Walsingham a écrit :
En ce sens, je me demande si le Minitel, du fait de son centralisme extrême (à la française ^^) ne partait pas perdant dés le départ. Pour le rendre compétitif il aurait fallut le généraliser au monde, comme l'a été internet. Mais cela me semble utopique/impossible car trop centralisé.
Je pense que le Minitel a eu 2 "défauts" principaux. Le premier est qu'il était un système fermé, hiérarchisé. L'un des succès d'internet est que tout le monde peut créer sa page, son blog, dire ce qu'il veut dire exposer ses passions, sa vie. Le Minitel était un système hiérarchisé où l'on servait des services à l'usager. Le débit descendant et le débit montant n'étaient pas les mêmes.
Le second défaut fut sa réussite. C'est quelque chose qu'on a vu pas mal dans l'informatique, mais aussi dans les télécommunications. Vous possédez plus de 50% de parts de marché, vous êtres "le" prescripteur du moment et en quelque mois, un "petit poucet" ou un "david" prend votre place et vous devenez un dinosaure has-been... Dans les télécoms, il y a 3 exemples récents. A un moment, il fallait avoir un Nokia. La personne qui avait un téléphone portable d'une autre marque était un ringard. Mais, enfermé dans sa tour d'ivoire Nokia a loupé le virage des smartphones. Là, il fallait un Blackberry, le monde était partagé en deux : ceux qui avaient un Blackberry et les autres. Dans le monde de l'entreprise, il y avait ceux à qui l'entreprise payait un blackberry pour leur travail et tous les autres (ceux qui se l'étaient acheté à titre perso et ceux qui n'en avaient pas ...). Et puis vinrent les tablettes. Là, au début ce fut l'IPhone et l'Ipad. Surtout l'Ipad. Sauf que l'on se retrouve avec quelque chose de très proche de ce qui s'est passé au début de la micro-informatique quand il y a eu la guerre MAC-PC. Le système ouvert Androïd est en train de s'imposer. Il a dépassé les 50% de parts de marché, il file vers les 75% (il les a peut-être déjà atteints).
Chaque fois, une concurrent qui occupait une part infime du marché, mais qui a compris que l'avenir était ailleurs. Alors que le Goliath du marché s'essouffle à faire ce qu'il fait en plus performants. Le Minitel n'a pas su s'ouvrir à temps. On n'a pas su créer les passerelles entre les 2 mondes. Et au moment où il aurait fallu lancer tout cela, les gens qui étaient sur Minitel et qui gagnaient des millions n'ont pas tout de suite compris l'avantage de basculer d'une technologie à l'autre. On parle beaucoup de la réussite d'Iliad/Free, on oublie simplement qu'il fut un cas particulier. Pratiquement le seul acteur du minitel qui a réussi sa reconversion vers l'internet.
En France, nous avions quelques géants de la VPC. Ils ont assez bien réussi le virage vers le minitel. Ils avaient une infrastructure, des boutiques de distribution, ils savaient gérer des marchandises, donc ils avaient la logistique adaptée. Quand vers 1999, 2000, on a appris qu'Amazon allait ouvrir une filiale française, la plupart des acteurs du marché levèrent un sourcil étonné en ce disant qu'ils sauraient juguler la menace. Ils étaient bien installés. Ou sont nos géants de la VPC ? Ils sont en difficultés. Certains ont simplement disparus. Ils n'ont pas su s'adapter, alors que les transformations qu'ils avaient à faire pour s'adapter au marché étaient minimes. Des concurrents nés "ex-nihilo", sans expérience, sans logistique, mais aussi sans parti-pris les ont ringardisés en quelques années.