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Message Publié : 11 Avr 2008 15:20 
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Polybe
Polybe

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Localisation : Maurs-la-Jolie (Sud-Ouest du Cantal)
Quand les PTT se penchaient sur le berceau de la future télévision française.

Bonjour à toutes, et bonjour à tous,

Au cours de l'année 2001, la première année du vingt-et-unième siècle et du troisième millénaire de l'ère chrétienne, les médias ont demandé aux Français par sondage quelle était selon eux l'invention qui avait le plus marqué le vingtième siècle ? La réponse majoritaire (à plus de 80%) fut : la télévision !... En tant qu'ancien agent du ministère des PTT je suis assez fier que ma vénérable administration des PTT ait été à l'origine de cette invention, et qu'elle l'ait largement développée, avant qu'en 1959 elle ne prenne définitivement son indépendance. Et pourtant très peu de gens se souviennent que la télévision française est une fille des PTT. Aussi, je me permets de rappeler ici brièvement l'histoire de la naissance et des débuts de la télévision française, sous la tutelle bienveillante des PTT.

Voici quelques dates importantes des débuts de la télévision en France.

En 1909 personne ne croyait encore à la possibilité de la transmission électrique des images. Cette année-là l'Académie des Sciences en France déclare : « Le problème de la transmission électrique des images est une utopie irréalisable. » .

Jeudi 5 décembre 1929 : Jean Barthélemy, âgé de six ans, alors qu'il jouait dans le jardin du pavillon familial, situé 1 rue du Plateau à Fontenay-aux-Roses (Seine), est appelé par son père René Barthélemy, ingénieur responsable du laboratoire radioélectrique de la CDC (Compagnie Des Compteurs), pour venir dans son laboratoire personnel installé dans la chambre d'amis. Sur l'écran minuscule d'une machine imposante Jean Barthélemy put distinguer un visage : celui de Marius Lamblot, l'assistant de son père, transmis en direct depuis le laboratoire de la CDC à Montrouge avec une définition de 30 lignes. Jean Barthélemy fut sans doute le premier “téléspectateur” [le mot ne sera officialisé qu'à partir de 1950] français non professionnel.

Mardi 14 avril 1931 : le ministre des PTT Charles Guernier autorise René Barthélemy a organiser la première démonstration publique de télévision en France. Jusqu'ici cette invention n'était jamais sorti des trois laboratoires français travaillant dessus : celui de René Barthélemy 77 Grand-Rue à Montrouge (département “télévision” de la CDC), celui d'Henri de France au Havre, et enfin celui de Marc Chauvière rue Jules-Simon à Boulogne-Billancourt. La première émission de télévision relie le laboratoire de la Compagnie des Compteurs à Montrouge au grand amphithéâtre de l'école supérieure d'électricité à Malakoff, située à deux kilomètres. A 20H00 huit cents invités privilégiés peuvent voir des images télévisées verdâtres avec une définition de 30 lignes sur un écran de verre dépoli de 40 centimètres sur 30. Le programme est un petit film diffusé grâce à un appareil de télécinéma “L'Espagnole à l'éventail” . A cette occasion Suzanne Bridoux, la secrétaire du directeur de la CDC Ernest Chamon, devient la première présentatrice de la télévision française. Trois fois de suite le même film sera diffusé et elle interviendra à chaque fois pour l'annoncer. Par ces trois annonces, faites en direct, elle prouva que l'invention de René Barthélemy pouvait en plus du télécinéma diffuser des images en direct.

Janvier et février 1932 : Henri de France réalise à son tour une transmission d'images télévisées entre Fécamp et Le Havre, distants de 34 kilomètres, en profitant de l'émetteur de la station privée de TSF (à l'époque on nommait ainsi communément la radiodiffusion) “Radio Normandie” qui émettait depuis Fécamp. Cette transmission d'images télévisées d'une définition de 60 lignes était alors appelée la “Radio-Vision”. Quelques rares possesseurs de postes de “Radio-Vision” capteront ces programmes à plus de 100 km, et même jusqu'à Toulouse !... Techniquement c'était donc une réussite, mais commercialement c'était un échec complet. Aussi, faute de “Radio-Viseurs” assez nombreux ces essais de transmission d'images sur “Radio Normandie” cesseront assez rapidement ...

