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Message Publié : 22 Nov 2012 0:48 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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JPCC je vais encore être taquin mais le premier lien n'est pas une recension du livre de Minois mais un article qui le cite trois ou quatre fois.
Citer :
Recension : Compte rendu critique d'une œuvre, d'un ouvrage dans une revue, un journal.


Le lien de Persée est une recension... a minima. La dimension critique en est absente. La citation de Pascal est assez croquignolesque sur ce sujet d'ailleurs. L'homme est un janséniste, pas un rigolo donc, il est donc normal pour celui ci de critiquer le pape et par ricochet les jésuites. Mais attendre une remise en cause de l'Eglise chez Pascal c'est ne jamais l'avoir fréquenté... Il est un homme de raison, moderne, et pourtant profondément croyant.

Le troisième lien est un quatrième de couverture qui est l'antithèse d'une recension.

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Message Publié : 22 Nov 2012 0:52 
Isidore a écrit :
Avons nous une recension du livre de Minois ou au moins le coeur de sa démonstration ? Parce qu'en deux phrases pour se faire une idée...


Je n'avais rien dans mes archives et n'ai fait qu'une recherche en quelques mn sur internet

Le livre est surtout une histoire des relations entre l'Eglise et la science, la philosophie, l'enseignement sur 20 siècles, et le développement de la critique des Ecritures depuis le XVIIème.

Sur ma question proprement dite je crois pouvoir dire que Georges Minois trouverait absurde l'idée d'après laquelle la science moderne n'aurait pas pu naître sans le christianisme, mais il n' a abordé explicitement cette question que pp.19-25.au début du tome II: De Galilée à Jean-Paul II.
Il y cite d'ailleurs des arguments opposés à ceux d'Alexandre Kogève , développés par S.L. goldman, "Alexander Kogève on the origin of modern science: sociological modelling gone awry", Studies in history and philosophy of science, 6, 1975, n°2. et R. Hooykaas, Religion and the rise of modern science, 1972; P. Thuillier, "Science, religion et politique: le cas de Newton", La Recherche, n°116, novembre 1980. Mais je n'ai pas eu en main ces documents


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Message Publié : 22 Nov 2012 1:00 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 14 Avr 2005 10:11
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Qu'est ce qui fait que Georges Minois trouve cela absurde ? Comme j'ai du mal a priori à ne pas être d'accord avec lui j'aimerai savoir, en quelques points clefs (bullet points acceptés) comment lui trousse son raisonnement. Sinon on fait du name dropping.

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Message Publié : 22 Nov 2012 1:35 
Isidore a écrit :
Qu'est ce qui fait que Georges Minois trouve cela absurde ?

- Le paganisme a inventé la démarche scientifique, imaginé des lois générales gouvernant sans dieu unique et transcendant, sans temps linéaire, etc. Cf. GERLloyd
- Le monde païen était déjà désacralisé, les dieux de l'Olympe ne s'occupant du fonctionnement de l'univers. "Le monde de Newton était-il plus désacralisé que celui d'Aristote? Il est permis d'en douter". Newton fait encore intervenir la puissance divine
- Geminos de Rhodes prônait déjà une science exclusivement quantitative et excluant les causes finales, séparait radicalement science et philo
- Développement déjà remarquable de la mécanique grecque, cf. machine d'Anticythère
- La naissance de la science moderne tient aux nouveaux intsruments d'observation et mathématiques
- La thèse de Kojève soutenant que seule l'Incarnation pouvait attribuer à la matière une certaine perfection parait fantaisiste, et infirmée par les sciences non européennes
- Hooykaas invoque la conception biblique du travail. Mais alors pourquoi attendre le XVIIème?
- Conflit entre la révélation et l'expérience comme source de la vérité
- La théologie part du pourquoi, la science du comment


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Message Publié : 22 Nov 2012 1:44 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 14 Avr 2005 10:11
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Voilà ! Merci ! Après il faudrait rentrer dans le détail. Mais a priori je le suivrai plutôt. Mais attention il peut exister des argumentaires axés sur des définitions de la science appréhendées différemment par les auteurs cités.

