De l'or pour les braves est sorti en 1970 et je crois qu'il faut sans doute replacer le film dans son contexte. Celui de l'époque de la guerre du Vietnam, des mouvements de contestation, de la remise en cause des valeurs traditionnelles...
A l'époque, beaucoup de cinéastes étaient en train de casser les codes habituels des films de divertissement. L'un des cas les mieux connus est celui du
western : on a vu apparaître des anti-héros, des personnages principaux à la moralité douteuse comme - justement - Clint Eastwood incarnait dans les films de Sergio Leone... Tout le monde vous le dira : l'avènement du
western spaghetti, dans les années 1960, a accompagné - voire accéléré - le déclin du western traditionnel.
Même phénomène avec le film de guerre... Et
Kelly's heroes est un cas particulièrement typique : des personnages principaux pleins de défauts (mais sympathiques) font la guerre d'une façon qui n'a rien d'héroïque. Rien à voir avec
Les Bérets Verts de John Wayne, sorti deux ans plus tôt, et qui a incité des milliers de jeunes Américains à aller s'engager dans l'armée !
Ici, les gars se lancent carrément dans une entreprise privée avec, pour seul objectif, une banque qu'ils pourront piller. Bref, ces soldats malfaiteurs - qui passeront pour héroïques aux yeux du général local - sont bel et bien des traîtres !
Présenter des traîtres comme sympathiques, les voir réussir leur mauvais coup et parvenir finalement à échapper à la justice, voilà qui était presque inimaginable au cinéma quelques années plus tôt...
Mais, depuis, on peut dire que ce genre d'histoire est devenu habituel dans les productions hollywoodiennes.
Tiens, je vous conseille de (re)voir
Les Rois du désert de David O. Russell, sorti en 1999. Le scénario de ce film accuse des ressemblances troublantes avec
Kelly's heroes... Sauf que, là, les soldats américains veulent voler l'or de Saddam Hussein pendant la 1ere Guerre du Golfe !