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 Sujet du message : Re: Inglorious bastards
Message Publié : 29 Août 2009 10:09 
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Hérodote
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Inscription : 29 Août 2009 9:34
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J'ai globalement aimé le film. Certaines scènes sont particulièrement réussies (dont celle d'introduction), avec comme vous le faisiez remarquer plusieurs allusions aux westerns spaghettis. Le personnage du Colonel Landa est savoureusement interprété, arrivant à faire passer le pire des comportements avec une forme de politesse extrême totalement décalée.
Cependant j'y vois deux problèmes de fond. Même si le film se veut être une fiction, il est sous-tendu par deux thèses. La première, celle que vous énoncez comme légitimité d'une vengeance:
Leonidas-Ier a écrit :
Cette vengeance juive est peut être voulue dans le sens ou QT voudrait voir l'Histoire comme son film donc changée....

Pour qu'elle soit crédible, encore aurait il fallu que le GI lambda ait été au courant de la solution finale en 44.

La seconde, et c'est sans doute ce qui me gène le plus bien que n'ayant aucune racine germanique, c'est l'amalgame entrer allemands et nazis. A plusieurs reprises, le sergent de la wermacht (qui aura le crâne fracassé à coups de batte) est qualifié de nazi. Ayant vu le film en VF, c'est peut être le résultat d'une erreur de traduction par rapport à la VO ?
Du coup, cette vengeance pourrait légitimement s'appliquer à toute personne allemande sous pretexte qu'elle est un nazi potentiel, à défaut d'être avéré.
Je me demande qu'elle est le point de vue des spectateurs allemands sur le film.

Au final, on est loin du rythme de Pulp Fiction. Restent quelques scènes savoureuses, et un message de fin qui, on l'espère, reste d'actualité : Il est impossible d'échapper complètement à ses crimes... Même si curieusement, le message ne semble pas s'appliquer au lieutenant Aldo :wink:


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 Sujet du message : Re: Inglorious bastards
Message Publié : 30 Août 2009 0:41 
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Polybe
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Inscription : 13 Jan 2009 20:05
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Décidé à aller voir Inglorious Basterds de Quentin Tarantino tant pour ce réalisateur que pour les avis et critiques divergentes que j'ai pu lire sur ce film, me revoici donc tout juste du cinéma !

Il est en vérité, difficile de me faire un jugement sur ce film... il m'a plu comme déçu. J'étais pourtant parti le voir avec l'idée présente que ce serait un film sans morale ni vérité historique, dans un second degré marqué.

Ce film laisse une part assez importante au sérieux de la vie, ce n'est pas de la comédie, et la néglige assez facilement, ce qui est assez paradoxale. Il y a une sorte de place à la morale dans un mélange de triste réalité et second degré absolu qui ne colle pas.

Mes réticences :

1) Je trouve le thème choisi pour ce film trop, en plus de complexe pour en faire du second degré absolu, récent à mon avis. Peut-être que dans un futur encore éloigné, il passera mieux.

2) Certaines scènes sont d'une violence beaucoup trop gratuite par moment à mon goût. Par exemple, celle où l'officier allemand se fait défoncé la tête à coups de bat de baseball. Etant pourtant habitué à la violence des films de Tarantino je les trouves biens trop crues ici, surtout dans un tel cadre, notamment pour la prochaine raison.

3) Comme dans Kill Bill, la vengeance est ici aussi le leitmotiv de ce film.
Cependant, elle est dans ce film beaucoup moins soutenable et acceptable. Chaque homme en uniforme, ou pouvons-nous dire allemands, devient une cible potentielle. "Tuer le plus de nazis qui oppriment notre Peuple", une loi du Talion, aveugle. Il ne faut pas chercher à comprendre la guerre, certes, mais à en faire la motivation principale du film... tout de même. Il est pourtant rare que je critique un film pour ce genre de chose.
L'impression m'est faite que le réalisateur s'emmêle les pinceaux assez souvent dans le mélange que j'ai décris plus haut ; et la vengeance devient trop souvent et facilement confondu dans la haine.

