Déjà, je renvoie à l'émission Arrêts sur Image, notamment l'intervention d'Albaret. Ce dernier montre en particulier les énormités de la série sur le fonctionnement de l'Inquisition.
Un résumé fait par le site, pour les non-abonnés:
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Pour ceux qui n'ont jamais entendu parler d'Inquisitio, lisez d'abord notre enquête sur cette saga d'été qui s'est attirée un certain nombre de critiques. Sur notre plateau, Nicolas Cuche explique d'abord comment est née cette saga qui se déroule dans la France du XIVe siècle, à l'époque où deux papes rivaux se font la guerre : Clément VII, pape d'Avignon, et Urbain VI, pape de Rome. Quelles ont été les exigences de la chaîne ? Le scénario a-t-il été modifié au cours des deux années d'écriture pour coller au format de la saga d'été ? Cuche raconte le making of de cette série, notamment le choix de présenter le pape Clément VII comme un débauché, au grand dam de Laurent Albaret, historien médiéviste. (acte 1)
Si Cuche assure que deux historiens (dont il n'est pas capable de donner les noms) ont visionné les deux premiers épisodes, des catholiques ont vivement protesté contre la série, et notamment contre la présentation de Catherine de Sienne, une sainte, censée pactiser avec le diable dans Inquisitio. Cuche assure qu'il ne s'attendait pas à une tellle levée de bouclier. "Il n'y a aucune volonté anticléricale dans mon travail", explique-t-il. Selon lui, il n'y a pas d'ambigüité : c'est bien une fiction, tout est inventé. Et à aucun moment, pendant le travail commun avec France 2, ou lors des projections de presse, il n'y a eu un doute sur la dimension fictive de la série... même si elle met en scène des personnages qui ont existé. (acte 2)
Certes, Inquisitio est une fiction, mais Christophe Naudin déplore que la série donne une image caricaturale du Moyen Âge, toujours présentée comme une période sombre, marquée uniquement par l'obscurantisme religieux par opposition à la Renaissance. Cuche reconnaît qu'il a représenté un Moyen Âge qui correspond à l'inconscient collectif. Exemple : le palais des papes était sompteux, l'intérieur était neuf, tout était peint. Pourquoi ne pas l'avoir reconstitué comme ça dans la série ? "Parce que je pense qu'on ne l'aurait pas cru", répond Cuche. Résultat : la série "cultive le fantasme du Moyen Âge noir", déplore Albaret. Mais quel est cet autre Moyen Âge ? (acte 3)
Dans la série, le personnage central est un inquisiteur, façon détective à la recherche du moindre indice pour élucider les crimes inexpliqués. Ce qui n'est absolument pas crédible, explique Albaret puisqu'un inquisiteur n'enquêtait jamais sur des meurtres. Et l'historien de souligner plusieurs incohérences : la présence à côté de l'inquisiteur d'un novice comme dans le film Le Nom de la rose, ou l'utilisation de la torture au cours de l'enquête de l'inquisiteur, alors que le bourreau dépendait en fait de la justice royale à l'époque médiévale. Une nouvelle fois, Cuche donne raison au médiéviste. Alors jusqu'où peut-on aller dans la fiction historique ? (acte 4)
Pour Nicolas Cuche, les protestations, notamment des milieux catholiques, n'auraient pas eu lieu il y a dix ans. "C'est révélateur d'un climat actuel et d'une tension" sur les questions religieuses aujourd'hui explique-t-il. Laurent Albaret raconte d'ailleurs qu'il a été contacté par la conférence des évêques de France pour savoir quelle attitude ils devaient adopter. L'ampleur de la polémique a surpris, donc. Mais France 2 n'a-t-elle pas joué avec le feu ? On apprend en fin d'émission que la polémique avait en fait débuté avant même la diffusion du premier épisode : pour faire la promo de sa saga d'été, France 2 avait mis en ligne sur son site internet un jeu où l'on pouvait "faire brûler virtuellement ses amis". Un jeu qui avait rapidement été retiré. (acte 5)
En ce qui concerne les personnages, Clément VII est transformé en Alexandre Borgia (et encore, sa version fantasmée) alors qu'on ne sait pas grand chose de lui. Et Catherine de Sienne en terroriste bactériologique (c'est elle qui répand volontairement la peste). Ce qui fait beaucoup pour deux personnages réels. La fiction ne permet pas tout.