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Message Publié : 31 Déc 2008 11:38 
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Grégoire de Tours
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Narduccio a écrit :
Marché jugé trop restreint pour une exploitation en salle tout simplement. Là on en parle parce que cela touche un grand cinéaste. Il y a un très grand nombre de films qui ne connaissent jamais de sortie nationale dans les salles et passent directement à la case DVD. On nomme cela du marketing, bienvenu dans le monde moderne.


C'est sur, si le film avait été américain, tourné à Hollywood avec des acteurs américains, cela aurait été plus vendeur pour les producteurs mais là malheureusement c'est un film "européen", qui plus est tourné en Pologne par des acteurs parlant polonais, pas assez vendeur, même si il avait été doublé.


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Message Publié : 31 Déc 2008 13:06 
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Gevaudan a écrit :
Narduccio a écrit :
Marché jugé trop restreint pour une exploitation en salle tout simplement. Là on en parle parce que cela touche un grand cinéaste. Il y a un très grand nombre de films qui ne connaissent jamais de sortie nationale dans les salles et passent directement à la case DVD. On nomme cela du marketing, bienvenu dans le monde moderne.


C'est sur, si le film avait été américain, tourné à Hollywood avec des acteurs américains, cela aurait été plus vendeur pour les producteurs mais là malheureusement c'est un film "européen", qui plus est tourné en Pologne par des acteurs parlant polonais, pas assez vendeur, même si il avait été doublé.


Avez-vous bien lu le lien envoyé par Hélène ? Dans le cas présent, c'est le réalisateur qui a fait le choix de choisir des mauvais distributeurs, simplement parce qu'ils étaient polonais. La demande existait, il a fait un choix, ce choix a coulé son film. S'il avait pris des pros de la distributions, quelque soit leur nationalité, le film se serait vendu et bien vendu. C'est dommage, alors, SVP, n'en rajoutez-pas, ça ne sert à rien de propager des choses qui ne correspondent pas à la réalité !

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 31 Déc 2008 13:20 
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Grégoire de Tours
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Narduccio a écrit :
Avez-vous bien lu le lien envoyé par Hélène ? Dans le cas présent, c'est le réalisateur qui a fait le choix de choisir des mauvais distributeurs, simplement parce qu'ils étaient polonais. La demande existait, il a fait un choix, ce choix a coulé son film. S'il avait pris des pros de la distributions, quelque soit leur nationalité, le film se serait vendu et bien vendu. C'est dommage, alors, SVP, n'en rajoutez-pas, ça ne sert à rien de propager des choses qui ne correspondent pas à la réalité !


Ok, je fais mon méa culpa de n'avoir pas lu complètement le lien d'Hélène. Il n'empêche que le film a reçu un accueil chaleureux dans de nombreux pays. Il va sortir en France et c'est l'essentiel, tant mieux pour nous et espèrons qu'il restera suffisamment longtemps au programme.


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Message Publié : 31 Déc 2008 13:30 
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Gevaudan a écrit :
Narduccio a écrit :
Avez-vous bien lu le lien envoyé par Hélène ? Dans le cas présent, c'est le réalisateur qui a fait le choix de choisir des mauvais distributeurs, simplement parce qu'ils étaient polonais. La demande existait, il a fait un choix, ce choix a coulé son film. S'il avait pris des pros de la distributions, quelque soit leur nationalité, le film se serait vendu et bien vendu. C'est dommage, alors, SVP, n'en rajoutez-pas, ça ne sert à rien de propager des choses qui ne correspondent pas à la réalité !


Ok, je fais mon méa culpa de n'avoir pas lu complètement le lien d'Hélène. Il n'empêche que le film a reçu un accueil chaleureux dans de nombreux pays. Il va sortir en France et c'est l'essentiel, tant mieux pour nous et espèrons qu'il restera suffisamment longtemps au programme.


Le problème, c'est qu'il va sortir dans un petit circuit. Quelques salles sur Paris. De plus, il s'est passé beaucoup de temps depuis la Palme et donc, le bénéfice risque d'en être perdu. Je suis plutôt pessimiste sur la carrière de ce film. C'est dommage et ça me peine que cela vienne d'un mauvais choix fait par quelqu'un que j'apprécie. A vouloir en faire une histoire purement polonaise ...

