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Message Publié : 12 Oct 2006 0:48 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 23 Sep 2006 11:32
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J'entreprends ici un sujet qui, je crois, pourrait assez rapidement devenir un thème en soi: celui des batailles célèbres de l'histoire.

Perso, chez moi, j'ai compilé un inventaire de ces batailles en les analysant avec des critères stricts afin de comprendre quel élément théorique prédominant a pû influencer l'issu de ces batailles.


En me référant aux principes enseignés par Sun Tzu et plusieurs écoles de guerre, je caractérise ces critères en 4 catégories;

1) Le Renseignement: connaître son ennemi et se connaître soi-même.

2) La Doctrine: la qualité et la quantité des armes utilisées, et la manière de les utiliser; la tactique.

3) Le Moral; du degré d'animosité et des motivations qui poussent les hommes à risquer leur vie.

4) Le Commandement: En fait, ce que les pros appelent le "C4" (control, communications, coordination, and command). De la qualité du Général; de son coup d'oeil, de son jugement, et de ses capacités à improviser dans la tourmente. Et surtout, son habilité à deviner les forces et les faiblesse de son opposant, sa stratégie, d'y situer le défaut, et d'adopter le stratagème adéquat.

Qu'en pensez-vous ?


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Message Publié : 12 Oct 2006 6:48 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Rapidement : à moins de les inclure dans le point 3, il me semble qu'il manque les enjeux.


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Message Publié : 12 Oct 2006 10:02 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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L'intitulé du point 2 me semble mal adapté. En effet, la composition de l'armée qui est effectivement déployée sur le champ de bataille un jour J n'est pas le simple produit de la doctrine. Elle dépend aussi, largement, des aléas et de la fortune de la guerre dans les semaines (et plus) qui précèdent. Ainsi, si Rome (de mémoire) n'aligne pratiquement pas de cavalerie à Cannes, c'est parce qu'elle s'est fait massacrer au lac Trasimène. Idem : si Rommel est en infériorité numérique pour les blindés fin 1942, ce n'est certainement pas sa doctrine !

Ensuite, je ne vois pas où peut s'insérer le point absolument capital du terrain. Féru de Sun Zi comme vous êtes, vous avez forcément noté que celui-ci en fait une question centrale. Combien de batailles auraient été différentes si elles s'étaient livrées sur un autre terrain ? de Marathon et Salamine, où le manque d'espace a empêché les Perses de bénéficier de leur avantage quantitatif, au Chemin des Dames où la fleur de l'armée française a été stupidement jetée contre le point le plus fortifié du front allemand, la liste remplirait un annuaire. Quel terrain ? A qui est-il le plus adapté ? A-t-il été choisi par un des camps et pourquoi ?

Le point 1 me semble recouper les autres si vous le définissez ainsi. Connaître la tactique ennemie et anticiper ses mouvements relève du commandement. Connaître la composition et la localisation des troupes ennemies au jour J, c'est du renseignement (de la reconnaissance).

De façon générale, je crains que pour de nombreuses batailles vous ayiez un mal fou à réunir les informations pour vos quatre points, ce qui risque de vous conduire à réinventer l'eau tiède. :?

Enfin, comme vous nous avez exposé vos tendances à la modélisation, n'oubliez pas que même si vous connaissez tous les ingrédients, une bataille n'est pas une recette de cake aux olives ni un programme informatique : le "brouillard de la guerre" risque de brouiller aussi vos conclusions. Si nous prenons comme bataille l'engagement entre le Hood et le Bismarck, il y a bien une explication rationnelle au fait qu'un obus tapant le Hood à tel endroit l'anéantisse (défaut de conception). Mais aucun de vos points n'explique, ni n'aurait prévu, que le Hood ouvrant le feu en premier rate la cible de tous ses obus, tandis que le premier obus du Bismarck tombe au seul petit endroit assurant la destruction immédiate de l'adversaire. Et ne parlons pas d'autres impondérables comme la météo...