Le point sur la notion de vérité a été traité sur un autre fil.

Maintenant je suis très intéressé sur savoir qui sont les champions de la thèse opposée et avec quels arguments. Mais bon cher JPCC je ne vais pas vous demander de nous faire des fiches lectures. Merci pour votre synthèse encore une fois.

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Message Publié : 22 Nov 2012 10:01 
Isidore a écrit :

Le point sur la notion de vérité a été traité sur un autre fil.

pouvez-vous m'indiquer lequel?

Isidore a écrit :
Maintenant je suis très intéressé sur savoir qui sont les champions de la thèse opposée et avec quels arguments. Mais bon cher JPCC je ne vais pas vous demander de nous faire des fiches lectures. Merci pour votre synthèse encore une fois.

Voici quelques éléments
Freud, pour qui Moïse symbolise l'émergence du surmoi, du principe de réalité, du Père, de la conscience de soi, du renoncement aux pulsions, et apparaît ainsi comme le fondateur de la civilisation ;
Hegel ;
Durkheim ;
Max Weber ;
Pierre Duhem (1861-1916), chimiste et historien;
Alfred North Whitehead (1861-1947) : "Le christianisme avait donné naissance à la science en raison de «l'insistance médiévale sur la rationalité de Dieu» et de la confiance «dans la rationalité intelligible d'un être personnel»". Science and the Modern World, Conférence donnée en 1925 par le mathématicien et philosophe Whitehead, Conférences Lowell de l'Université de Harvard, disponible sur < http://www.bible-ouverte.ch/messages-te ... ml?start=1>.
Joseph Needham (1900-1995) : "Dans la civilisation occidentale on peut facilement montrer que les idées de loi naturelle (au sens juridique) et de lois de la nature (au sens des sciences de la nature) ont en fait une racine commune. L'une des plus vieilles notions de la civilisation occidentale est, sans doute, celle qui dit que de même que les législateurs impériaux terrestres ont constitué des codes de loi positives pour que les hommes y obéissent, de même une Divinité créatrice céleste, suprême et rationnelle a donné une série de lois auxquelles doivent se soumettre les minéraux, les cristaux, les plantes, les animaux et les astres dans leurs cours. Il y a peu de doute que cette idée s'est trouvée intimement liée au développement de la science moderne tel qu'il s'est opéré à la Renaissance en Occident."La science chinoise et l'Occident.
Ilya Prigogine, (1917-2003) : "L'idée d'un dieu garant des lois de la nature et de leur rationalité a joué un rôle essentiel lors des premiers développements de la science européenne." Ilya Prigogine (1917-2003), scientifique, Quel regard sur le monde ? Communiqué lors de la Conférence des lauréats du Prix Nobel « Nobel Laureates Facing the 21st Century », Paris, 18-21 janvier 1988.
Alexandre Kojève (1902-1968), philosophe, in L'origine chrétienne de la science moderne,
Alexandre Koyré, in Mélanges vol. II, Paris, Hermann, 1964 ;
Louis Bouyer (1913-2004), théologien in Cosmos, Le monde et la gloire de Dieu, Cerf, 1982 ;
Stanley Jaki (1924-2009), bénédictin in The origin of science and the science of the origin, South Bend, 1979 ;
Pierre Chaunu (1923-2009), historien; soutenant les thèses concordistes
René Girard, qui prétend que la science moderne devrait sa naissance à la démystification par les Evangiles du mécanisme victimaire (cf. p. 277), comme si l'émergence de la science par rapport à la mythologie ne datait pas des Grecs ;
Edmond Ortigues (d'après Vincent Descombes, dans Edmond Ortigues et le tournant linguistique, 2005) la physique grecque fondée sur l’évidence sensible des contrastes qualitatifs et des formes vivantes est païenne, la physique moderne suppose qu’il n’y ait plus rien de divin dans la nature et que l’homme soit conçu comme fait à l’image d’un Dieu créateur ;