Il aurait pu quand même choisir de bons distributeurs et avoir des prétentions moins élevées. Parce que son film peut enraciner une vision juste de l'histoire dans l'inconscient collectif. Souvent, par choix artistique, de nombreux cinéastes travaillent contre la vérité historique. Là, c'était l'inverse. Dommage ...

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Message Publié : 31 Déc 2008 14:07 
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Grégoire de Tours
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Narduccio a écrit :
Le problème, c'est qu'il va sortir dans un petit circuit. Quelques salles sur Paris. De plus, il s'est passé beaucoup de temps depuis la Palme et donc, le bénéfice risque d'en être perdu. Je suis plutôt pessimiste sur la carrière de ce film. C'est dommage et ça me peine que cela vienne d'un mauvais choix fait par quelqu'un que j'apprécie. A vouloir en faire une histoire purement polonaise ...

Il aurait pu quand même choisir de bons distributeurs et avoir des prétentions moins élevées. Parce que son film peut enraciner une vision juste de l'histoire dans l'inconscient collectif. Souvent, par choix artistique, de nombreux cinéastes travaillent contre la vérité historique. Là, c'était l'inverse. Dommage ...


Oui mais que voulez vous Narduccio, Andrezj Wajda est un homme d'une autre époque où les notions d'argent, de négociation ou de commerce n'avaient pas la même valeur qu'aujourd'hui. Pas étonnant qu'il ait cherché à rattrapper le temps perdu.


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Message Publié : 02 Jan 2009 1:22 
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Plutarque
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Ce film passe actuellement sur canal plus: il y aura encore des diffusions........dire que toute ma jeunesse on me "rabachait" les oreilles sur ce massacre ignoble des allemands >:)

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Que vaut-il mieux? S'asseoir dans une taverne, puis faire son examen de conscience, ou se prosterner dans une mosquée, l'âme close?
. Hakim Omar Khayyam (1048-1122)


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Message Publié : 18 Mars 2009 15:12 
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Grégoire de Tours
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(Non, ce n'est pas un poisson d'avril)
D'après le mensuel L'Histoire, il va sortir dans les salles le 1er avril...

Un avant-première avec un débat est organisée par ce magazine à Paris

http://www.histoire.presse.fr/content/r ... le?id=7534


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Message Publié : 01 Avr 2009 15:55 
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Eginhard
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C'est fait : le film est sorti aujourd'hui dans .........11 salles (dont 3 à Paris ).
http://www.allocine.fr/seance/film_gen_ ... 37054.html


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Message Publié : 02 Avr 2009 17:11 
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Grégoire de Tours
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La bande-annonce (dans galerie) :

http://www.katyn-lefilm.fr/presse.htm

(en allant dans presse, vous pouvez télécharger des articles)


L'article paru hier dans Le Monde :
Citer :
Andrzej Wajda est un des plus grands cinéastes polonais de l'après-guerre. Depuis Génération (1955), il s'est donné une mission de porte-parole de sa nation, déterminé à adapter les oeuvres des grands romanciers nationaux (Jaroslaw Iwaskiewicz dans Le Bois de bouleaux, Wladyslaw Reymont dans La Terre de la grande promesse). Ou à retracer les heures glorieuses de l'histoire nationale, sa résistance aux tentatives de rayer le pays de la carte, son sursaut contre le stalinisme (L'Homme de fer, 1981).

Le succès de Katyn en Pologne symbolise-t-il des funérailles nationales pour les victimes de cette tragédie ?

Katyn est un événement de notre histoire qui n'a jamais eu de véritable reflet. Le besoin était fort. L'ancienne génération, qui ne va pas au cinéma, s'est déplacée. Les écoles ont organisé des sorties. En revanche, la distribution à l'étranger n'a pas du tout fonctionné. Katyn n'est pas diffusé aux Etats-Unis, en Russie, en Allemagne. Il sort tout juste en France. Ceux qui l'ont acheté ne le montrent pas. C'est dû à l'incompétence de la télévision publique polonaise. Ce sont des mammouths du "socialisme réel".