Ce film pourrait être vu comme une célébration de cette haine gratuite et approuvée envers les "diables-nazi".


Voici donc ce que j'ai apprécié :

1) Le jeu de l'Autrichien Christoph Waltz ! Je ne connais point cet acteur mais j'avais beaucoup entendu sur sa prestation dans ce film, et je dois avouer que ce fût une de mes motivations ! Rien que pour cela j'acheterai ce film !
Il campe son rôle de manière magnifique ! Un raffinement dans la brutalité, l'intelligence au service de la perversité, cruellement exquis !
Un acteur de très grande qualité donc, qui est l'interprête des quatre langues dont il fait usage dans ce film ! Je vous salut monsieur !

2) Nous y voici donc, la présence accordée et l'effort fait envers les langues ! En version originale, ce doit être sublime ! Surtout pour la scène de la cave (et quelle scène ! vraiment digne de la hauteur de son réalisateur) lorsque l'agent infiltré brittanique quite son rôle d'officier nazi et reprend sa langue maternelle à la place de l'Allemand dont il usait. Je suppose que l'officier de la Gestapo l'a suivit dans cette voie-là. Qui plus est, ce doit être délicieux pour un germanophone de décelé les jeux d'accents lors de cette scène !


Voci donc ! Chapeau-bas à monsieur Waltz ! ;)
Et un des premiers films de Tarantino qui me laisse dubitatif. Il me faudra sûrement plusieurs visionnages pour un tiré un avis final et précis !

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 Sujet du message : Re: Inglorious bastards
Message Publié : 30 Août 2009 1:09 
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Localisation : A Sparte,et en Scandinavie et sur Xalarathros (planète lointaine)..mais en fait en France.
Pour plagier QT , celui ci dis qu'il fais des films pour diviser que pour unifier! B)

C'est le cas au vu des critiques.

Sinon C.Waltz est énorme surtout la scène où on le voit parler italien avec Pitt ( rien qu'à sa tête j'étais plié :mrgreen: )

Sur allociné j'ai donnée 4 étoiles sur 4 mais faut dire je suis un Tarentinophile donc....... lol .

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 Sujet du message : Re: Inglorious bastards
Message Publié : 30 Août 2009 7:02 
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Eginhard
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Messieurs bonjour,

SVP ne racontez pas trop le film il y en a qui ne l'ont pas encore vu!

K


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 Sujet du message : Re: Inglorious bastards
Message Publié : 30 Août 2009 11:14 
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Inscription : 21 Déc 2005 13:18
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Localisation : A Sparte,et en Scandinavie et sur Xalarathros (planète lointaine)..mais en fait en France.
Excusez, au temps pour nous/moi, Kamzz lol .

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 Sujet du message : Re: Inglorious bastards
Message Publié : 01 Sep 2009 1:25 
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Hérodote
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Inscription : 01 Sep 2009 1:17
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Dupleix a écrit :
mouaif...
- le scénario est basique, voire bancale (aucune interaction entre l'histoire des bastards et celle de Shosanna)


Bonjour,

perso je ne suis pas vraiment d'accord avec cela, car même si le nom du film mentionne les batards, ici le héro est Hans Landa, et lui a un lien entre les batards et shosanna.

De plus il ne faut pas oublier que le héro qui restera dans les livres d'histoire (fictif) c'est Hans Landa, et non Shosanna qui sans l'intervention de ce dernier aurait pu être reconnu comme héro de guerre. Et au lieu de cela, elle ne sera qu'une victime de plus comme elle l'aurait été si Landa l'avait tué au départ.

