Vestitudo a écrit :
Et donc les comic books ne sont pas forcément réputés pour leur historicité. Quand sortira, ces prochaines semaines, le film Thor, adapté de la licence Marvel, je ne pense pas que beaucoup de monde ira lui reprocher de falsifier les récits mythologiques germaniques. Pourtant ce sera le cas.
300 exhibe, dès les premières minutes, une sorte de loup mutant grand comme un boeuf et aux yeux ardents - il me semble que cela suffit à annoncer d'emblée qu'il s'agit d'un film fantastique plutôt qu'historique. Il a déjà bien assez d'éléments susceptibles de lui porter préjudice (ou de plaire, selon le public et l'humeur) du point de vue cinématographique. La critique historique me semble donc peu pertinente ; et a fortiori moins que dans le cas d'Agora, sur lequel vous avez rédigé un papier que je trouve bien plus intéressant.
(Merci pour Agora).
Je ne suis cependant pas d'accord avec vous. Je trouve que la comparaison avec Thor est osée, dans la mesure où il s'agit vous l'avez dit vous-même, d'un récit mythologique, qui en lui-même n'intéresse pas l'étude historique, sauf peut-être dans le rapport qui liait le peuple au mythe.
Or, c'est tout à fait différent pour 300 (et là , je critique autant le Comic que le film), qui reprend des faits historiques avérés (bataille des Thermopyles), qui reprend des personnalités bien connues de l'époque (Léonidas, Xerxès), et des civilisations, modes de pensée (Perse, Grèce, Laconie). Ces événements historiques ont une réalité, un sens, un déroulement précis, des origines précises. Or, ce qu'on a constaté, c'est que, hormis quelques éléments bien retranscrits, les créateurs se sont ici amusés à faire joujou (c'est-à-dire n'importe quoi) avec cette base pourtant essentielle. Ainsi, entendre une critique de la pédérastie de la bouche d'un spartiate (qui n'étaient pas en reste sur le sujet), ou encore voir les éphores transformés en monstres consanguins, ce sont des contre-vérités qui ne font visiblement pas rougir les auteurs de ce carnage.
Je crois personnellement qu'à partir du moment où on se lance dans un film ou autre qui reprend des faits historiques on passe un contrat avec l'Histoire (ou en tout cas on devrait). Juste ne pas faire n'importe quoi.
Je ne comprends pas très bien cette attitude qui consiste à dire: on va prendre une époque et on va y transposer toutes les saloperies de notre univers. Peut-être ne sont-ils pas suffisamment intelligents pour construire leur propre histoire et laisser tranquilles les amoureux de la Grèce Antique.