25 et 27 octobre 1932 : à la demande d'Henri Queuille, ministre des PTT, des essais comparatifs sont réalisés entre Montrouge et le Laboratoire National de Radioélectricité pour départager les trois systèmes de télévision : celui de l'Anglais John Baird, et ceux des deux Français René Barthélemy et Henri de France. Le rapport de synthèse, établi le 7 novembre 1932, recommande le système de René Barthélemy. Henri Queuille met alors à sa disposition un local technique au troisième étage du 93 rue de Grenelle. Quant aux images elles sont diffusées depuis l'émetteur de l'École Supérieure des PTT 103 rue de Grenelle sur 430 mètres ondes moyennes. Les émissions de ce studio d'essai débutent en décembre 1932. Il n'y a alors officiellement que six récepteurs seulement en France, tous situés en région parisienne, pouvant capter ces émissions expérimentales :
* un récepteur de contrôle situé au local technique du 93 rue de Grenelle ;
* un récepteur situé au laboratoire de la CDC 77 Grand-Rue à Montrouge ;
* un autre situé au domicile d'Ernest Chamond, le Directeur de la CDC ;
* un quatrième situé au domicile de Jean Le Duc, administrateur de la CDC ;
* un cinquième situé au domicile de René Barthélemy à Fontenay-aux-Roses ;
* enfin un sixième récepteur situé au domicile d'un amateur passionné, qui se l'est procuré auprès de la CDC.

Samedi 19 janvier 1935 : au cours d'un dîner entre amis chez son directeur de cabinet, Georges Wormser, Louis Rothschild dit Georges Mandel (en 1902, à l'âge de 17 ans, il prend le pseudonyme de Georges Mandel [qui était le nom de sa mère] dans des articles pour le quotidien de gauche “Le Siècle” afin de ne pas être pris pour un des membres de la famille des banquiers Rothschild) ministre des PTT depuis le 8 novembre 1934 (donc depuis deux mois), découvre la télévision. Intrigué par cet appareil curieux, qui ne peut recevoir d'émissions le soir puisqu'elles n'ont lieu quotidiennement que pendant une heure dans l'après-midi, Georges Mandel se fait expliquer comment fonctionne ce “récepteur-vision” dont il n'a jamais entendu parler (et pourtant ce sont ses services qui financent depuis plus de deux ans les transmissions depuis le studio expérimental de la CDC à Montrouge).

Lundi 21 janvier 1935 : Georges Mandel, qui aime à réagir très rapidement, se rend de bon matin à Montrouge à la Compagnie des Compteurs à Montrouge. Il y rencontre le Directeur, Ernest Chamon, et l'ingénieur René Barthélemy. Il assiste à une transmission improvisée au cours de laquelle Mademoiselle Suzanne Bridoux, la secrétaire d'Ernest Chamon, parle devant la caméra. Georges Mandel, d'une humeur glaciale, s'en va presque aussitôt, sans commentaire ... Le personnel de la CDC à Montrouge s'attend à ce que le ministre des PTT mette fin aux expériences de télévision ...

Lundi 4 février 1935 : Georges Mandel fait annoncer à René Barthélemy qu'il l'encourage à poursuivre ses émissions expérimentales de télévision et qu'il a décidé de développer la télévision en France !...

Mercredi 17 avril 1935 : Georges Mandel annonce à la presse sa décision d'organiser à la station de Radio-Paris-PTT un service de télévision. Une démonstration publique aura lieu dans une dizaine de jours au ministère des PTT 103 rue de Grenelle.