Katyn reste un sujet brûlant entre la Pologne et la Russie...

Après les années 1980, Gorbatchev puis Eltsine avaient autorisé la transmission de documents levant tout doute sur la nature du crime de Katyn. Notamment celui où Beria propose la liquidation des officiers, puis celui exprimant l'accord du comité central. En 2004, la situation a changé. Nous ne pouvions plus obtenir le reste des documents. L'an passé, j'ai écrit au procureur général de Russie pour demander en vertu de quel article de loi mon père avait été tué. Il m'a répondu qu'il ne pouvait rien expliquer, car le dossier de mon père n'existait pas.

Comment, justement, le drame de Katyn a-t-il influé sur votre destin ?

J'ai perdu mon père à 13 ans. Je suis très vite devenu autonome et actif, notamment comme soldat de l'Armée de l'intérieur (AK, mouvement de résistance) pendant l'Occupation. Ensuite, j'ai cherché ma place dans l'art, en entrant à l'Académie des beaux-arts dans les années 1940, puis à l'école de cinéma.
Mon père a été assassiné dans les caves de Kharkov et enterré dans une fosse commune, dans les abords de la ville, où reposaient aussi des victimes du stalinisme des années 1930. Ma mère a attendu son retour jusqu'à sa mort.
Certains considèrent que la fin du film (l'exécution par balles des officiers, jetés dans des fosses) est de la spéculation émotionnelle. En vérité, j'avais envisagé de commencer par ça. Mais je voulais évoquer à la fois le crime et le mensonge. Or, pour cela, il faut d'abord raconter le mensonge.

Quel mensonge ?

Les Allemands ont révélé le crime de Katyn en 1943. Le gouvernement polonais en exil à Londres a demandé à la Croix-Rouge internationale de vérifier qui se trouvait dans les fosses communes. Staline a alors rompu avec le gouvernement, affirmant que ce crime avait été commis par les Allemands.
Le mensonge portait sur la date : les faits avaient-ils eu lieu au printemps 1940, ou après que les Allemands furent entrés sur le territoire, lors de la guerre contre les Russes ? La datation des arbres qui ont poussé sur les fosses, les documents officiels et les papiers que les officiers avaient sur eux ne laissent aucun doute.

Le film risquait d'être emporté par vos émotions personnelles ?

Je ne craignais pas ça. Un réalisateur ne peut faire de films s'il est plus ému qu'il ne veut émouvoir le public. Mon problème était autre : je manquais de matériaux littéraires, comme pour mes autres films, avec des personnages, des scènes.
Les scénarios qu'on me proposait ne me satisfaisaient pas. J'ai décidé d'utiliser des personnages réels dont j'ai découvert l'existence dans des récits, des documents trouvés sur les officiers. J'avais des obligations, car je réalisais le premier film sur Katyn. Je devais associer des informations historiques à des personnages.
Pour les figures féminines, j'avais l'exemple de ma mère. Pour les hommes, je devais me faire une idée de la façon dont ils ont vécu cette fin, dont ils ont été tués.

Y a-t-il des films qui vous ravissent aujourd'hui ?

Le cinéma polonais tel que je l'ai connu s'est épuisé. Le public a changé. Au lieu de trois mille salles, il n'y en a plus que quelques centaines, dans les grandes villes. Les billets sont plus chers. Le public n'a pas envie de changement, la réalité lui convient, il prend le cinéma comme un divertissement. Il n'attend pas de films sociaux ou politiques.
Les films européens qui essaient de saisir une réalité me plaisent. Par exemple L'Enfant, des frères Dardenne. Cette idée qu'un enfant pourrait devenir un produit m'a fait une énorme impression. Je pense aussi à Entre les murs, de Laurent Cantet, qui m'a fait dresser les cheveux sur la tête. Cette hostilité des élèves contre leur professeur et contre la France pose la question des idéaux de la Révolution française.

Vous préparez un film sur Lech Walesa...

Il portera sur ses débuts. J'aimerais qu'il s'achève sur ces paroles fabuleuses, prononcées lors d'un voyage officiel à Washington comme président : "Nous, le peuple." Lui, l'ancien électricien.