++

MaX


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 Sujet du message : Re: Inglorious bastards
Message Publié : 02 Sep 2009 18:00 
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Tite-Live
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Inscription : 09 Juil 2006 11:43
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C'est assez perturbant, les GI's juifs sont vils, brutals et mauvais, scène du sergent "nazi", les SS sont montrés d'une façon dans l'ensemble soignés et extrêment intelligents scène de la cave. Même Hitler et plutôt affable piquant une cris e car on tue ses soldats.
Nous sommes bien loin des navets français actuels.

un bon film

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"la guerre est la paix"
"la liberté est l'esclavage"
"l'ignorance est la force"

(1984 G.Orwell)

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 Sujet du message : Re: Inglorious bastards
Message Publié : 03 Sep 2009 0:49 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 21 Fév 2003 9:00
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Je l'ai vu ce soir ... et j'ai adoré. J'ai trouvé, grand, juste grand.

Entre autre, ça a été signalé ici, l'alternance entre les différentes langues (et les jeux autours) donnaient une certaine finesse au film ... Toutes les langues étant utilisées par les acteurs respectifs de manière totalement ... naturelle. Et le "Grazie" italien de Pitt avec un accent anglais à couper au couteau était génial :-)

Autre chose qui m'a frappé, j'ai trouvé que ce film sortait assez finement de la caricature bons/gentils. Landa qui est basiquement un salaud mais dont on ne peut pas ne pas apprécier la subtilité et la classe ... Les "basterds", qui sont les gentils de l'affaire, mais ne sont pas présentés comme si gentils que ça au final, puisque le titre les qualifie tout de même de "inglorious". Le jeune acteur allemand, Zoller (?), qui est un mélange de tout. Romantique lorsqu'il tente de séduire la jeune fille, passionné en parlant de cinéma, traumatisé lorsqu'il revoit les scène de ses "snipes" au cinéma, mais aussi violamment autoritaire lorsqu'il entre dans la salle de projection pour rencontrer Shoshanna ... sous prétexte qu'il est un héros de guerre. Et le fermier du début, qu'on voit initialement comme un dur que personne n'ébranlera et qui finalement fond comme neige au soleil ...

Bref, de très grandes choses dans ce film.

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Dubitando ad veritatem pervenimus
Cicéron, De officiis


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 Sujet du message : Re: Inglorious bastards
Message Publié : 03 Sep 2009 5:33 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 20 Avr 2007 5:47
Message(s) : 555
Localisation : Nouvelle-France
[quote] pourquoi faut-il que ce commando soit juif, qu'est-ce que ça apporte au film [quote]

Faut avouer que ça concorde bien avec la politique américaine façe a Israël , et au mouvement " évangélique " qui prend la bible au pied de la lettre , ancien et nouveau testaments confondus.

Vous souvenez vous du film " L'Épée de Gédéon " ( Gideon' s sword ) http://www.youtube.com/v/ThBXmUEM-N0&NR=1


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 Sujet du message : Re: Inglorious basterds
Message Publié : 06 Sep 2009 1:06 
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Jean Froissart
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Question idiote : Inglorious bastards a été présenté par Tarantino lui-même, je crois, comme une sorte de "western-spaghetti" de la 2ème guerre.

Alors je pose la question aux cinéphiles : est-ce aussi à se rouler par terre de rire que de "l'or pour les braves" ?

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Yves Modéran


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 Sujet du message : Re: Inglorious basterds
Message Publié : 08 Sep 2009 20:52 
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Inscription : 09 Juil 2006 11:43
Message(s) : 332
non,

c'est différent, autres temps autres moeurs, "de l'or pour les braves" reste exceptionnel !

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 Sujet du message : Re: Inglorious basterds
Message Publié : 08 Sep 2009 23:52 
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Salluste
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Inscription : 26 Avr 2004 18:52
Message(s) : 243
Localisation : Luxembourg
Mais que fait notre ami M. Deshays ? Il s'agit d'Inglourious Basterds lol

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Sébastien


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 Sujet du message : Re: Inglorious basterds
Message Publié : 20 Sep 2009 19:25 
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Jean Froissart
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Inscription : 28 Nov 2005 23:03
Message(s) : 1018
Localisation : Galaxie d'Andromède, Système solaire Zeta
Après avoir vu le film la semaine dernière j'en retire une très forte impression.
Le film est très original et la scène de début est un morceau d'anthologie.
Un peu trop de sang quand même, mais on a pour son argent.