Vendredi 26 avril 1935 : Georges Mandel préside entre 20H15 et 20H30 la première émission officielle de la télévision française depuis le studio du ministère des PTT 103 rue de Grenelle. Anne-Marie Bolchesi (dite Béatrice Bretty), au titre de comédienne (et non au titre de maîtresse de Georges Mandel), parle devant la caméra en direct durant dix minutes. Elle évoque un récent voyage de la Comédie française en Italie. La définition des images est de 60 lignes. Le programme filmé en direct depuis le studio de la rue de Grenelle est acheminé par un câble téléphonique long de 2 500 mètres jusqu'à un émetteur situé au pilier Nord de la tour Eiffel, de là un autre câble relie le pilier Nord à l'antenne émettrice situé au sommet de la tour à 320 mètres de hauteur.

Mercredi 15 avril 1936 : le ministre des PTT Georges Mandel déclare qu'il va autoriser, à compter du 1er novembre 1936, la création d'une première station de télévision privée, en plus de Télé-Paris PTT, pour le quotidien “Le Petit Parisien” (Télé Poste Parisien) 52 avenue des Champs Elysées (Paris 8ème). Il laisse entendre qu'une deuxième station pourrait être autorisée ensuite à Toulouse pour “ Radio Toulouse ” avec le concours technique d'Henri de France, et peut-être même une troisième à Lyon pour “Radio Lyon” avec le concours technique de Marc Chauvière. Nul doute que la France allait alors prendre un essort considérable dans l'histoire de la télévision mondiale !...

Lundi 8 juin 1936 : le tout nouveau ministre des PTT du “Front Populaire” Robert Jardillier, maire socialiste de Dijon, supprime l'autorisation d'émettre pour Télé Poste Parisien et se déclare formellement opposé à toute nouvelle télévision privée. Il déclare : « Il n'est pas question d'une télévision capitaliste !... » . Une occasion est manquée pour la France. Il est curieux de constater que ce sera finalement sous un autre gouvernement socialiste, celui de Laurent Fabius, que sera inaugurée le 4 novembre 1984 la première chaîne de télévision privée en France “Canal Plus” ...

Vendredi 15 octobre 1937 : le Président de la République française Albert Lebrun vient assister à une séance de télévision à l'exposition universelle de Paris. Lorsqu'on lui propose de le télé-visionner à son tour il se récuse avec le sourire en promettant de faire mieux la prochaine fois. Albert Lebrun a ainsi laissé passer l'occasion d'être le premier chef de l'état au monde à être interviewé par la télévision ...

Samedi 29 juillet 1939 : un décret transfère du ministère des PTT à la Présidence du Conseil la tutelle de la radiodiffusion (et donc aussi de la télévision) ; donc à partir de cette date les PTT et la télévision française commencent à ne plus être intimement liés ...

* Samedi 2 septembre 1939 au soir : les téléspectateurs parisiens qui ont la chance d'avoir un "radio-viseur" ne se doutent pas qu'ils regardent pour la dernière fois une émission de la télévision française, en noir et blanc, avec une définition de 455 lignes. Combien étaient-ils ? Difficile de le savoir puisqu'il n'y avait pas encore de redevance (c'est la loi du 30 juillet 1949 qui instaurera la redevance télévisuelle en France, avec application à compter du 1er janvier 1950). On peut seulement estimer à environ deux à trois cents le nombre de récepteurs de télévision alors en service.

* Dimanche 3 septembre 1939 à 17 heures : la France déclare la guerre à l'Allemagne, suite à l'agression de la Pologne par le troisième Reich. Le poste de télévision "Paris-PTT-Vision" doit, sur ordre des autorités militaires, qui prennent le contrôle de l’émetteur de la tour Eiffel, cesser ses émissions.

* Lundi 16 octobre 1939 (le jour de la rentrée des classes 1939-1940 à Paris) : les émissions télévisées reprennent, discrètement, pendant seulement une demi-heure par jour, de 20H00 à 20H30. Ce sera plus une maintenance technique qu'une reprise véritable des programmes. De crainte d'une attaque aérienne allemande contre la tour Eiffel cette reprise ne sera pas annoncée par la presse. Ces émissions, semi-clandestines, dureront jusqu'au 11 juin 1940.

