Le repos du guerrier

Faget

De tout temps, les prostituées ont suivi les armées en campagne. Jeanne d'Arc s'insurgeait contre les troupes de ribaudes. dans les troupes de Lansquenets du XVI° siècle, les vivandiers et les filles suivaient les armées. Mais ,ordre germanique aidant , il y avait dans l'organisation des gradés Hurenweibel, c'est à dire les "sergents aux putes" qui supervisait l'ensemble . Bien plus tard au XIX° ou au début du XX° siècle dans l'armée française , pour les troupes stationnées en dehors de l'hexagone furent institués les bordels militaires de campagne ( B.M.C.), qui connaissaient un suivi très strict du point de vue administratif. Je crois que dans l'armée allemande en campagne, il y a eu qq chose de semblable. Il y a qq années est sorti un ouvrage à ce sujet aux éditions Lavauzelle, dont je ne me rappelle ni le titre ni l'auteur .
J'appelle les témoignages sur ce point de sociologie militaire.

Sedullos · **Inscription :** 17 Août 2007 22:09 **Message(s) :** 594

Bonjour Faget,

Le livre que vous évoquez ne serait-il pas "De la morale au moral des troupes" de Michel Hardy Edit. 2004 ?

Rapentat

Bonjour,

Vaste sujet, je pense que depuis toujours dès qu'une troupe se met en marche, les prostituées suivent.
J'ai pu parler avec certaines personnes qui ont connues le BMC de la Légion Etrangère à Sidi Bel Abbes, croyez-moi, leurs témoignages m'ont fait froid dans le dos. Bien entendu je ne m'étendrai pas, ici, sur les détails.
Je vous recommande la lecture de " Nature culture guerre et prostitution " de Martine Costes-Péplinski. Où le sujet de ce fil est résumé, par une ancienne prostituée " La prostitution c'est comme la guerre, c'est toujours fait avec la peau des autres "

Cordialement.

Teutates · **Publié :** 11 Oct 2007 17:18

Hello,

J'ai traité un sujet l'année dernière sur les gens de guerre à l'époque moderne, on peut dire qu'à cette époque la société se reflétait dans le système de la guerre et l'armée constituait comme un microcosme de l'organisation sociale. les régiments d'aristocrates accompagnés de leurs gens, membres de leur lignage et serviteurs séviles ou semi-séviles combattant sous leur enseigne. dans ces cortèges on y trouvent des dizaines de milliers, marchands, trafiquants, prostituées, mendiants, famille de soldats, qui suivaient paisiblement les régiments. leur activité n'était pas essentiellement militaire.

De toute manière même encore de nos jours l'armée est une sorte de catalyseur de la prostitution, je vais prendre en exemple L'utilisation d'installations récréatives fait encore partie des politiques du Pentagone . Immédiatement après la première guerre contre l'Irak, les troupes américaines ont été envoyées en Thaïlande pour y prendre du bon temps.

partout où passe l'armée il y aura forcement une solicitation de la prostitution.
Les soldats de la force de l’OTAN au Kosovo (KFOR) et le personnel de l’ONU contribuent à alimenter l’essor de la prostitution dans la province de Serbie à majorité albanaise, affirme Amnesty International dans un rapport rendu public le 6 mai 2004.
Selon l’organisation de défense des droits humains, 20 % des clients des réseaux de prostitution au Kosovo sont des soldats de la KFOR et des policiers de la MINUK (Mission des Nations unies).

À la fin des années 50, le gouvernement américain et la République de Corée ont signé un traité de défense mutuel qui a formellement accordé des bases militaires aux troupes américaines en Corée du Sud. Une des clause du traité prévoyait la mise en place de Rest and Recreation sites pour les soldats américains. Dans ces sites, les bordels étaient subventionnés par le gouvernement coréen, qui a ainsi pu édicter ses règles : il a estimé que des filles « de réconfort militaire » devaient « servir » 29 militaires par jour. Le gouvernement a même évalué que les contacts sexuels ne devaient pas dépasser les 30 minutes.

Cette prostitution en temps de guerre a toujours existée et existera toujours mais en tout cas les médias n'ose guère s'aventurer sur ce domaine, d'ailleurs je me demande pouquoi puisqu'après tout c'est une réalité qui n'est pas plus horrible que la guerre en elle même; d'ailleurs nombreuses personnes doivent l'ignorer ou se le cacher.

Bonne soirée à tous.

ps: Jean-Claude Leclerc, Le scandale de l’esclavage sexuel au Kosovo, Le Devoir, le 31 mai 2004.

Faget · **Publié :** 11 Oct 2007 17:44

Ce phénomène que vous évoquez : une masse d'hommes sans femmes appelle la prostitution est semblable à celui des quartiers chauds dans tous les ports destinés à satisfaire les équipages après de longues traversées.

