Caesar Scipio a écrit :
Je le crains aussi, mais je pense qu'Oliver Stone a mis, certes pas exclusivement, l'accent sur la dimension psychologique. Je ne crois pas que ce film ne soit qu'un film de guerre.
Mais à ce que j'ai aperçu de la bande annonce, on devrait avoir droit à l'explication psychanalytique avec le conflit mère/père, aux thèmes qu'on retrouvait déjà dans les sources antiques, à l'assassinat de Cleitos, à la blessure en Inde, à la rébellion de l'armée.
C'est un assez bon résumé du film
.
Evidemment, face à un film d'histoire les passionnés d'Histoire auront une tendance naturelle (déformation "professionnelle") à chercher l'anachronisme, "l'erreur" ou les manques (forcément cruels !). De plus, la nature même d'un film exige d'inventer quelques dialogues, décors... puisqu'il faut donner une dimension image/son à des textes antiques avec tous les risques que cela peut comporter. Mais rappelons nous que les cinéastes ne font pas des films d'histoire uniquement pour les passionnés d'Histoire.
A cas présent, je vous donne donc mes impressions:
La jeunesse d'Alexandre
Philippe est présenté quasi-exclusivement sous son profil sombre (buveur, violent, peu raffiné, noceur...) et le film passe sous silence toute son oeuvre administrative et militaire. Sinon, le portrait d'Olympias correspond bien à l'image que je m'en fais.
Alexandre devient roi
Je trouve que le film donne trop l'impression qu'Alexandre devient roi par défaut suite à la mort de son père. Or Alexandre était déjà un prince "expérimenté : ilavait déjà eu l'occasion d'assumer la régence du royaume en l'absence de son père et c'est lui qui commandait la cavalerie à Chéronée qui écrasa le bataillon sacré thébain. Sur le complot contre Philippe le film laisse entendre qu'Olympias en serait l'instigatrice, c'est une thèse discutable et d'ailleurs discutée chez les historiens eux-mêmes.
La conquête
Le film se concentre sur Gaugamèle. Là je trouve que le réalisateur passe un peu vite toute la campagne précédente et, gros oubli, on ne voit pas quelques épisodes marquants (le siège de Tyr, l'oracle d'Amon, la fondation d'Alexandrie). Sur la bataille de Gaugamèle elle-même je trouve cela bien fait (même si après 3 opus du Seigneur des Anneaux on commence à être difficile) avec le clin d'oeil de l'aigle (Zeus) qui survole le champ de bataille et la dimension bruit/fureur/boucherie de ce genre d'affrontement.
Babylone
C'est la Babylone de Nabuchodonosor que l'on voit, cela pourrait se discuter, mais ne pinaillons pas. Par contre, on ne voit pas assez les "Asiatiques" : on n'est quand même en pleine rencontre de l'occident grec et de l'orient (la Perse et ses satrapies "colorées"); l'Asie Mineure était culturellement grecque et on a déjà raté l'arrivée en Egypte.
Le mariage avec Roxane
C'est le passage qui me déplaît le plus. On voit trop que le film a été tourné au Maroc : constructions berbères du Haut-Alas, visages berbères et un portrait de Roxane genre "féline berbère"...
L'Inde
Le passage le mieux traité peut-être. Bon rendu de l'incompréhension des Grecs face à une nature inconnue (faune, flore, pluies torrentielles), lassitude des soldats, hostilités en tout genre. Bon évidement, Alexandre fut blessé par une flèche lors d'un siège et non en combattant l'éléphant de Porus mais bon on est au cinéma... A noter le flash back sur son enfance qui remet un peu les choses en place sur la relation d'Alexandre avec son père autant que l'on peut en juger 2300 ans plus tard.
Remarques générales
Globalement, les uniformes sont bien traités (Philippe porte une réplique "exacte" de la cuirasse retrouvée à Vergina, le casque d'Alexandre est celui que l'on peut voir sur certaines pièces de monnaie...). J'aime bien le décor d'Alexandrie et l'idée d'un Ptolémée narrateur car après tout c'est lui qui fut sans doute le plus proche de l'esprit d'Alexandre.
A voir donc mais... lire aussi les références bibliographiques données supra