Rodney Stark, sociologue in Le triomphe de la raison, pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du capitalisme, Presses de la Renaissance, 2007 : "C'est, remarque l'auteur, que la philosophie n'a nullement été porteuse d'une rationalité menant à la science moderne. Et de faire un sort à la philosophie grecque que tant de chercheurs ont, selon lui, surestimée. Elle ne pensait pas la création, elle ne produisait pas un savoir générique, elle n'instituait pas de principes généraux. L'islam a assimilé cette pensée, mais il s'y est arrêté sans en faire une pensée générative. Averroès n'a jamais été qu'un aristotélicien dogmatique qui n'a pas dépassé ce dont il a hérité. Le paradoxe est que ce fut une chance pour l'Occident chrétien de découvrir tardivement la pensée grecque. La scolastique ayant déjà accompli son œuvre, on prit les Grecs non pour se les approprier mais pour les discuter, pour les disséquer : reconnaissant ici une dette, exprimant là une divergence [...] La science moderne n'est en rien le prolongement du savoir antique, elle est l'effet de la compréhension chrétienne de l'univers créé et des principes immuables qui le régissent"(Présentation de l'ouvrage par l'éditeur). [ndlr. : Le clou de ce tissu de contre-vérités est la phrase marquée ci-dessus en italique, dans laquelle l'auteur nie l'originalité même de la pensée grecque, la notion de principes généraux, de lois , préférant le vieux préjugé selon lequel c'est avec la Genèse, cette mise en scène d'un dieu créateur et d'un temps linéaire, que le monothéisme a introduit le monde dans la rationalité].
un sociologue et historien des religions (dans un échange privé, et comme je ne lui ai pas demandé l'autorisation de le citer je préfère taire son nom): Sur la contribution du monothéisme à la science elle est bien capitale et Max Weber l'a bien expliquée. Moïse ou Jésus évidement n'en parlent pas, mais ont contribué à la faire. Ce qui compte ce n'est pas le discours (la vérité du texte n'est pas dans le texte), mais la pratique. Weber a nommé cette contribution, le désenchantement du monde. Il est la condition plus ou moins immédiate d'une vision du monde comme le mécanisme à la Descartes : espace temps homogène d'un monde crée selon la pensée unique d'un Créateur dont la sacralité est dans sa seule transcendance et non pas dans le monde lui-même. C'est la mort des dieux locaux qui ont chacun leur domaine de puissance, hétérogène à celui des autres, sur telle partie de l'espace voire même du corps humain, et se défendent les uns des autres, chacun soumis à son caprice. C'est le principe de l'unité d'espace temps d'un monde créé par un créateur unique n'ayant qu'une pensée législatrice et dont on doit retrouver la marque de l'ouvrier sur son œuvre, dans les lois. Cette image n'est pas dans la Bible, mais elle est dans la scholastique qui l'a tirée de la Bible en la lisant avec Platon et Aristote. Bien sûr il reste la question de savoir en Dieu quel est le rapport de la raison et de la volonté, mais ceci ne compromet pas l'idée d'une homogénéité des lois de l'Univers créé, mais seulement si on peut les atteindre plutôt par la déduction a priori par une illumination intellectuelle, la dialectique ou le calcul (la raison, les mathématiques) ou par l'observation comme le pensent les nominalistes de la fin du MA, ancêtres des empiristes et qui pensent que les lois sont l'effet moins de la raison divine que de la volonté de Dieu, mais c'est elle qui les a fixées, donc on doit pouvoir les retrouver en passant par l'expérience. Mais c'est cette monarchie divine législatrice, providentielle, intelligente et qui ne peut se contredire pour des caprices pulsionnels qui est la condition de possibilité anthropologique de la science moderne et à la base de l'idée qu'il y a des lois de la nature et dans la nature, des lois analogues à ce que sont les lois dans le monde humain. Les dieux grecs, même le Zeus d'Eschyle, sont bien trop soumis à la nature pour lui avoir imposé une loi et en être les garants fiables. Les Grecs ont observé le monde et posé une foule de questions géniales ; mais l'idée de lois de la nature n'est pas au centre de leur science, et ils n'ont guère découverts de lois positives contrairement à ce que vous dites, sinon Archimède et quelques belles manipulations comme la mesure du méridien. Il a fallu la mort des dieux et le désenchantement du monde par un millénaire de christianisme et de débat avec la raison grecque universalisée par sa promotion théologique et anthropologique d'un homme fait à l'image de Dieu, pour qu'émerge un cosmos pensable comme objet par un sujet qui peut être tout homme et pas seulement quelques grands sages inspirés. La science grecque a fait des percées fondamentales, mais elle a échoué dans son institutionnalisation, faute d'être demandée par une opinion qui restait dans un cosmos sacré et s'y trouvait très bien.