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Message Publié : 12 Oct 2006 13:08 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 23 Sep 2006 11:32
Message(s) : 54
Le terrain est important, mais il est tout d'abords plus ou moins bien reconnu par un Renseignement efficace (j'inclue dans celui-ci les Services de cartographie, de météorologie, de reconnaissance et d'espionnage). Il est ensuite apprécier par la Doctrine qui dictera un dispositf "standard" prescrit à la situation. Le Commandement évaluera enfin du meilleur stratagème a utiliser selon les opportunités qu'offrent ce terrain.

Les Britanniques désignent la "Doctrine" par le mot "Drill" qui, -traduit librement-, signifie "Entraînement des Opérations de Terrain". J'aurais préféré ce mot, mais j'ai crû être plus respectueux de la langue française en l'adoptant .

Pour ce qui est des enjeux, je crois que cela relève plus du concept de "Campagne" que de celui de "Bataille". Le pont d'Arcole était peut-être un objectif de campagne (pour pouvoir passer au-delà de...) mais il était surtout, dans l'esprit des soldats, le symbole de ralliement et de motivation qu'en avait fait, ad hoc, un Napoléon improvisateur.

Maintenant, oui, le "brouillard de guerre". La Confusion. À nuancer du hasard de la salve "chanceuse" qui coule le Hood. La Confusion c'est comme pour le Terrain: le Renseignement est responsable d'en repérer les signes; la Doctrine est censée avoir entraîné les hommes a toutes sortes d'imprévu (d'où l'importance critique de l'obéissance, de la discipline et de l'acquisition d'automatismes par les soldats); enfin, le Commandement doit accepter comme défi personnel de faire face à l'imprévu. Il doit être prêt, constamment, à réagir rapidement au pire scénario possible.


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Message Publié : 12 Oct 2006 13:45 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Citer :
Maintenant, oui, le "brouillard de guerre". La Confusion


C'est bien le hasard que j'entends, moi. Il y a toujours une part importante de hasard à l'échelle d'une bataille. Ce n'est pas pour rien que les wargames les plus élaborés incluent toujours un jet de dés pour résoudre un affrontement à l'échelon tactique : des facteurs objectifs se résolvent en modificateurs, mais il y a toujours le dé.

Pour aller plus loin, je pense qu'il nous faudrait une paire d'exemples d'application de votre méthode à des batailles bien dissemblables et éloignées dans le temps.


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Message Publié : 12 Oct 2006 14:29 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 05 Fév 2006 13:20
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Bonjour,

A mon sens, une méthodologie peut être plus facile consisterait à faire l'inverse de ce que tu proposes, soit d'évaluer pour chaque action militaire les critères de succès ou d'échec et seulement après essayer d'établir une typologie.

J'avais, il y a quelque temps, effectuer un travail grosso-modo similaire (causes des succès ou des échecs dans le cadres d'une série d'opérations militaires). L'idée était d'isoler les grandes variables ayant permit ou, une fois combinées, assuré la victoire militaire dans le cadre d'opérations très spécifiques. Sur le strict plan de l'étude des cas, et pour simplifier, ces variables étaient définies au niveau de la constitution de la force armée (mobilisation et concentration - rapport de force quantitatif), l'utilisation de la force armée (doctrine, concept de l'emploi des forces, commandement) et l'organisation de la forces armée ( soit la structure des unitées et la répartition du matériel essentiellement). L'intérêt de ces catégories, surtout pour le travail qui t'interesses, est une grande flexibilité - elle intègrent l'essentiel des éléments jouant un rôle dans une action militaire, quel que soit son envergure et quelque soit la période concernée, tout en ne necessitant pas une étude approfondie de chacun de tes cas. Enfin, il faut bien sûr une mesure du succès soit, pour une opération militaire conventionnelle, la combinaison des pertes au résultat de la manoeuvre en fonction de l'état final recherché. Encore une fois, il s'agit d'une mesure simple qui ne demande pas une étude approfondie pour chacun de tes cas.