* Mercredi 12 juin 1940 : l'émetteur 455 lignes de la tour Eiffel est définitivement saboté par l'armée française, deux jours avant l'entrée des troupes allemandes à Paris.

* Mercredi 8 juillet 1942 : des techniciens allemands commencent à réparer l'émetteur de la tour Eiffel saboté par les Français le 12 juin 1940. Ils l'équipent avec du matériel 441 lignes provenant de l'ancienne station de Berlin, qui a cessé d'émettre le 25 août 1939.

Pourquoi les Allemands décident-ils de remettre en fonctionnement un émetteur de télévision à Paris, alors que celui de Berlin reste toujours hors service ? Eh bien, c'est une des conséquences indirectes de l'opération "Barberousse" (Barbarossa) : l'assaut, à compter du dimanche 22 juin 1941 de l'Union Soviétique par la Wehrmacht. Si l'avancée des troupes allemandes en Russie Soviétique fut très rapide jusqu'au début décembre 1941 (où elles sont arrivées à moins de vingt kilomètres de Moscou), l'hiver 1941-1942, puis le printemps 1942 furent très rudes pour les soldats allemands qui ont dû combattre à la fois la rudesse du "général hiver" et les coups de main des partisans soviétiques qui s'étaient ressaisis.

Il y eut alors de nombreux soldats blessés. De peur qu'ils ne démoralisent la population, les trains sanitaires spéciaux les transportèrent directement du front russe à Paris, en traversant rapidement l'Allemagne de nuit sans s'arrêter, où ils furent soignés dans des hôpitaux civils dont une grande partie des salles avaient été réquisitionnées par l'armée allemande. Après deux ou trois semaines de convalescence à Paris, ces soldats de la Wehrmacht étaient enfin autorisés à aller voir leurs proches en Allemagne. Leurs témoignages sur la dureté du front soviétique étaient de ce fait largement édulcorés…

C'est alors que Kurt Hinzmann, jeune officier allemand, soumet en juin 1942 aux autorités militaires de Berlin l'idée de remettre en état l'émetteur de la télévision de la tour Eiffel pour distraire les soldats allemands convalescents dans les hôpitaux parisiens. Son idée leur plut bien, et elles lui donnèrent tous les moyens humains, financiers, et techniques pour réaliser à bien son projet.

* mercredi 8 juillet 1942 : des techniciens allemands commencent à réparer l'émetteur télévision de la tour Eiffel saboté par les Français le 12 juin 1940. Ils l'équipent avec du matériel Telefunken 441 lignes provenant de l'ancienne station de Berlin, qui a cessé d'émettre le 25 août 1939.

* Lundi 13 juillet 1942 : des opératrices anglaises de la station radar de Beachy Head dans la côte du Sussex captent sur la fréquence de 46 Mégahertz d'étranges signaux qui n'entrent pas dans le spectre habituel des émissions radio ou radar. Les relevés radio-goniométriques indiquent que la source de ces émissions mystérieuses est Paris. Craignant une nouvelle invention diabolique de la part des Allemands cette base envoie des photographies de ces mystérieux spectres hertziens au Quartier Général des transmissions de la Royal Air Force. Une semaine plus tard George Kelsey, ancien technicien radio ayant travaillé avant-guerre sur la réception d'images télévisées de la BBC, décode qu'il s'agit de signaux de télévisions. Une équipe part à Beachy Head muni d'un téléviseur britannique d'avant-guerre captant les programmes sur 405 lignes (norme britannique). Là, ils bricolent une antenne géante de 31,50 mètres de haut et bidouillent leur récepteur pour le transformer à la norme 441 lignes. Enfin, le 25 juillet 1942 une image, sans son, apparaît sur leur téléviseur : la tour Eiffel avec une inscription en allemand “Fernsehsender Paris” (télévision de Paris). Jusqu'à la Libération de Paris les services secrets britanniques seront sans doute les téléspectateurs les plus attentifs de cette station de télévision parisienne. Jamais les Anglais ne révèleront si ces programmes télévisés leur ont apporté des informations précieuses pour eux, et de quelle nature ? Bien entendu les Allemands n'imagineront jamais que leurs programmes télévisés sont captés en Angleterre !...

