jibe a écrit :
J'aurais bien voulu savoir par exemple comment l'émigré Louis VI Henri de Bourbon-Condé - dont la vie dissolue et la fin sordide n'eut rien de celle du Grand Condé - réussit à garder sa fortune durant la Révolution pour la léguer ensuite (66 millions de francs de l'époque) au duc d'Aumale.
Louis VI Henri de Bourbon-Condé avait émigré avec pas mal de fortune puisqu’il avait la réputation de mener grand train à Londres.
Il semblerait que ses biens fonciers (du moins ce dont il est fait état dans son testament) n’aient pas été vendus sous la Révolution et qu’il ait pu les récupérer à la Restauration. Dans le cas contraire, il aurait bénéficié de la loi du Milliard aux émigrés. Mais je n’ai pas de détails à ce sujet.
Il n’est pas exact de prétendre que le duc d’Aumale ait été légataire de toute la fortune du prince de Condé. En fait, il n’a hérité que de charges. Le château de Chantilly de l’époque n’avait rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd’hui, reconstruit par le duc d’Aumale. Il a été en grande partie détruit par les révolutionnaires et il ne subsistait que quelques ruines que l’on connaît mal.
Auriez-vous des sources à propos des 66 millions de francs légués au duc d’Aumale ? Ils me paraissent excessifs en regard de la somme de 2 millions légués à Madame de Feuchères qui eut la part du lion.
jibe a écrit :
Quant à celui-ci, qui, en Algérie, participa sans états d'âme à la campagne affreusement sanglante de Bugeaud, son amour des livres ne l'empêcha pas, lors de la prise de la smala d'Abd El Kader, de faire détruire sa bibliothèque, plusieurs milliers d’ouvrages d’une valeur inestimable.
Le duc d’Aumale écrit :
« Cependant je dois vous dire que si j'avais connu la disposition du camp, j'aurais dirigé la troupe française sur le douar d’Abd-el-Kader ; je crois aussi que son trésor aurait été réservé pour l'État ; mais lorsque l'action cessa tous les Arabes […] étaient disséminés dans les tentes et se livraient au pillage. […] Outre des sommes considérables d’argent, on pris encore tous les burnous rouges qui devait investir les aghas ou les Kaïds, des gandourah destinées à des gens de loi, des armes de prix, un grand nombre de riches vêtements, des manuscrits précieux, des bijoux, etc. ; nos Arabes enlevèrent une foule d’esclaves noirs des deux sexes, plusieurs milliers d’Anne, quelques centaines de chameau, des CV, des juments, et cetera. Malheureusement nous étions si peu nombreux et tous si fatigués qu’il me fut impossible d’apporter dans la répartition de ces prises tout l’ordre que j’aurais voulu y introduire. Je ne puis faire réserver pour l’État que quelques barils de poudre et des troupeaux considérables ; […] »En réalité, ce sont les escadrons indigènes qui se sont emparés des richesses d’Abd-el-Kader. Les manuscrits précieux dont il fait état n’ont pas été brûlés mais pillés. J’ajouterai que les prisonniers ont été traités avec humanité.