La réfutation de ces thèses me paraît assez évidente. Est-ce pour cela que personne ne s'est donné le mal de les dénoncer ?


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Message Publié : 22 Nov 2012 10:14 
PS: j'ai même cru lire cette thèse de la filiation chrétienne de la science chez Jean-Pierre Dupuy, Le masque du sacré, mais ne l'ai pas notée


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Message Publié : 22 Nov 2012 10:23 
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C’est à se demander pourquoi les étoiles portent des noms arabes ?

Tiens ! Si dans votre barre de recherche vous tapez « algorythme » , sans sourciller monsieur Google vous affiche 142 000 résultats .
C’est à se demander pourquoi Al-Khawarizmi le perse aurait donné un mot avec un i grec …

Tout ça pour dire que de Samos à la Renaissance peut-être que vous oubliez quelques épisodes ?


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Message Publié : 22 Nov 2012 10:37 
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Georges Duby
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Braudel dans Grammaire des Civilisations insiste sur le role du christianisme dans le développement européen, même quand ce développement se construit contre lui car il en est la source et l'imprègne.
Citation: " Le christianisme a été, il reste, la composante majeure de la pensée européenne, même de la pensée rationaliste qui s'est constituée contre lui et aussi à partir de lui. De bout en bout de l'histoire de l'Occident, il reste au coeur d'une civilisation qu'il anime ... "
Ou encore " la pensée européenne ne se conçoit que dans le cadre d'un dialogue avec le christianisme même quand le dialogue est vif ou violente la discussion. "
J'ajoute qu'on ne peut qu'être frappé du fait, comme il a été dit, que c'est seulement dans l'europe chrétienne que la science a pris au 18è siècle un essor qui correspond à un bond considérable créateur de la recherche scientifique moderne et de la recherche-développement. La science a été brillante dans l'antiquité mais elle ne débouche pas sur une révolution industrielle.
Le titre du sujet ne correspond pas à la vraie question: il faut écrire: la science moderne est-elle fille du christianisme ?

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Message Publié : 22 Nov 2012 10:43 
Alain.g a écrit :
il faut écrire: la science moderne est-elle fille du christianisme ?

Oui, c'était aussi mon intention (mais je persiste à penser que c'est une idée apologétique, mais fausse)
Merci pour Braudel


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Message Publié : 22 Nov 2012 10:51 
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Eginhard
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Avant que le débat tourne autour de telle civilisation plus scientifique que telle autre, il faudrait peut-être définir cette notion que l'on confond trop souvent avec la technologie ou la connaissance. Il me semble que le débat a intérêt à être resserré sur les conditions de ce qu'on appelle la révolution scientifique de l'époque moderne, en Occident mais il s'agit d'une convention de langage. La religion chrétienne est-elle un frein ou un moteur ? L'affaire Gallilée semble dire non mais le désenchantement du monde apporté par la Réforme semble dire oui. On peut donc distinguer le catholicisme du protestantisme dans cette affaire mais il existe aussi des savants catholiques ne serait-ce chez les jésuites et de nombreux protestants créationnistes aujourd'hui même.
Ce qui m'embête, c'est quand même cet occidentalocentrisme parfois combattu par une vision islamocentrée mais qui sont toutes ... non scientifiques. Je rappelle qu'un certain Claude Levi-Strauss a écrit en 1962, il y a donc 50 ans, un livre sur La Pensée sauvage où il démontre que tout société humaine, même celle que l'on juge la plus superstitieuse, produit une pensée rationnelle.
Citer :
« A l'aide de distinctions et d'oppositions, la pensée sauvage construit des édifices mentaux qui lui facilitent l'intelligence du monde; elle forme un système bien articulé, indépendant de cet autre système que constituera la science. »