* Lundi 17 août 1942 : les techniciens allemands ont entièrement remis en état la station de télévision de la tour Eiffel, qui émet sur 441 lignes. L'administration et les studios “ Fernsehsender Paris ” sont situés au 12 cité Martignac (Paris 7ème). Seule la mire fixe représentant la tour Eiffel est diffusée, généralement en fin d'après-midi et en début de soirée, avec le son de radio-Berlin.

* Vendredi 7 mai 1943 : “Fernsehsender Paris” commence à diffuser des programmes télévisés expérimentaux pendant deux heures par jour (de 19H00 à 21H00) depuis les studios minuscules du 12 cité Martignac (Paris 7ème). La ritournelle de début et de fin des programmes est celle de la chanson “Sur le pont d'Avignon” interprétée par la fanfare de Pierre Cadel. Deux caméras électroniques assurent les prises de vue en direct.

* Samedi 17 juillet 1943 : les autorités allemandes font réquisitionner les locaux des 13 et 15 rue Cognac-Jay (Paris 7ème).

* Mercredi 28 juillet 1943 : tout le personnel administratif et technique de “Fernsehsender Paris” déménage du 12 cité Martignac pour l'ancien cabaret “Magic-City” 15 rue Cognac-Jay (Paris 7ème). Leurs deux lignes téléphoniques sont INValide 08-86 et INValide 08-89.

* Jeudi 30 septembre 1943 : inauguration officielle de “Fernsehsender Paris” . Désormais la station émet huit heures par jours, puis douze heures à partir de janvier 1944. En fait entre deux programmes réellement télévisés la station diffusait la mire à la tour Eiffel (de 12h00 à 14h15, puis de 17h00 à 19h00, puis enfin de 22h00 à 24h00) en reprenant le son de radio-Berlin. Ces programmes sont principalement destinés aux soldats allemands en convalescence dans des hôpitaux parisiens. Pour eux on a fait venir d'Allemagne environ 250 téléviseurs d'avant-guerre captant parfaitement le 441 lignes. Douze autres téléviseurs 441 lignes sont également installés dans des chambres de l'hôtel Majestic pour des officiers supérieurs allemands. Quelques 150 autres téléviseurs français réquisitionnés, prévus pour le 455 lignes d'avant-guerre, peuvent également capter les programmes, mais dans de moins bonnes conditions techniques. Ces émissions quotidiennes dureront jusqu'au 12 août 1944 à 23H30.

* première quinzaine d'août 1944 : au fur et à mesure qu'elles évacuent Paris les troupes allemandes emportent avec elles la quasi-totalité des 250 téléviseurs 441 lignes équipant les hôpitaux parisiens. En revanche, les douze téléviseurs 441 lignes des chambres de l'hôtel Majestic resteront bien sur place.

* samedi 12 août 1944 à 23H30 (21H30 TU) : “Fernsehsender Paris” interrompt définitivement ses émissions.

* jeudi 17 août 1944 : Kurt Hinzmann, le responsable allemand de “Fernsehsender Paris” reçoit du Haut Commandement militaire allemand de Paris l'ordre de faire immédiatement sauter l'émetteur télévision de la tour Eiffel. Kurt Hinzmann refusera d'obéir à cet ordre, qu'il juge stupide et inutile pour retarder l'avance des Alliés sur Paris. Grâce à ce geste chevaleresque la France pourra reprendre ses programmes télévisés dès le 24 mars 1945, et de ce fait devenir jusqu'en juillet 1962 (et les premières images télévisées par satellite avec Telstar 1) la télévision dominante d'Europe.

* samedi 19 août 1944 à 07H50 du matin : Kurt Hinzmann et cinq autres Allemands travaillant à “Fernsehsender Paris” quittent discrètement Paris pour Saint-Dié (Vosges).

