 11:30 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 13 Juil 2012 22:33
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Bonjour Barbetorte,

Différents éléments laissent effectivement à penser que l'institution impériale telle qu'on la connaît aujourd'hui soit une création récente et que la population japonaise de 1868, si elle connaissait effectivement l'existence du shôgunat, n'avait dans sa grande majorité jamais entendu parler de la maison impériale. Garol Gluck dans son étude sur l'idéologie de la fin de Meiji produit notamment le témoignage d'aristocrates qui indiquent en 1872 (donc quatre ans après la "restauration") que "in Tokugawa times only the shogunate was known to the realm and people were unaware that the imperial house existed. …Even now that the realm is at least secured, the imperial will is as yet unknown in the remote and distant parts." (Japan's Modern Myths. Ideology in the Late Meiji Period, Princeton University Press, 1985, p. 74). Gluck s'appuie sur le Meiji tennô-ki 明治天皇紀 ("Chroniques de l'empereur Meiji"), compilé au début de Taishô et source de première main pour tout historien travaillant sur la période.
Ce témoignage va dans le sens de ce que Yoshimi avance, à savoir que les populations conviées à voir passer le cortège impérial ne réagissaient au départ pas différemment que lorsqu'elles voyaient durant la période Edo passer le cortège d'un seigneur d'un certain rang.

Concernant la nature "symbolique" de l'empereur, vous faites bien de souligner que ce sont les forces d'occupation qui ont imposé cette évolution au lendemain de la défaite de 1945, et que cette nature "symbolique" est en réalité beaucoup plus complexe qu'elle n'y paraît. D'une part parce que l'empereur a à certains moments exercé une influence directe sur la vie politique du pays (en 1946 c'est lui qui, via ses conseillers, tente de négocier un traité de paix avec les forces d'occupation, traité dont les grandes lignes seront conservées à San Francisco en 1951), et d'autre part parce que sa simple existence a fédéré (et continue de fédérer) les forces conservatrices et d'extrême droite de l'archipel. Le partie au pouvoir, dans son projet de révision de la constitution de 1947, prévoit notamment de modifier l'article 1 pour refaire du tennô le "Chef de l'Etat" (元首), ce qui serait un retour partiel à la constitution de 1889...

Bonne journée.


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Message Publié : 03 Fév 2014 21:14 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
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Merci beaucoup ProKino. Je vais lire Carol Gluck.

On m'a raconté que dans les dernières années de la période d'Edo, on a plongé des représentants de puissances occidentales dans un abîme de perplexité en leur répondant qu'il fallait consulter l'empereur. Pour eux, il n'y avait pas d'autre souverain que le shogun.


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Message Publié : 04 Fév 2014 9:21 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
Message(s) : 1903
Localisation : village des Pyrénées
je suis admiratif de votre connaissance du Japon, je vous lis et je m'instruis.
Juste une question technique : comment faites-vous pour écrire ça ici ?
Citer :
明治天皇紀

_________________
"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)


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Message Publié : 04 Fév 2014 15:36 
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Polybe
Polybe
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Inscription : 01 Fév 2014 12:31
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Localisation : Lyon
Pour répondre à la dernière question, j'utilise le clavier lexilogos pour écrire en japonais :

http://www.lexilogos.com/clavier/nihongo.php.

Et au pire, tu peux tout simplement faire un copier/coller.


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Message Publié : 04 Fév 2014 16:44 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 13 Juil 2012 22:33
Message(s) : 4
Bonjour Dédé,

Dans mon cas j'utilise un ordinateur acheté au Japon : il me suffit de simplement "switcher" entre la saisie japonaise et française (que j'ai installée par la suite).

Cette manip' est également possible sur un ordinateur acheté en France. Il faut pour cela ajouter un mode de saisie japonais dans les options de langues (sous windows en tout cas).

Bien cordialement.


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