Bref le débat me semble pollué par des questions idéologiques (la religion source d'obscurantisme ; la supériorité de la civilisation occidentale ; la chrétienté inférieure à l'islam ;...) tant qu'il ne s'ancre pas dans un contexte précis car on va chercher à essentialiser les religions comme si le christianisme du IVe s était le même que celui du XVI ou du XXe s. Je souscris donc tout à fait à de que vient d'écrire Alain G. Revenons à la "révolution scientifique" des temps modernes.

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Message Publié : 22 Nov 2012 15:15 
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Georges Duby
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Pour Max Weber cité plus haut le lien entre la stimulation de la révolution scientifique, technique et industrielle liée au capitalisme et le Calvinisme protestant est direct. La théorie de la grâce personnelle démontrée sur terre du Calvinisme expliquerait la volonté de réussir des anglo-saxons et son application dans le mouvement de progrès de l'occident qui a pris naissance en GB puis s'est étendu aux EU.
Alain Peyrefitte était travaillé par cette théorie de Max Weber et il n'arrivait pas à admettre qu'elle impliqua une moindre réussite sociale pour les catholiques. L'auteur du Mal français a alors trouvé la solution en écrivant un texte sur "la société de confiance" et il l'a présenté comme thèse de doctorat en Sorbonne dans les années 80, puis publié.
Pour AP, pas de progrès et de développement sans société de confiance. La confiance déclenche la multiplication des initiatives; ce type de société facilite l'innovation et le développement dans tous les domaines. Cette théorie a été bien accueillie.

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Message Publié : 22 Nov 2012 15:39 
Alain.g a écrit :
Pour Max Weber cité plus haut le lien entre la stimulation de la révolution scientifique, technique et industrielle liée au capitalisme et le Calvinisme protestant est direct. La théorie de la grâce personnelle démontrée sur terre du Calvinisme expliquerait la volonté de réussir des anglo-saxons et son application dans le mouvement de progrès de l'occident qui a pris naissance en GB puis s'est étendu aux EU.
Alain Peyrefitte était travaillé par cette théorie de Max Weber et il n'arrivait pas à admettre qu'elle impliqua une moindre réussite sociale pour les catholiques. L'auteur du Mal français a alors trouvé la solution en écrivant un texte sur "la société de confiance" et il l'a présenté comme thèse de doctorat en Sorbonne dans les années 80, puis publié.
Pour AP, pas de progrès et de développement sans société de confiance. La confiance déclenche la multiplication des initiatives; ce type de société facilite l'innovation et le développement dans tous les domaines. Cette théorie a été bien accueillie.


Merci, votre commentaire contribue bien à étoffer le débat.


1. Le lien entre la "révolution scientifique" (notion douteuse, comment la caractériser, est-ce une discontinuité ou une continuité, si discontinuité de quand date-elle : antérieure à la Réforme (Robert Grossteste, Roger Bacon), concomitante (Galilée, Kepler) ou postérieure (Descartes, Newton)?) et son "application dans le mouvement de progrès" me paraît un contresens : Newton ne se souciait pas d'application, ni James Watt de théorie ni de Newton. C'est la confusion entre science et technique a déjà dénoncée plus haut. Sans même parler de cette relation pour moi douteuse entre la grâce et le progrès.
2. Peyrefitte: je l'ai lu il y a bien longtemps. Pourriez-vous me rappeler quelle source il donne à la naissance de la confiance: l'Etat de droit - qui remonte aux Grecs (si l'on considère que l'état de droit repose sur des lois humaines et non pas divines) - et la démocratie (pas vraiment bien accueillie par l'Eglise!) je crois? ? Peyrefitte parle-t-il d'une origine chrétienne ?