* Samedi 24 mars 1945 : reprise expérimentale des émissions de télévision, diffusées depuis le studio du 15 rue Cognac-Jay (Paris 7ème), depuis le pilier Nord de la tour Eiffel, avec l'émetteur allemand Telefunken de “Fernsehsender Paris” d'une définition de 441 lignes VHF (Very High Frequency ; très haute fréquence, ondes métriques). Environ cent-cinquante téléviseurs, captant la définition 455 lignes d'avant-guerre, sont susceptibles de les capter, avec cependant beaucoup moins de netteté que les très rares téléviseurs allemands prévus pour capter le 441 lignes que les troupes du IIIème Reich n'ont pas emportés avec elles lors de l'évacuation de Paris en août 1944. Les douze récepteurs 441 lignes restés en août 1944 dans les chambres de l'hôtel Majestic sont transférés 15 rue Cognac-Jay et au pilier nord de la tour Eiffel comme moniteurs témoins.

* samedi 20 novembre 1948 : le Secrétaire d'Etat à l'Information, François Mitterrand, signe l'arrêté fixant la norme définitive de la télévision française : ce sera la norme haute définition 819 lignes, due au physicien Henri de France. Les programmes en 441 lignes devront cependant être encore diffusés jusqu'à la fin de l'année 1958.

* Jeudi 15 décembre 1949 : début des émissions haute définition 819 lignes noir et blanc (VHF), depuis un deuxième émetteur installé à la Tour Eiffel. C'est Henri de France qui est à l'origine de ce procédé haute définition 819 lignes.

* Lundi 10 avril 1950 : mise en service la deuxième station de télévision, directement en 819 lignes VHF noir et blanc depuis le beffroi de l'hôtel de ville de Lille. La station de Lille fonctionnera pendant près de deux ans de façon indépendante par rapport à la station de Paris. Elle reprendra souvent les émissions enregistrées produites depuis Paris mais avec un, deux ou trois jours de retard. Cette situation durera jusqu'au 14 février 1952 où des relais hertziens relieront enfin Paris à Lille, la station de Lille (hormis quelques décrochages régionaux) devant alors en permanence relayer les programmes de la station de Paris.

* Mardi 2 juin 1953 : la retransmission, en direct depuis Londres, du couronnement de la reine Elisabeth II d'Angleterre fera doubler le nombre de téléviseurs en France. Leur nombre passera en effet de 24 219 le 1er janvier 1953 à 59 971 le 1er janvier 1954.

* 2 novembre 1953 : mise en service la troisième station de télévision, en 819 lignes VHF noir et blanc, à Strasbourg. La station de Strasbourg ne fonctionnera de façon indépendante par rapport à la station de Paris que pendant un mois et demi. Cette situation cessera dès le 25 décembre 1953, où des relais hertziens relieront enfin Paris à Strasbourg, la station de Strasbourg devant alors en permanence relayer les programmes de la station de Paris. Dorénavant les nouvelles stations de télévision (toutes en 819 lignes VHF noir et blanc) devront en permanence, et dès leurs mises en service relayer la station de Paris.

* Vendredi 12 février 1954 : René Barthélemy, le père de la télévision française, décède à Antibes d'une aortite abdominale, à l'âge de 65 ans (il était né à Nangis, Seine-et-Marne, le 10 mars 1889). Il avait quitté la Compagnie des Compteurs de Montrouge en 1952. Il sera inhumé au cimetière de Fontenay-aux-Roses.

* 1956 : Henri de France (le père de la télévision haute définition en 819 lignes noir et blanc ) fait breveté son système de télévision en couleur, le procédé “Sécam” (Séquentiel couleur à mémoire).

