Barbetorte a écrit :
cush a écrit :
avant Meiji, l'empereur est reclus à Kyoto mais le gouvernement (le Bakufu) est à Edo, et est tenu par le clan Tokugawa. L'empereur n' a donc qu'un rôle d'apparat.
C'est justement parce qu'il n'exerçait aucun pouvoir qu'il y a lieu de se demander non seulement quelle était alors sa fonction mais encore comment il était perçu par le peuple.
Pour ce qui est de sa fonction, il est la personnification de la nation et cela se suffit à soi-même. La question de sa perception par le peuple est effectivement intéressante et si vous avez des sources (je n'en ai malheureusement pas)...
cush a écrit :
Avec Meiji, l'empereur est rétabli dans toutes ses fonctions (par des factions qui sont favorables au retour à l'ordre ancien: le mouvement Joï) et chasse le Bakufu pour exercer le pouvoir.
Les institutions mises en place après la chute du bakufu sont officiellement une restauration. Dans la réalité, il s'agit d'un régime moderne (pour l'époque et en fonction du contexte), inspiré par la monarchie constitutionnelle prussienne, puisant sa légitimité dans l'allégation d'une continuité historique avec une antiquité idéalisée. Derrière cette apparence formelle, la réalité du pouvoir appartient à des conseillers, les genrô, rassemblant les représentants des factions politiques dominantes. Dans cet appareil où l'officieux prévaut, l'empereur règne sans gouverner. Son rôle est essentiellement symbolique comme le veut la tradition depuis des siècles : le dernier empereur ayant eu des velléités de gouverner personnellement a été déposé en 1332. Conformément à cette vieille tradition qui impose l'inaction à l'empereur, l'empereur Shôwa n'a jamais fait acte d'autorité, sauf en trois occasions : en 1924 pour le choix de son épouse (cela relevait avant tout de sa vie personnelle), en 1936 en condamnant une tentative de putsch commise en son nom (c'eût été une sorte de retour au bakufu), en 1945 en ordonnant la capitulation (le conseil s'en était remis à la sagesse de l'empereur).[/quote]
Les deux faits que vous citez (condamnation de la tentative de putsh commise en son nom et allocution radiodiffusée pour la cessation des hostilités) montrent bien qu'il peut effectivement exercer le pouvoir. Qu'il ne le fasse pas par faiblesse duplicité ou autre reste à débattre mais lorsqu'il le veut, il dispose des soutiens nécessaire à l'exercice de son pouvoir.
cush a écrit :
Il garde bien sûr son statut divin, statut qu'il perd sur ordre des Américains en 1945.
Dans le shinto, une sorte d'animisme épuré plus ou moins marqué par le bouddhisme, religion sans dieu, le statut divin de l'empereur est difficile à cerner. Peut-être faut-il y voir un medium entre la nation et les forces invisibles. L'intervention des Américains peut paraître puérile, car on n'abroge pas par décret une sensibilité de nature religieuse. Il s'agissait en fait d'abolir le shintoïsme d'Etat, instrument d'un nationalisme fanatique. De fait, le Japon est devenu un Etat officiellement laïc. Pour autant, on se garderait bien de faire passer une ligne de métro sous le palais impérial, quoi que puissent penser les Américains de la déesse Amaterasu et de sa descendance.[/quote]
Je ne trouve pas le geste insignifiant. Les Américains sacrifient le dieu mais sauve l'homme et préserve par la même l'unité du pays. C'est au contraire de la grande politique et de la belle diplomatie.
cush a écrit :
Avec la perte de son statut divin et de l'exercice du pouvoir, l'empereur reprend le rôle qui était le sien (bien qu'encore diminué) avant Meiji. A vrai dire il n'y a qu'entre Meiji et 1945 que l'empereur a pu exercer le pouvoir, ni avant, ni après. Sa place actuelle n'est donc pas celle que lui a donné Meiji.
N'ayant jamais été réellement un dieu tout en n'ayant jamais cessé d'être ressenti comme une sorte de lare à la dimension nationale, et, quoiqu'il en soit, symbole continuant à régner sans gouverner, l'empereur a conservé le même statut du début de l'ère Meiji jusqu'à aujourd'hui, le changement constitutionnel après la deuxième guerre mondiale n'ayant été, en ce qui concerne son statut officiel, que purement formel.[/quote]
Qu'il ait été dieu ou non est affaire de croyance et j'évite de rentrer dans le débat (même si j'ai mon avis sur la question
) mais le symbole était lui très réel. C'est dans le sens où il n'a plus aujourd'hui aucun pouvoir politique (il se placerait lui même dans l'illégalité en intervenant dans les affaires du pays) que son rôle et son statut sont très différent de ceux qu'il a eu jusqu'en 1945.