Propos recueillis par Piotr Smolar
_____________________________________________________

Dans les pays de l'Est, Katyn est un mot tabou. C'est le nom d'une forêt, en territoire russe, près de Smolensk, où les troupes allemandes trouvèrent en 1941 un charnier. Les cadavres de milliers d'officiers polonais exécutés d'une balle dans la nuque. Qui avait commandité ce massacre ? Les Allemands accusèrent les Soviétiques. Les Soviétiques désignèrent les Allemands. La polémique dura jusqu'à ce qu'éclate la vérité : en 1990, Mikhaïl Gorbatchev reconnaît officiellement que ces prisonniers de guerre avaient été fusillés par les services spéciaux du NKVD en avril 1940. En 1992, Boris Eltsine en livrera la preuve aux autorités de Varsovie : l'ordre du crime signé par Staline.

Rappel historique : lorsque la seconde guerre mondiale éclate, l'Armée rouge est liée aux nazis par le pacte germano-soviétique signé en 1939. Hitler et Staline se sont mis d'accord pour se partager la Pologne, "ce bâtard né du traité de Versailles", comme dit Molotov, le ministre soviétique des affaires étrangères. Les Allemands attaquent, et, lorsque les Soviétiques franchissent à leur tour la frontière, Staline parle de tendre une "main fraternelle au peuple polonais", de défendre les Ukrainiens et les Biélorusses de la Pologne orientale. Son objectif caché est de détruire la Pologne, qu'il considère comme un Etat fasciste, et d'y imposer le système soviétique.
Andrzej Wajda tenait absolument à tourner un film sur ce traumatisme national pour deux raisons. La première est intime : son père faisait partie des officiers exécutés à Katyn. Cette histoire lui permet de rendre hommage au courage de sa mère et de régler quelques comptes avec sa propre histoire. Il s'est par ailleurs donné une mission messianique, celle de défendre l'identité d'un pays qui fut envahi, morcelé, déchiqueté. Katyn est un nouvel épisode de l'épopée de la survie d'un peuple qui n'a cessé d'être une proie pour ses voisins. Et de la détermination de Wajda à dénoncer la falsification de l'histoire par les communistes.
Morceau de bravoure de ce film, le spectacle terrifiant de l'assassinat systématique des officiers - dont on pousse le corps dans une fosse après avoir tiré à bout portant à l'arrière de leur crâne - est précédé par l'évocation des épisodes de cette tragédie (attaque armée des Soviétiques, découverte des restes, etc.), et la manière dont un certain nombre de Polonais vivent l'événement, essentiellement des femmes. Un capitaine de cavalerie est longtemps attendu par sa femme, sa fille et sa mère, qui ont gardé espoir à cause d'une confusion sur la liste des morts. L'épouse d'un général, la soeur d'un pilote vivent douloureusement le silence et les mensonges qui entourent la disparition de leurs proches.
A 83 ans, Wajda arbore une belle vigueur créatrice. Katyn est l'un des films les plus poignants qu'il ait réalisés depuis longtemps. Il faut savoir toutefois que, évoquant des sujets sensibles, Katyn encourt deux types de critiques.
La première concerne le renvoi dos à dos des nazis et des Soviétiques comme prédateurs du territoire national. Réalisé, comme L'Homme de marbre, dans un contexte politique consensuel, le film est conçu comme une bombe antisoviétique. On y voit le Politburo envoyer une universitaire de Cracovie en camp de travail ; on y entend les troupes polonaises clairement assimilées à des partisans de la Pologne libre, et comportant autant de scientifiques, professeurs, ingénieurs, juristes et artistes que de militaires de carrière.
ETRANGE CONFUSION
Comme l'explique Victor Zaslavsky dans un ouvrage sur Le Massacre de Katyn (Tempus, 202 p., 7,50 €), les Soviétiques ont effectivement programmé la mort des officiers polonais, qui incarnaient les "ennemis objectifs", une intelligentsia bourgeoise, un vivier potentiel de résistance, ainsi que la déportation en camps de leurs familles. Ces exécutions de masse sont conçues comme un "nettoyage de classe".
La seconde est l'étrange confusion entre Katyn et le génocide des juifs. Rien, aucune allusion, dans le film, sur la Shoah, mais une description des rafles, de la traque des familles d'officiers polonais, comme s'il s'agissait de la déportation des juifs en camps. Détail troublant : ces proies d'un massacre programmé sont viscéralement attachées à leur ours en peluche. Or le Musée Yad Vashem de Jérusalem a fait de l'ours un symbole de l'extermination des enfants juifs, du martyre d'un peuple.
Dans Katyn, sommée par les services allemands de dénoncer la responsabilité soviétique dans le massacre, la femme d'un général polonais est menacée d'être envoyée à Auschwitz... Tout, sans cesse, nous ramène aux juifs, sauf que le mot n'est jamais prononcé. Le juif n'existe pas. La victime de la seconde guerre mondiale, c'est le Polonais.
Pourquoi ce non-dit, cette confusion ? Andrzej Wajda aura traîné cette question toute sa carrière, puisque son premier film, Génération (1955) - évocation de la résistance contre les nazis -, occultait déjà cet enjeu capital de la guerre. Il est vrai que l'ambiguïté de la représentation des juifs dans le cinéma polonais dépasse sa personne.

