John Updike, dans
le putsch, imagine la prise de pouvoir d'un président-dictateur tiraillé entre islam et marxisme dans un pays fictif dénommé Noire, rebaptisé Koush. Je cite de mémoire.
John Updike a écrit :
Quand le roi a été déposé, les partisans de la Révolution ont fait une découverte curieuse. Il n'y avait rien à révolutionner. Ils ont cherché quelles usines nationaliser : il n'y en avait pas. Ils ont cherché quels grands domaines collectiviser. Il n'y en avait pas plus. Toute la terre appartient au royaume et la propriété privée n'a jamais existé !
Les dirigeants africains s'inspirent tous plus ou moins du communisme ou du socialisme pour développer leurs sociétés à l'exemple de l'URSS, tout en les adaptant aux réalités africaines, parmi lesquels l'absence d'industrie et de classes sociales.
D'après la page de Wikipedia consacrée au
socialisme africain :
- Au Ghana, le gouvernement de Nkrumah se traduit, jusqu'à sa chute en 1966, par des méthodes autoritaires et centralistes, ainsi que par un culte de la personnalité autour du président : l'économie est réorganisée en coopératives, imposées d'en haut dans le cadre du plan établi par l'État.
- Au Sénégal, pour Senghor comme pour Dia, la coopérative doit être l'instrument clef du socialisme africain : les unités économiques de base doivent être les coopératives villageoises, qui combineront traditions africaines et valeurs démocratiques.
- En Guinée, Ahmed Sékou Touré adopte également des méthodes de gouvernement autoritaires et impose une économie planifiée et des coopératives où la gestion collective est présente à tous les niveaux.
- Au Kenya, le Kenya African National Union (KANU), parti du Président Jomo Kenyatta, suit une ligne socialiste démocratique.
- En Zambie, Kenneth Kaunda se fait le promoteur d'une idéologie à la fois socialiste et nationaliste, baptisée « humanisme zambien » : celle-ci repose sur la combinaison d'une économie planifiée et centralisée et de valeurs africaines traditionnelles d'entraide et de loyauté envers la communauté. L'humanisme zambien, qui sert d'idéologie officielle au régime autoritaire de Kaunda, fait l'objet d'un jugement sévère de la part de chercheurs quant à ses réalisations concrètes, voire à son absence de substance au-delà des simples slogans.
- En Tanzanie, Julius Nyerere se lance dans l'expérience d'un socialisme africain qu'il conçoit comme un retour aux sources du modèle communautaire africain ébranlé par l'individualisme de la période coloniale. La société rurale tanzanienne est réorganisée en communautés de base autonomes et autogérées, les villages Ujamaa (« famille élargie », ou « fraternité » en swahili), En 1975, 65 % de la communauté rurale est regroupée dans des villages Ujamaa : les résultats économiques escomptés peinent cependant à être atteints et la situation des paysans pauvres ne s'améliore guère.
Je pense qu'on peut synthétiser toutes ces expériences ainsi : volonté de centralisation du développement, établissement d'un parti unique (plus ou moins autoritaire), gestion bureaucratique, et donc accroissement d'une fonction publique pléthorique, regroupement des agriculteurs en coopératives.
Les résultats économiques ne sont pas au rendez-vous, d'abord parce que l'industrie ne se développe pas, ensuite parce que la transition démographique qui débute pose des problèmes d'alimentation que les mauvais choix agricoles accentuent (cultures vivrières ou exportatrices ?) et enfin bien entendu à cause de problèmes ethniques (parfois, le parti unique est celui d'une seule ethnie, qui est favorisée, évidemment).