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"L'histoire me sera favorable car j'ai l'intention de l'écrire". Winston Churchill.


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 Sujet du message : Re: Inglourious basterds
Message Publié : 22 Sep 2009 16:42 
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Hérodote
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Inscription : 26 Mars 2009 20:24
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Brillant!

J'ai été enthousiasmée par ce film à voir en vo absolument! Tarantino est un génie de la mise en scène et de l'écriture (tant dans celle des dialogues que dans ce découpage en de vrais chapitres).

Quelques passages de violence vous font serrer les dents mais sans eux ce ne serait pas du Tarantino!

Jubilatoire.


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 Sujet du message : Re: Inglourious basterds
Message Publié : 25 Sep 2009 10:50 
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Hérodote
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Inscription : 24 Jan 2007 15:40
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Localisation : Bretagne
J'emprunte encore une fois à ma critique cinématographique préférée (amateur et passionnée) cette analyse du film de Tarantino. :wink:

Citer :
Vous avez donc lu cent fois que « Inglorious Basterds » était un film génial. Je dis "voui", cent fois "voui" , sans l’ombre d’un doute.
« Inglorious Basterds » est avant tout un conte : « Once upon a time… » introduit le premier chapitre du récit, posant clairement les intentions de Tarantino. En quelques secondes, il invite le spectateur à rentrer dans son monde, dans son petit théâtre dont une demoiselle Lapadite ouvre le rideau, dévoilant l’entrée en scène du croque-mitaine.
Je vous invite d’ailleurs à lire pour la cent unième fois combien la scène d’ouverture du film est prodigieuse. Non seulement elle plante l’ambiance d’un western en pleine Seconde Guerre Mondiale, mais elle exprime avec un langage purement cinématographique un jeu de dominant dominé d’une perversité rare. Même les souvent très artificiels changements de langue sont dans cette séquence amenés de façon aussi intelligente que cohérente, afin de mieux refermer le piège autour des Dreyfus.
Chez Tarantino, çà a toujours beaucoup causé. Cela agace d’ailleurs beaucoup certains, qualifiant ses films de bavards. Alors que chez Tarantino, toute ligne de dialogue a son sens.
Personne n’y bave pour le plaisir de baver. Tarantino privilégie l’expression comme identité d’un personnage. Expression sous toutes ses formes, avec laquelle il tisse un rapport étroit au cinéma, qu’il érige dans toute sa filmographie au rang de langage universel, voire de clé de lecture de notre monde. « Inglorious Basterds » pousse cette logique jusqu’au bout.
La langue anglaise permet à Landa de ferrer les Dreyfus, l’accent de l’anglais infiltré attire l’oreille du SS, mais c’est sa façon de compter qui le confondra. Le cinéma est le seul langage commun à Frederik et Shosanna, et c’est ce même cinéma, pris ici au sens le plus large qu’il soit (le film, la salle, les bobines…), qui sert de tombeau au nazisme.
Le jeu des cartes révèle plus sur les modes de pensées des participants qu’un long discours.
La seule mention d’un verre de lait jette un voile de terreur.
Sa maîtrise de l’italien offre à Landa un coup de grâce, jouissif pour lui, à porter aux Basterds.
En la matière, « Inglorious Basterds » mériterait un exposé, à la lumière du reste de la filmo de Tarantino, tant il fait figure de somme face à tout ce que le réalisateur a su imposer au fil du temps.
Car chez moi, il y a toujours un mais, j’ai tout de même déploré le peu de séquence autour des Basterds. Si le personnage d’Aldo Raine (et son fabuleux accent italien, j’en ris encore) possède une certaine épaisseur dont je reparlerai plus tard, le reste de la bande manque un peu de profondeur.
