Bonjour,
La victoire face à Napoléon en 1815 est une victoire de l'Europe coalisée et non pas d'un général ou d'une nation en particulier. N'oublions pas que la coalition de presque tout l'Europe a obligé Napoléon à laisser beaucoup de forces sur les frontières, forces qui auraient été bien évidemment décisives si elles avaient pu être employées en Belgique.
Pour la campagne de Belgique, l'armée même de Wellington était Européenne. Un tiers des soldats seulement sont des Britanniques (dont un certain nombre d'Ecossais et d'Irlandais), le reste étant Belges, Néerlandais ou Allemands. A la fin de la bataille, Wellington reconnaîtra le rôle décisif joué par le général Prussien Bülow.
Les vrais succès de Wellington et des troupes Britanniques sont en Espagne ou au Portugal. Sur ce front, en général, les troupes Britanniques représentent la majorité des effectifs du duc de fer et ce sont elles qui contribuent pour beaucoup aux succès.
Côté tactique. On a souvent dit que les troupes Britanniques puisaient leurs succès dans leur feux de salves. C'est réducteur. L'armée Française savait également exécuter des feux de salves dévastateurs. L'innovation vient soit du positionnement, soit de la formation des troupes. Sur le positionnement, on peut prendre pour exemple les batailles de Talavera et de Busaco. Wellington a, dans ces deux affrontements, utilisé à merveille le terrain pour le rendre très peu praticable à des troupes Françaises voulant coordonner correctement des attaques. Trois colonnes Françaises attaquent, mais une seule peut arriver au contact des Britanniques et se fait logiquement repousser par des forces plus nombreuses. Les Français reculent même des fois d'eux-mêmes devant l'impossibilité de l'assaut. Pendant ce temps, les deux autres colonnes Françaises, gênées par la nature du terrain, n'ont pu prêter main forte à la colonne repoussée. Enfin, lorsque la nature du terrain n'est pas conforme, Wellington encourage alors la formation linéaire. C'est le cas notamment à Albuera et à Toulouse. Les Français attaquaient souvent en colonnes d'attaque, avec peu de tireurs en première ligne, la masse avait pour mission de tout culbuter à la baïonnette. Cela fonctionnait toujours en rase campagne, sauf contre la formation linéaire Britannique. Cette formation consiste à déployer des troupes de façon bien espacée, sur trois lignes. Les troupes Britanniques ont alors, en première ligne, un nombre beaucoup plus vaste de tireurs. Le résultat ne se fait pas attendre. Les soldats Britanniques, bien espacés, ont la possibilité de tirer sur la colonne Française par les flancs, si bien que tous les soldats Français de première ligne positionné de front et sur les flancs de la colonne sont abattus. L'effet est ensuite psychologique. Devant l'effet dévastateur des premières salves, les Français comprennent que quelque chose ne va pas et reculent souvent d'eux-mêmes.
Wellington a remporté des succès défensifs bien net. Certes, mais on ne souligne pas que des maréchaux comme Soult et Masséna ont été bien mal soutenus par leurs lieutenants. A Fuentes d'Onoro, Masséna a manqué la victoire décisive car ses lieutenants ont manqué incroyablement d'énergie. Un moment compromis, Wellington s'en sort avec chance. Ne parlons même pas de la bataille d'Albuera, où le maréchal Soult n'est même pas obéi de ses généraux! Il ordonne d'aborder les Britanniques de façon linéaire et les Espagnols en colonnes d'attaque. Ses lieutenants firent le contraire. Soult s'en ai finalement pas trop mal sorti et se replie en bon ordre face, il est vrai, à des forces deux fois supérieures en nombre. Wellington, arrivant après la bataille, constatera avec effroi les lourdes pertes subies par les Britanniques (4000 hommes couchés par l'artillerie Française). Le duc de fer dira alors "il faut en faire une victoire" et va alors rédiger un bulletin plus optimiste que la triste réalité.
Signalons aussi que le soldat Britannique n'avait rien d'exceptionnel. Lorsque les Français se tenaient sur une position défensive, les Britanniques échouaient souvent dans leurs attaques même en supériorité numérique. Ils étaient même ramenés baïonnette au canon par les Français. C'est le cas pour les combats de Roliça et de la Coa. Wellington était donc bien moins à l'aise dans l'attaque que dans la défensive (sauf pour Salamanque).
Tout n'est donc finalement que d'ordre tactique.
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Charles Baudelaire
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