Lord Foxhole a écrit :
Jerôme a écrit :
Lord Foxhole a écrit :
Excusez-moi mais il me semble que l'on mélange un peu tout et n'importe quoi dans ce sujet...
Le cinéma hollywoodien et le cinéma français, les comédies et les films policiers, etc.
Entre parenthèses, je vois mal pourquoi coller l'étiquette de « films propagandistes » sur Paris brûle-t-il ? (1966) de René Clément et L'Armée des ombres (1969) de Melville... Ou alors tous les films historiques et les drames de guerre doivent-ils être considérés comme des « films propagandistes » ?
Ce sont des films qui donnent une image héroique de la Résistance et indirectement de la France occupée, en laissant une place plus que limitée aux communistes et faisant silence sur la collaboration. On peut donc dire qu'ils adhèrent à la conception gaulliste de la seconde guerre mondiale. C'est en cela que ceratins les qualifient de "gaullistes". Evidemment ce ne sont pas des oeuvres grossières de matraquage idéologique !
A franchement parler, je me demande si vous avez vraiment visionné
L'Armée des ombres de Melville, parce que ce film est très sombre et ne donne aucunement l'impression que tous les Français étaient de joyeux résistants... Il y est régulièrement question de dénonciations, de risques de trahison, et d’exécution de ceux qui mettent en péril le réseau des personnages principaux.
Exécuter un pauvre gars ligoté en l'étranglant, pour éviter de faire du bruit (ce qui alerterait le voisinage), j'avoue mal y percevoir ce qu'il y a d'héroïque...
D'ailleurs, à la fin, quelques plans annoncent la (future) fin tragique de tous les « héros » du film :
Citer :
« Claude Ullmann, dit « Le Masque », eut le temps d'avaler sa pilule de cyanure, le 8 novembre 1943. Guillaume Vermersch, dit « Le Bison », fut décapité à la hache dans une prison allemande le 16 décembre 1943. Luc Jardie mourut sous la torture le 22 janvier 1944 après avoir livré un nom : le sien… Et le 13 février 1944, Philippe Gerbier décida, cette fois-là, de ne pas courir. »
Bien d'accord avec vous ! Mon avis reste que si le film se veut résolument gaulliste, il me semble qu'il essayait d'installer une réconciliation entre collabos et résistants. Le film s'éloigne du manichéisme que l'on a pu m'"enseigner" à l'école par exemple (l'éducation nationale est-elle l'oeuvre d'une propagande dans ce cas ?).
Le final (si vous n'avez pas vu le film, ne lisez pas cette phrase !), où les protagonistes sont obligés de se salir les mains en tuant une des leurs montre bien que la Résistance s'éloigne de l'héroïsme qu'on peut relater au lycée à l'heure actuelle. D'ailleurs, tout dans le film indique ce choix. Le jeu des couleurs, froides peu importe le personnage à l'écran, contraste avec un film d'Enseinstein qui, lui, installe une nuance de gris plus ou moins claire selon le "méchant" ou le "gentil" (film en noir et blanc oblige...).
Abusive est l'idée qu'une oeuvre ou un support culturel, qui donne "sa" vision des choses est cataloguée comme potentielle propagande.
Comme dit plus haut, une définition de "propagande" s'impose, ce qui est impossible. Et chacun impose sa frontière.
Pour moi, un film de propagande s'inscrit dans une logique de "formatage" intellectuel, idéologique (avec une volonté consciente ou pas). Eisenstein reste pour moi l'exemple le plus concret, d'un homme maîtrisant un savoir technique (celui du montage par exemple) au service d'une cause qu'il peut lui-même rejeter ou pas (concernant le Sergueï, j'avoue avoir du mal à le situer, cf "le pré de Béjine" ou "Ivan"). Cette contradiction se retrouve dans de nombreuses oeuvres (Chez Sartre notamment, mais c'est hors-sujet). À l'inverse, il a aussi une propagande plus douce car cadenassée dans les moeurs et les croyances populaires, plus pernicieuse car invisible, que l'on retrouve dans le cinéma anglo-saxon particulièrement ; me vient à l'esprit Inglorious Basterds, où je reste persuadé que Tarantino, involontairement, nous crache à la figure une vision très américaine (à la Bush) de l'Histoire (hélas, pour en avoir beaucoup discuté avec certains de mes compagnons étudiants, j'ai constaté que ça "a pris").
De même, restons dans l'actualité, avec le futur film de Nolan sur l'opération Dynamo, où, d'après quelques personnes ayant déjà vu le film (à prendre avec des grosses pincettes), le film n'aborde que l'histoire des soldats anglais et oublie les français. Là aussi, considérez-vous ça comme de la propagande ? Éduque-t-on le britannique ou américain avec une vision très "anglo-saxonne" de cette partie de la guerre ?
Et oui, effectivement, je parlais de la puissance quasi-pharmacologique de la propagande cinématrographique sur la masse (notamment dans les dictatures "lourdes"). Je voulais surtout aborder la façon dont les gens ont pu percevoir cela. Sujet vaste, où suivant le pays, telle population sera plus sensible à certains thèmes.