Stiglitz, le seul à bénéficier d’une exposition à la « Kill Bill », est sans doute le membre du groupe le mieux mis en avant.
« Bear Jew » reste relativement lisse, sans parler de la foule des anonymes qui accompagnent Raine. Alors que d’ordinaire, Tarantino s’attache à personnaliser en quelques touches efficaces chaque membre de l’équipe, ici, les choses en restent souvent à la surface, sans personnification.
Les parallèles, les inversions, sont au cœur d’un film qui joue intelligemment à brouiller les cartes, jusque dans son final.
Le premier parallèle, évident, est cette construction de l’histoire en forme de western. Il y a dans « Inglorious Basterds » une bataille entre des cow-boys nazis et des indiens juifs.
Les cow-boys sont des armes à feu, les indiens utilisent plutôt l’arme blanche (Stiglitz) ou le bon vieux bout de bois (Bear Jew), quand ils ne tendent pas des embuscades (Shosanna, qui se fait des peintures de guerre avec son maquillage, et Aldo Raine, surnommé l’Apache).
Autre ressemblance troublante, entre Hans Landa et Aldo Raine. Chacun est en quelque sorte à la tête de sa faction. Aldo comme Landa décident qui vit ou meurt. Dans le civil, Aldo était un trafiquant, Landa un policier ou un détective privé. Tous les deux font leur travail avec abnégation, et sans merci.
La facilité avec laquelle Landa retourne sa veste, parce qu’il a bien compris que les jours du Troisième Reich sont comptés, montre bien le côté interchangeable entre lui et Raine.
Les Basterds ne valent pas plus que les Allemands en face. Aldo, s’il était né en 17 à Leidenstadt, aurait fait un très joli petit colonel SS, de même que Landa aurait sans nul doute mis à profit sa rouerie pour saper le moral des Nazis, s’il avait eu la nationalité américaine.
La scène de l’exécution du soldat allemand par Bear Jew était en la matière, assez éloquente.
Bear Jew, comme son charmant surnom l’indique, est juif. Pour lui, un allemand est forcément un nazi. Et si cet allemand porte des décorations, cela ne veut dire qu’une seule chose :
" -For killing jews ?
-Acts of bravery."
Même si le soldat ne s’est sans doute rendu coupable, comme il le dit, que de faits d’armes sur un champ de bataille quelconque (quelques temps avant, il accepte son sort plutôt que de mettre la vie d’autres soldats en danger), il sera exécuté, sans pitié.
Il y a là le même jugement implacable que dans le "Au revoir, Shosanna !" de Landa, condamnant la jeune juive à le retrouver un jour ou l’autre, et à subir alors le sort qu’il lui a réservé (de même qu’il laisse avec elle, comme Raine, un témoin pour répandre son histoire).
Landa et les Basterds considèrent leur cible comme une morte en sursis, un objectif déshumanisé sur lequel on cristallise une haine farouche.
Oui, cela fait du bien, de voir des nazis marqués d’une croix gammée au front, de les voir froidement exécutés sans pitié, de les regarder cramer dans une salle de cinéma transformée en four crématoire géant où le visage de la vengeance se déforme dans la fumée.
Tarantino est fort pour les exutoires, les séquences totalement libératrices, riches de violence gratuite mais pleine de sens. Le final dans le cinéma et l’arrivée des deux Basterds dans la loge, ouvrant le feu sur ses occupants est aussi efficace que le combat contre les Crazy 88 dans « Kill Bill ».
Le principe, ici, de mettre les nazis de temps en temps dans la position des juifs, et le final délirant, d’autant plus rafraîchissant qu’il réécrit l’histoire, révèle une fois de plus combien Tarantino utilise son media jusqu’au bout, avec une honnêteté et un bonheur évident des plus communicatifs. De toute façon, il le dit très bien lui-même : "Because we love making movies". Continue comme çà, pépère: “Because we love watching movies”.
PS : contrairement à ce que confie Tarantino à travers Aldo dans la toute dernière scène, je ne suis pas encore sûre que « Inglorious Basterds » soit son chef d’œuvre. On en reparle dans quelques années.


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