René Fonck a écrit :
J'ai vu cette émission et je me suis demandé ce que devenaient les esclaves de ces harems lorsqu'elles étaient plus vieilles et plus très attrayantes.
Retrouvaient-elles leurs libertés ?
Toute esclave ne devenait pas "sultan". Il y avait un parcours et dès le départ pardonnez l'expression un tri suivant certains critères.
Pour être sultan, il faut avoir partagé la couche du sultan. Si la femme plait, l'expérience peut être renouvelée et avec de la chance et beaucoup de discrétion être enceinte. Alors on passe au statut de sultan Kadine et déjà l'on peut avoir des appartements privés et quelques esclaves. Il faut taire sa grossesse car il n'est pas rare de se voir empoisonnée ou risquer un accident (trop longtemps dans le hammam...) bref perdre le fruit qui donne un statut quelque peu privilégié.
Si c'est un fils, ceci se corse et il faut savoir jouer des coudes.
Si la sultan cesse de plaire, elle garde ses appartements et tente tout afin que le sultan ne s'attache pas une autre femme.
Avec l'âge (le sultan vieillit aussi...), lorsqu'un nouveau sultan règne, sa mère devient sultan "Validé" et avec un peu de chance peut vous choisir car elle tient une sorte de "petite cour" et un immense pouvoir.
@ Aurore CUne esclave ne sortait jamais du Harem. Le seul moyen : être affranchie et pour ceci...
Une fois entrée au Harem, on y restait jusqu'à la mort. Sur une moyenne de 300 femmes, imaginez le nombre de mariages sponsorisé par le sultan... Si déjà une femme avait la chance de plaire, elle pouvait échapper à la promiscuité autrement des tâches étaient réparties entre les esclaves. Etre belle ne suffisait pas, il fallait être cultivée... pour toujours étonner, durer... Certes le sultan pouvait avoir une tocade de quelques nuits mais dans le premier harem toutes les femmes étaient extrêmement belles donc il fallait vraiment sortir du lot d'une manière ou d'une autre.
De plus ces femmes avaient été offertes au sultan, alors se marier à la quarantaine, laisser les copines et dire "bye" au patron : inutile d'y penser.
@ Alain GLe mot "couvent" a été employé. Il faut y voir une structure comme il en existait, je pense par exemple aux années de "couvent" passée par Cosette. Les meilleures se cultivaient, une hiérarchie existait, le but était d'au moins gagner le premier harem. En ceci les eunuques jouaient un grand rôle.
Les femmes n'étaient nullement entravées ou frappées. Chaque degré du Harem avait son rôle.
Le sultan choisissait lui-même une femme du premier harem, souvent cette femme lui était recommandée par sa mère ensuite la balle était dans le camp. C'est un peu plus sophistiqué que le droit de cuissage bien français et les eunuques ne choisissent aucunement mais "cocoonés" par certaines, elles peuvent -lorsque le sultan paraît- être placée de sorte à pouvoir être remarquée. Une femme ne pouvait regarder le sultan donc mieux valait être soit "bien vue" par la Validé soit bien placée grâce à un eunuque qui faisaient régner une sorte de discipline.
Hurrem sera choisie par la Validé elle-même car le sultan est lassé de Mahidevran. Ensuite voyant la trajectoire d'Hurrem, elle essaiera d'endiguer le phénomène et ceci posera des problèmes à Soliman car déjà Hurrem n'entend pas obéir à la Validé mais elle se rebelle en disant qu'elle ne sait ou ne peut obéir qu'au sultan et tout ceci en vers ou en poème avec de magnifiques métaphores pour désigner Soliman. Alors évidemment, Maman devra batailler mais à fleuret moucheté.
Je ne veux pas m'avancer mais je crois qu'une femme ayant franchi le seuil du Harem ne pouvait être revendue. Si elle déplaisait ou plutôt "ne plaisait plus", elle retournait avec ses compagnes. Au final très peu partageaient la couche du sultan, c'est dans ce sens que l'interlocutrice a employé l'expression : "...
Il ne faut pas voir ceci comme un lupanar...". Il est vrai que la vision occidentale, biaisée par "Angélique et le sultan" est un peu dégradante...
Lorsqu'un nouveau sultan montait sur le trône, il avait déjà son propre harem et souvent déjà des kadines et une hasséki. Hurrem mourra avant Soliman, elle ne sera donc jamais "Validé Sultan". C'est heureux car avec la suivante qui était d'un fort caractère, déjà Hasséki (elle avait donné deux fils à Sélim II) ç'aurait été chaud !
Les femmes n'étaient pas non plus violées. La seule manière d'accéder à un pouvoir quelconque était justement d'être choisie et les "besoins" de Soliman -on peut le lire dans ses écrits- étaient manifestement délicats, poétiques et bien loin de ceux d'un roi d'occident. La seule difficulté était de rester lorsque l'on ne "plaisait" plus mais en France, Madame de La Vallière deviendra la "bonne à tout faire" de la Montespan tout en priant le roi de pouvoir se retirer dans un couvent, ce qui sera refusé jusqu'à ce qu'elle cesse de s'alimenter. A ce moment le roi lui accordera la grâce de se retirer, bien qu'elle ait donné plusieurs fils au "roi soleil". Inutile d'espérer un remariage quel que soit l'âge.
Ce genre d'attitude ne peut être dans un harem dès que vous avez donné un enfant au sultan, comme quoi...