A partir du moment ou tu acquiert une vision un peu plus claire de tes variables principales, tu peux les affinées via une série de variables secondaires, soit les éléments qui semble avoir joué un rôle important dans l'action sans pour autant avoir été décisif (armement, facteur protection, entraînement, expérience, leadership, état moral, physique et matériel, qualité du personnel en fonction de la mission, logistique, maîtrise aérienne, surprise, chance, terrain et conditions climatiques etc.., liste non exhaustive).

Le gros problème est que la réussite d'une action militaire est le plus souvent fonction d'une aggrégation de facteurs très divers, pas forcemement toujours évaluable avec facilité (encore moins quantifiable) et inévitablement fonction d'une interrection des belligérants. Autrement dit le résultat d'une action militaire est toujours un produit, pas une somme et celà rend difficile d'isoler l'importance de tel ou tel facteur, passé le stade de grandes catégories très généralisatrice.

Dans l'immédiat, tu peux être intéresser par la méthodologie utilisée dans l'étude suivante:

http://www.rand.org/pubs/rgs_dissertations/RGSD189/

Autrement, tu peux essayer du côter des traveaux en recherche opérationnelle, qui si elle n'a pas exactement pour objet l'analyse mais la création d'outils pour la prévision emprunte beaucoup aux méthodes de l'analyse comparative. Dupuy, Numbers, prevision and war est à ce titre facile d'accès, pas très cher et donne une grille de lecture efficace et fonctionnelle, axée conflits contemporains et conventionnels. Si le sujet t'interesses, tu peux trouver sur le site suivant quelques fichiers .pdf qui liste une série très importante de cas suivant la grille de lecture de Dupuy (mot-clef: HISTORICAL EVALUATION AND RESEARCH ORGANIZATION).

http://stinet.dtic.mil/index.html

Cordialement,

Thomas


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Message Publié : 12 Oct 2006 16:44 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 23 Sep 2006 11:32
Message(s) : 54
Écoutez, je ne veux paraître trop orthodoxe; on pourrait discuter longuement du choix de critères d'analyse mais ce serait stérile sans exemple . Je propose donc qu'on le fasse "along the way"; alors que nous investiguons une bataille, puis une autre , et une autre, etc...

Vous avez un choix de grande bataille ?

Perso, j'avais pensé à Quadesh: menée par nul autre que Ramsès II en 1274 av.JC contre les Hittites.


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Message Publié : 12 Oct 2006 16:55 
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Modérateur Général
Modérateur Général
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Inscription : 22 Mars 2004 17:25
Message(s) : 508
Localisation : Abu Dhabi
Pourquoi la bataille de Quadesh ? Le Poème du scribe Pentaour l'a décrite comme un myth et non pas comme un fait historique. Le reste n'est qu'extrapolations d'historiens.

Pourquoi ne pas prendre la bataille de Cannes(216 BC) où la stratégie appliquée par Hannibal Barca inspire encore les militaires de nos jours? Elle ne relève pas de la légende, mais de faits minutieux décrits par des historiens reconnus comme Tite-Live ou Polybe.
Ou sa soeur jumelle, la bataille de Zama, menée avec brio par Scipion l'africain?
Je développerai mon point de vue plus tard car malheureusement je manque de temps.

_________________
Rerum omnium magister usus


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Message Publié : 12 Oct 2006 19:11 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 16 Avr 2005 0:09
Message(s) : 1311
Localisation : Outre nulle-part
Normand Calvé a écrit :
Il doit être prêt, constamment, à réagir rapidement au pire scénario possible.


Je répète cette phrase de Foch, que j'ai déjà citée plusieurs fois :
"Les évènements dominent les raisonnements."
Et puis ne pas confondre batailles du "temps passé" à celles plus contemporaines dont "le résultat" se situait plusieurs mois après le lancement (Verdun, la Somme, Stalingrad etc...).
Vlad

_________________
"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes...."
Extrait de "La Chanson de Craonne"


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