Article de Jean-Luc Douin



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Message Publié : 14 Avr 2009 18:41 
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Pierre de L'Estoile
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Je n'avais pas lu cet article, il est d'une rare ignorance sur la Pologne de la deuxième guerre mondiale.

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Message Publié : 14 Avr 2009 18:47 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
"Katyn" ou le film du massacre des Polonais par les Soviétiques

Le Monde fait partie des plus sérieux quotidiens internationaux. Aussi ai-je été fortement surpris de lire la critique qu'il a faite de Katyn, le dernier film d'Andrzej Wajda (Le Monde du 1er avril).

Son auteur y formule deux remarques, dont la première "concerne le renvoi dos à dos des nazis et des Soviétiques comme prédateurs du territoire national". Aux yeux du critique français, c'est une aberration, une contre-vérité. Cependant, dans la période entre septembre 1939 et juin 1940, tels furent les faits historiques. Quelle troublante ignorance !

A l'époque, la Pologne fut morcelée par deux puissances totalitaires liées par le pacte germano-soviétique. La terreur dans les deux parties occupées du pays fut comparable ; la brutalité et la cruauté avec lesquelles les deux occupants emprisonnaient et assassinaient les Polonais était la même.

Lorsque, en avril 1943, les Allemands découvrirent, dans la forêt de Katyn, les cadavres d'officiers polonais, le plus important bulletin de la Résistance polonaise (Bulletin d'informations) publia le commentaire suivant : "Nous sommes conscients de la barbarie de l'occupation soviétique en territoire oriental de la Pologne. (...) En même temps, nous sommes stupéfaits par l'insolence des Allemands qui font semblant d'oublier leurs effroyables crimes commis à Auschwitz, Majdanek, Palmir, Wawer et n'hésitent pas à rechercher des criminels du côté de Smolensk." (...)

"Aujourd'hui, alors qu'éclate toute la vérité sur cet événement tragique, nous disons avec force : nous n'oublierons jamais le crime soviétique perpétré près de Smolensk - comme nous n'oublierons jamais non plus les crimes allemands de Palmir, de Wawer, des camps de concentrations, et ceux de la partie occidentale de la Pologne." Voici comment la Résistance polonaise réagit au massacre de Katyn, qui fut un couronnement du pacte Ribbentrop-Molotov.

Après la guerre, la vérité sur ce massacre était tue, voire falsifiée. Le silence mensonger entourait le drame ; Staline et sa propagande remportaient la victoire. En Europe centrale et orientale, ce silence fut imposé par la terreur. En Europe occidentale, en revanche, le dogme idéologique interdisait de mettre côte à côte les crimes d'Hitler et ceux de Staline. La critique du Monde est donc prisonnière de ce dogme, alors que Wajda le défie. Le metteur en scène polonais brise le mur du silence.

Katyn est le premier film qui porte sur le massacre et l'agression soviétique contre la Pologne, commise en accord avec Hitler. Ce fut un sujet tabou pour la gauche française. Pendant de longues années, elle garda le silence autour de l'invasion de la Pologne par l'Armée rouge, des crimes des Soviétiques, de même que sur Katyn. Jusqu'à aujourd'hui, ce tragique événement historique est un cadavre dans le placard de la gauche française, si longtemps indulgente à l'égard du "Grand Linguiste" (Staline).

