Jefferson a écrit :
Les flics y sont rarement à l'honneur. Ainsi que les institutions, les juges, les hommes politiques, etc. Et toute la blacksploitation des années 70 ? Et un millier d'autre film américains remplis de flics véreux, de politiciens corrompus, de patrons avides, de juges soumis à leurs plaisirs coupables, des années 40 à nos jours.
Pour les films populaires, les "flics" ont parfois le beau-rôle : Les Incorruptibles, Inspecteur Harry et d'autres. Une touche italienne et ceci devient plus complexe : "The Good, The Bad, The Ugly".
Jérome a écrit :
Pour revenir à Fantomas, cette série est parfois comparée à James Bond. Mais alors que 007 est un séducteur au service de sa Majesté, et que les méchants sont presque toujours laids, cruels et parfois même francophones, en France le séducteur est justement le méchant (joué par Jean Marais) tandis que le commissaire est grotesquement joué par De Funès ! les institutions françaises (et gaulliennes) sont donc ridicules CQFD !
J'ignorais cette comparaison avec 007. Les acteurs jouant les "méchants" ne sont pas "laids", leur comportement l'est.
Frantomas est dans le style "farce" comme beaucoup de films populaires avec de Funes. C'est l'héritage de la "commedia dell'arte" avec le côté burlesque mais le bon l'emporte toujours, il existe une "morale".
Si Jean Marais a le rôle du "méchant", il est aussi le journaliste en quête de vérité et souvent c'est une jeune fille -l'innocence amoureuse- qui crée le déclic et donne le chemin.
Poussé et en oubliant le côté "farce" ceci peut nous rappeler une tragédie.
Oedipe qui recherche une vérité dans le but de soulager ses sujets (c'est le rôle du gentil, beau, intelligent à qui tout sourit et tout réussit bien que parfois d'extraction modeste). Cette élévation amène un pouvoir et ce pouvoir permet d'initier des lois. De "gentil et jeune", le personnage devient gonflé d'un orgueil qui le rend aveugle, l'orgueil de sa position le rend "épaix".
Tirésias est laid, pauvre et aveugle. Sa cécité ne l'empêche pas de "voir" intérieurement, de prévenir. Il est conduit par un enfant (l'innocence), il se voit repoussé par un roi suffisant ayant oublié toute raison et toute humanité (on retrouve ceci avec César et la mise en garde pour les Ides de Mars).
La situation se retourne et Oedipe devient aveugle, il est banni, condamné à l'errance, seule sa fille toujours en connection avec la raison et l'humanité le conduit car la cécité d'Oedipe ne le rend pas plus clairvoyant. Une farce est souvent le support d'une tragédie ("La Folie des Grandeurs").
L'inspecteur (de Funes) enflé d'orgueil ne voit rien et alors qu'il est censé incarner la raison, emmêle tout. Son entourage malmené et ridiculisé est souvent sur la bonne piste mais se heurte à l'autorité bornée. Nous rions de bon coeur car l'équilibre est sauvé par le "burlesque", sans l'effet "burlesque" ce pourrait -tel les contes- frôler la tragédie et tout ce que l'humanité offre de négatif. Ce qui est positif est généralement "sanctionné". C'est là encore ce que nous souhaitons.
Pour ce qui est de la propagande, elle semble exister avec le dessin, l'image (très tôt) alors avec la multiplication d'images qui forment un "film", c'est bien sûr un outil rêvé. Parfois n'est-ce pas aussi ce que nous tenons à voir, à entendre afin de n'avoir pas à penser et se sentir rassurés car pas aveugles de ce qui nous entoure, la version donnée fait office de loi (reconnue par la majorité) et devant la loi -du moment- impossible de désobéir ou de dénoncer un mensonge aussi énorme soit-il. On peut s'interroger, avoir une opinion mais le poids de la majorité à défaut de rendre aveugle (quoique) rend muet.