Un grand merci à vous Unagi,
C'est une information capitale qui mériterait effectivement que l'on s'y arrête. A la lecture de votre article je ne peux m'empêcher de penser que, pour le grand public, malgré tout, Fauvelle demeure plus accessible. En effet, il a produit quelque chose de relativement rare et d'assez brillant ces temps-ci... Un bel ouvrage de synthèse; et, en ce sens, son élection n'a rien de choquant ou de régressif. Le collège de France ce sont des éclaireurs, des grands intellectuels qui incarnent le progrès dans une certaine discipline et peuvent justement rayonner au delà de ces querelles ridicules d'africanistes. Et oui tout le monde est très fâché, tout le monde peste et s'arme pour mener la vie dure au nouvel impétrant qui a eu le malheur, ou la chance, c'est comme on veut, d'écrire un ouvrage à grand succès, ce que les autres jalousent au fond.
Je connais Fauvelle, justement, par son
Rhinocéros d'Or, que j'avais trouvé tout à fait par hasard sur une table du rayon histoire de ma librairie habituelle. Franchement, ça fait partie des ouvrages qui m'ont le plus marqué, et dans lesquels j'ai découvert des pans entiers du savoir complètement obscurcis par le folklore, Fauvelle peut le dire à raison. A part au collège, où les royaumes africains étaient au programme (au choix, il me semble, le Mali ou le Grand Zimbabwe), je n'avais pas eu l'occasion de faire connaissance avec l'Afrique médiévale. Même si cet ouvrage de Fauvelle (composé d'études de cas) esquisse seulement les contours de ces espaces à l'époque, c'est vraiment une belle réalisation. Il faut que je me procure le Belin, qui doit être plus complet, et surtout davantage crhonologique... Mais bon faut connaître ses priorités en prépa, c'est rageant !
Sans vouloir donner un avis sur cet évènement qui concerne les spécialistes de la question, il me paraît cependant juste, dans le cadre du collège de France de privilégier les pionniers, ceux qui se sont confronté à l'ouverture, à la synthèse, à transmettre un peu du fruit de leurs recherches à un public dilettante. Il serait absurde de se perdre en dithyrambe, pourtant ce livre a tout d'un commencement, et il a le pouvoir de susciter des vocations. Alors oui, en sachant que la leçon inaugurale est un grand moment, qu'elle est aussi populaire, que c'est un peu les cours à la Bergson où l'on se bousculait, il est juste qu'elle incombe à celui, quel qu'il soit (origine, orientation pol...) qui en a l'étoffe, et l'a prouvé. Le Collège c'est une récompense; un peu un trône aussi...mais ça aide les profanes qui veulent aborder, sans se dégoûter, de nouveaux horizons.
Je me souviens que l'on avait beaucoup discuté de l’œuvre de Régis Boyer, et de la place qu'il occupait, parfois au détriment de chercheurs plus "pointus", qui se trouvaient à la marge, dans leurs domaines de prédilection, à cause de l'ombre immense de ce père des études scandinaves françaises. En tout cas, s'il n'avait pas eu cette
potestas, je n'aurais jamais ouvert une saga de ma vie, ni ne serais aller me balader du côté des Eddas...