Ce ne fut pas le seul dogme de la gauche française. Un autre fut la conviction que, depuis toujours, les Polonais tétèrent l'antisémitisme avec le lait de leurs mères, et que les juifs furent les seules victimes de l'occupation allemande. Je lis dans Le Monde que le film de Wajda crée "une étrange confusion entre Katyn et le génocide des juifs", ainsi qu'il n'y a "rien, aucune allusion, dans le film, sur la Shoah". Il y a en revanche "une description des rafles, de la traque des familles des officiers polonais, comme s'il s'agissait de la déportation des juifs en camps".

Pire : "Ces proies d'un massacre programmé sont attachées à leur ours en peluche. Or, le Musée Yad Vashem de Jérusalem a fait de l'ours un symbole de l'extermination des enfants juifs, du martyre d'un peuple". Et de conclure : "Tout, sans cesse, nous ramène aux juifs, sauf que le mot n'est jamais prononcé. Le juif n'existe pas. La victime de la seconde guerre, c'est le Polonais."

Faut-il rappeler que le thème central du film de Wajda n'est pas l'Holocauste mais le massacre de Katyn ? Si, dans ce film, on ne voit pas de juifs dans les rues de Cracovie occupée par les Allemands, c'est parce qu'en 1943, ils étaient entassés dans des ghettos et déportés dans des camps de la mort.

Aucune confusion n'est faite dans ce film entre Katyn et Treblinka. Ce furent deux crimes différents ; le film n'aborde que l'un des deux. Le reproche sur le manque de référence à l'Holocauste est donc absurde. Pourrait-on formuler la même critique à l'adresse de Steven Spielberg ou de Roman Polanski qui, dans leurs films (La liste de Schindler et Le Pianiste), ne mentionnent pas non plus le massacre de Katyn, des goulags de la Kolyma, ou de Karaganda ? Jusqu'alors peu de films ont été réalisés autour des crimes soviétiques, même si ces derniers furent aussi barbares et massifs que ceux perpétrés par Hitler - et je le déplore. Pendant des décennies, ils furent entourés d'un mur de silence.

Par ailleurs, je tiens à souligner qu'Andrzej Wajda n'est pas et n'a jamais été un négationniste déguisé de l'Holocauste. Il a réalisé trois films consacrés à cette problématique : Samson, Korczak, et La Semaine sainte. Lui faire ce reproche me paraît tout à fait infondé. Katyn décrit avec réalisme les rafles et les persécutions subies par les Polonais, "coincés" entre deux Molochs totalitaires. Tel fut le sort réservé à ce peuple et c'est pour cette raison que les Polonais ont fait partie des principales victimes de la seconde guerre mondiale. Il est grand temps de prendre note de ces vérités banales.

En conclusion, la critique du Monde constate "l'ambiguïté de la représentation des juifs dans le cinéma polonais". Or le cinéma polonais n'est pas un monolithe, il est représenté par une multitude de personnalités, de perspectives, de styles. C'est pourquoi il est insensé de généraliser cette question, comme il est insensé de reprocher à Wajda d'avoir polonisé le symbole du martyre du peuple juif - l'ours en peluche.

Adam Michnik est ancien cofondateur de Solidarnosc, rédacteur en chef du quotidien Gazeta Wyborcza.


Paru dans le Monde daté du 15/04/2008 http://www.lemonde.fr/opinions/article/ ... _3232.html

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Message Publié : 14 Avr 2009 18:50 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
Une lettre ouverte de Elisabeth G. Sledziewski* / Mcf-hdr de science politique / Université de Strasbourg (IEP)

Mesdames, Messieurs,

Comme beaucoup de Français que consterne le déni de mémoire dont souffrent aujourd'hui, en France tout particulièrement, le martyre et l'héroïque résistance du peuple polonais pendant la II° Guerre mondiale, je suis reconnaissante au Monde d'avoir offert une belle visibilité au dernier opus d'Andrzej Wajda, Katyn (entretien avec le cinéaste en une, critique du film en p. 19 de l'édition du 1° avril 2009). Cette œuvre, enfin distribuée dans notre pays, est ainsi appréciée pour sa valeur non seulement artistique, mais aussi mémorielle. Sa sortie en Pologne en 2007 a en effet été un événement national que nos concitoyens, très désinformés à propos d'un pays jadis si cher à leur cœur, ont peine à mesurer.