* nuit du lundi 2 au mardi 3 janvier 1956 vers 3 heures du matin : un incendie au troisième étage de la tour Eiffel endommage définitivement les installations de l'émetteur historique 441 lignes Telefunken. Le dernier vestige de “Fernsehsender Paris” a disparu dans la fumée…

Les 6 000 possesseurs de téléviseurs 441 lignes ne peuvent définitivement plus recevoir d'émissions télévisées. Les pouvoirs publics décident de leur venir en aide de la façon suivante :
* la RTF leur versera une contribution de 20 000 francs pour l'achat d'un poste neuf en 819 lignes ;
* les constructeurs de postes de télévision doivent reprendre leur ancien téléviseur 441 lignes pour 5 000 francs lors de l'achat d'un nouveau téléviseurs 819 lignes ;
* les revendeurs doivent leur consentir une remise de 10 000 francs sur l'achat d'un poste neuf 819 lignes.

Mercredi 4 février 1959 : le Conseil des Ministres adopte le premier statut de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française) qui devient un établissement public d'état à caractère industriel et commercial, avec autonomie budgétaire et détentrice du monopole de diffusion des ondes hertziennes radiodiffusées et télévisées. C'est à partir de 1959 que mes anciens collègues des PTT qui travaillaient dans les services administratifs de la RTF ont dû choisir entre rester fonctionnaires de l'état, et donc quitter la RTF, ou devenir des salariés de droit privé à la RTF. Donc à partir de cette date les PTT n'ont plus du tout été liés à l'histoire de la télévision française.

Le samedi 27 juin 1964 la RTF devient l'ORTF (Office de Radiodiffusion et de Télévision Française) qui sera supprimé par la loi du 8 juillet 1974, entrée en vigueur le 6 janvier 1975. A partir du 6 janvier 1975 les trois chaînes hertziennes de télévision portent chacune un nom qui leur est propre :
* TF1 pour la 1ère (qui reprit ses programmes, après guerre, le 24 mars 1945) ;
* Antenne 2 pour la 2ème (inaugurée le 21 décembre 1963) ;
* FR3 pour la 3ème (inaugurée le 31 décembre 1972).


* Samedi 21 décembre 1963 : début des programmes de la deuxième chaîne hertzienne en 625 lignes (UHF - Ultra High Frequency [Ultra Haute Fréquence]) et en noir et blanc.

* Dimanche 1er octobre 1967 : la deuxième chaîne hertzienne émet désormais en couleur sur 625 lignes (UHF), grâce au procédé “Sécam”, inventé par Henri de France.

* Dimanche 31 décembre 1972 : début de la troisième chaîne hertzienne en 625 lignes UHF et directement en couleur.

* Lundi 28 avril 1986 : Henri de France, le père du 819 lignes noir et blanc, et surtout de la télévision française en couleur (procédé “Sécam”), décède à Paris à l'âge de 74 ans (il était né à Paris le 7 septembre 1911). Il sera inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris.

Voilà, vous serez maintenant incollable (ou presque) sur l'histoire des débuts de la télévision française…

Roger le Cantalien.


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Message Publié : 24 Avr 2008 4:00 
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Marc Bloch
Marc Bloch
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Inscription : 09 Août 2006 7:30
Message(s) : 4160
Localisation : Allemagne
Merci Roger pour ce rappel historique remarquablement précis. On aimerait en lire plus souvent sur le forum PH.
On aurait pu le mettre, peut-être, dans la rubrique "Histoire des sciences et techniques".

_________________
" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "


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Message Publié : 24 Avr 2008 8:04 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 14 Avr 2005 21:03
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Localisation : Tournai
Comment ça marchait ?

En Angleterre dans ces années,il y avait une TV qui fonctionnait avec une cache circulaire percée de trous formant une spirale .
Pour que l'image "passe" il fallait que l'émetteur et le receveur soient exactement en phase cad
a) que la position de départ soit exactement la même .
b) que la vitesse de rotation soit exactement la même .

Pour le reste je n'ai rien d'autre comme précision .

Je suppose que l'image "de base" était celle du point passant devant le trou en terme d'intensité de blanc .
Mais je n'ai aucune idée comment ce point était ensuite matérialisé sur le récepteur .

_________________
A Berthold le Noir,
Et Hiram Maxim ,

L'Humanité reconnaissante !


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