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Message Publié : 22 Nov 2012 16:22 
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Eginhard
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Sujet évidemment passionnant mais qui nécessite des compétences scientifiques, philosophiques, historiques, religieuses énormes. Je ne peux donc faire que qq remarques. Newton est le père de la physique moderne, mais c'est aussi un alchimiste. Cela m'évoque Démocrite, capable de penser la division de la matière jusqu'à un élément insécable, l'atome, mais qui demande aussi aux femmes qui ont leurs règles de faire le tour des champs pour les fertiliser... Tout cela pour dire qu'il est bien difficile de distribuer des brevets de scientificité !
Pour en revenir à la "révolution scientifique", il est certain que Max Weber a écrit des choses passionnantes. Le lien avec la Réforme est entant. Mais l'humanisme est aussi largement à l'origine de cette révolution (et de la Réforme également) : comment oublier ce moment si fécond. Ici, c'est la capacité cumulative du genre humain à progresser, à apprendre, à se transmettre le savoir de génération en génération qui joue.
Quant à la Réforme, je serai tenté de mettre l'accent non sur la grâce, mais sur le rejet du surnaturel : Dieu est dans le ciel, hors du temps. Les reliques ne sont que des os, les saints que des hommes et l'hostie que du pain. C'est bien la question de la transsubstantiation qui est ici essentielle. Chassez la surnature d'ici-bas : il ne reste que la nature. On retrouve bien là le désenchantement du monde. Mais l'ambition de connaître et comprendre cette nature vient bien de l'humanisme et, partant, des auteurs Grecs qu'ils lisent, commentent et éditent.
Tout ça n'empêche pas les héritiers de Calvin outre-Atlantique de financer une immense propagande créationniste donc soyons prudent et encore une fois n'attribuons pas aux réformés des caractères qui seraient quasi génétiques...

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Message Publié : 22 Nov 2012 19:15 
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Georges Duby
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JPCC a écrit :
Peyrefitte: je l'ai lu il y a bien longtemps. Pourriez-vous me rappeler quelle source il donne à la naissance de la confiance: l'Etat de droit - qui remonte aux Grecs (si l'on considère que l'état de droit repose sur des lois humaines et non pas divines) - et la démocratie (pas vraiment bien accueillie par l'Eglise!) je crois? ? Peyrefitte parle-t-il d'une origine chrétienne ?
J'ai oublié. Ci-après un résume d'un site:
" Qu’est-ce que le développement ? Qu’est-ce qui permet la modernité, le progrès, la croissance ? Depuis Adam Smith et Karl Marx jusqu’à Max Weber et Fernand Braudel, on n’a cessé de s’interroger sur les causes de la « richesse des nations » ou de leur pauvreté. La plupart des penseurs ont privilégié les explications matérielles : capital, travail, ressources naturelles, climat. Et si les mentalités et les comportements constituaient le principal facteur du développement - ou du sous-développement ? Pour évaluer la fécondité de cette hypothèse, Alain Peyrefitte propose de revisiter l’histoire de la chrétienté occidentale, du XVe au XVIIIe siècle. Il montre en particulier que le développement en Europe trouve sa source dans ce qu’il appelle un « éthos de confiance » - disposition d’esprit qui a bousculé des tabous traditionnels et favorisé l’innovation, la mobilité, la compétition, l’initiative rationnelle et responsable.
Ou encore: " Alain Peyrefitte a étudié l’histoire économique de l’Occident au cours de ces quatre derniers siècles. Il montre ainsi comment et pourquoi, à partir du XVII siècle, L’Europe nordique s’est substituée à l’Europe latine comme foyer d’innovation et de modernité. Et il analyse le partage entre une Europe « romaine » qui entre en déclin économique et une Europe des « Réformes protestantes » qui prend son essor « en terme d’une affinité élective entre un comportement socio-économique spontané et un choix confessionnel » ".
Pour AP, l'Europe a lié les sciences et le développement.
Je ne crois pas qu'on puisse effectivement les distinguer pour ne traiter que de la science à compter de la Réforme chrétienne. C'est tout un mouvement qui se met en marche dans l'Occident.

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