Certains aspects du commentaire de Jean-Luc Douin s'inscrivent hélas dans la continuité de cette désinformation. Cela est d'autant plus choquant que l'intention affichée, et probablement sincère, de ce bon spécialiste de Wajda est d'informer le lecteur sur un cinéaste mal connu... et mal aimé du public français contemporain. On est loin, certes, de la critique haineuse de Pan Tadeusz parue dans vos colonnes en mars 2000 sous la signature de Jean-Michel Frodon. Cependant, malgré la sympathie manifestée pour la "détermination de Wajda à dénoncer la falsification de l'histoire par les communistes", malgré l'hommage à la "belle vigueur créatrice" du vieux maître, Jean-Luc Douin se sent obligé (par quel conformisme polonophobe ?) de consacrer la seconde moitié de son article aux objections de fond qu'encourt la lecture wajdienne du massacre de Katyn. Et d'enfiler des considérations aux accents bien déplaisants. Est tout d'abord critiqué "le renvoi dos à dos des nazis et des Soviétiques comme prédateurs du territoire national" : et alors ? que s'est-il donc passé d'autre lors de cet apocalyptique automne 39 où, à deux semaines d'intervalle et sans déclaration de guerre préalable, l'Ouest de la Pologne a été envahi par les armées du Reich, puis l'Est par l'Armée rouge ? n'y a-t-il pas eu des troupes allemandes et russes paradant à Brest-Litovsk, des généraux hitlériens et staliniens se congratulant à Lublin, un Etat polonais rayé de la carte et son territoire intégralement partagé, le 28 septembre 39, par les deux ogres, dans la continuité du pacte Ribbentrop-Molotov ? quant aux dizaines de milliers de civils et de soldats massacrés, au million et demi de Polonais déportés en URSS, soit vers le Goulag, soit vers les confins désolés du Grand Nord russe, dont un tiers pour n'en jamais revenir, est-ce poser une "bombe antisoviétique", comme dit bizarrement Jean-Luc Douin, que de rappeler que leur calvaire présenta de fait quelques similitudes avec celui simultanément infligé aux populations du Generalgouvernement et des provinces occidentales annexées au Reich ? la critique, enfin, est-elle de mise devant "le renvoi dos à dos" d'"exécutions de masse (...) conçues comme un nettoyage de classe", comme il le dit si bien, et d'autres menées au nom de la race des seigneurs ? Ce qui nous amène à la seconde critique avancée par votre auteur : "l'étrange confusion entre Katyn et le génocide des juifs". Quelle confusion, sinon celle que lui-même superpose indûment au film ? Aucune traque, aucune rafle, aucune persécution ne saurait donc dorénavant être représentée au cinéma sans qu'il faille y voir d'abord la Shoah ? N'est-il pas permis de prendre les exactions du NKVD et des soudards de Staline pour ce qu'elles ont été, des vengeances contre la République polonaise indépendante qui avait osé battre l'Armée rouge en 1920 ? Jean-Luc Douin dénonce comme quasiment négationniste une scène où une épouse d'officier polonais, non juive, est menacée par un Allemand d'être déportée à Auschwitz : cela, selon lui, ne pouvait arriver qu'à un juif, et parler d'Auschwitz, c'est nécessairement et exclusivement parler des juifs, sinon cela sent la négation... Sait-il que c'est exactement le contraire ? que sous la terreur nazie en Pologne, une telle menace n'avait de sens qu'adressée, justement, à quelqu'un qui n'était pas juif ? que le camp d'Auschwitz (camp nazi sis sur le territoire du Reich, et non "camp polonais", comme on l'entend régulièrement à la télévision), fut dès son ouverture en juin 40 la destination d'abord mystérieuse, puis redoutée des civils arrêtés, ou simplement raflés, parfois par groupes de plusieurs centaines, dans les villes du Generalgouvernement (les rues de Varsovie sont jalonnées de stèles indiquant ces arrestations de masse, suivies d'exécutions sur place et de transferts vers Auschwitz) ? Aux juifs de Pologne ou d'ailleurs, parqués dans les ghettos à partir du printemps 40 et promis deux ans plus tard à l'extermination, les nazis se gardaient bien de parler d'une telle destination (qui fut plutôt le camp voisin de Birkenau ou celui de Treblinka), laissant ouvert jusqu'à la porte des wagons l'improbable horizon d'une "transplantation vers l'Est". "Pourquoi ce non-dit, cette confusion ?", interroge Jean-Luc Douin. On aimerait lui dire, à lui et à tant d'autres : pourquoi chez vous cette confusion, pourquoi ce sur-dit qui ne peut, ne veut plus parler que de la Shoah à la place de tout le reste, en y ramenant tout, même les crimes de Staline, de peur que l'évocation de son obsession anti-polonaise ne rappelle l'existence d'une histoire de la Pologne qui ne passerait pas par la case Shoah ? pourquoi le martyre du peuple juif, dont a été si bien montrée la spécificité, est-il devenu un cache obturant et interdisant tout discours sur un autre martyre, d'une nature et d'une logique historiques différentes, celui du peuple polonais non juif ? comment l'écrasement de Varsovie sous les bombes en septembre 39, l'invasion soviétique, Katyn, l'œuvre immense de la résistance polonaise, l'insurrection de la capitale en août-septembre 44 ont-ils pu devenir des objets interdits, des non-objets, dont il n'est permis de faire mention qu'à condition de les référer à la Shoah ? tout cela est-il juste ? et que diraient les trois millions de morts polonais non juifs, s'ils apprenaient que seuls ont droit de cité dans la mémoire des vivants les trois millions de morts polonais juifs ? En tout cas, si les bourreaux de Katyn pouvaient lire de tels articles, où est taxé d'antisoviétisme le rappel de leurs forfaits, si les pendeurs, fusilleurs et égorgeurs des villes et des campagnes polonaises sous la botte nazie savaient qu'au moins cette partie-là de leurs crimes est désormais placée sous scellés, à l'heure où paradoxalement s'ouvrent les dernières archives, alors, sans doute, ils ne seraient pas mécontents.
Avec mes salutations distinguées,
E G S


Source : http://www.beskid.com/View.php?ArticleID=1148

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« Étudiez comme si vous deviez vivre toujours ; vivez comme si vous deviez mourir demain. » Isidore de Séville


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Message Publié : 19 Avr 2009 21:53 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 28 Jan 2008 15:24
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Localisation : La Lune
Res publica a écrit :
C'est fait : le film est sorti aujourd'hui dans .........11 salles (dont 3 à Paris ).
http://www.allocine.fr/seance/film_gen_ ... 37054.html

Quelqu'un est allé voir ce film (des avis ? :)) ? Pour les chanceux qui habitent à côté d'une de ces 11 salles bien sûr (il en reste 10 aujourd'hui).

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« Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis ; ce n'est pas le manœuvre qu'il faut instruire, c'est le bon bourgeois. »
Voltaire, 1766.


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Message Publié : 11 Mars 2010 0:36 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Le film est désormais disponible en DVD, ce qui permettra à tout un chacun de se faire une opinion.

:wink:

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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Message Publié : 08 Avr 2010 21:36 
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Salluste
Salluste
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Inscription : 30 Nov 2005 12:28
Message(s) : 244
Localisation : Paris
Isidore a écrit :
Je n'avais pas lu cet article, il est d'une rare ignorance sur la Pologne de la deuxième guerre mondiale.

Voici un site reprenant tous les noms.
Avec un peu de patience et de méthode, on doit pouvoir en tirer quelque chose.
Et ça fonctionne :

1. Kpt. Jakub WAJDA, ur.1900-07-21,
miejsce urodzenia: Szarów,
adiutant, 73 pp, zm. 1940, Charków

Bonne soirée.
http://www.katedrapolowa.pl/ofiary.php? ... =&miejsce=


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