Savinien · **Inscription :** 23 Déc 2004 6:42 **Message(s) :** 1614

Le magazine L'Histoire évoque également cet aspect de l'histoire car une exposition a sur le sujet a lieu aux Invalides jusqu'au 31 décembre sous le titre "Amours guerres et sexualité".

On y apprend qu'au début de la Grande Guerre, immoralité et antipatriotisme étant lié, les prostituées sont systématiquement arrêtées et expulsées jusqu'à l'année 1916 ou l'armée décide de le contrôler.
Bref l'armée se fait proxénète et exige de ses filles un travail d'abattage (jusqu'à 100 hommes par jour) ce qui amènera quelques commentaires sur, je cite "la déterioration du personnel".
Le 13 mars 1918, prenant exemple sur ce qui se fait aux colonies, des bordels réservés aux militaires sont crées.

Ungern · **Publié :** 28 Oct 2007 12:03

Question sérieuse,mais sur un sujet à première vue peu sérieux ... les BMC...

Quel était le statut du personnel des BMC : personnel "d'encadrement"

et personnel "pratiquant"

?

Comment étaient-ils rétribués?

D'où provenaient-ils (:8:)

?

Sous quel label étaient-ils repris dans les contrendus comptable

?

Pour la troupe,la "consultation"

au BMC était elle "gratuite" (offerte par l'armée) ou payante ?
Il y avait des "bons" ?

Merci .

Faget · **Publié :** 28 Oct 2007 13:49

Il faudrait regrouper avec ce lien . (C'est fait, P.M.) En outre dans l'ouvrage de référence, il y a peut-être réponse à la question.

http://passion-histoire.net/phpBB3_Fr/v ... ht=#186762

Faget · **Publié :** 28 Oct 2007 13:56

L'ouvrage de référence auquel je fais allusion est bien sûr :
Michel Hardy
De la morale au moral des troupes
Lavauzelle -2004

Ungern · **Publié :** 28 Oct 2007 17:36

Teutates a écrit :

le gouvernement coréen, qui a ainsi pu édicter ses règles : il a estimé que des filles « de réconfort militaire » devaient « servir » 29 militaires par jour. Le gouvernement a même évalué que les contacts sexuels ne devaient pas dépasser les 30 minutes.

29 x 30 = 14 h 30 .

Non aux cadences infernales ! :evil:

Florian

Un document fort suggestif posté récemment sur le blog de Jean-Dominique Merchet:

http://secretdefense.blogs.liberation.f ... un-pe.html

Faget

A une époque que l'on veut faire passer pour puritaine, alors que la notre est censée être libérée, cela prouve que ces généraux moustachus qui en avaient, en avait vu et ne craignaient personne, savaient prendre position. Ils avaient une vue réaliste de ce que sont les hommes. Et cela pouvait contribuer à limiter le harcèlement des femmes dans la rue, les viols , la pédophilie ou l'homosexualité.

Ungern

J'en reviens à ma question qui n'a pas eu de réponse et qui posait cependant un problème :

. Le bordel à l'extérieur de la base,c'est de la simple prostitution tolérée par l'armée .
. Le BMC c'est "différent" : il y a au moins une participation directe de l'armée ne fusse que le transport des "travailleuses" + la visite médicale préalable à l'embauche

...

a) Ma question était donc : la coopération se limitait-elle à celà ?
b) Est ce que ces dames étaient payées par l'armée avec service "de base" gratuit pour les militaires ?
c) Ces dames étaient-elles payées "en sus" (si j'ose dire :mrgreen:

) par la troupe ?
d) Ces dames étaient reprises "comment" dans les livres comptables 8-|

?
e) Etc ...

Faget

Quand on lit les ouvrages soit d'entre les deux guerres mondiales, soit sur la guerre d'Indo, on peut partiellement répondre à vos questions Unger.
Les filles avaient un contrat avec l'armée, il y avait une mère maquerelle qui était l'interlocutrice auprès du commandement. Les militaires payaient leur passe, je ne sais plus si il y avait un tarif différent pour la troupe, les sous-officiers et les officiers. Le prix payé se divisait en trois parties : la fille, la maquerelle, l'ordinaire ( le budget alimentation de la troupe) , je ne sais dans quelles proportions. Après 1945 cette dernière partie ira au Foyer du Soldat.
Enfin il y avait un suivi sanitaire et un document réglementaire où etait inscrit qui était allé avec qui. Ce dernier détail m'a été donné par un ancien sous-officier de Légion.
Ces détails peuvent paraitre égriards pour notre génération plus pudibonde qu'on ne le croit, il n'empêche qu'à Dien Bien Phu, entre autres, ces petites putes vietnamiennes ont eu une attitude admirable pendant le siège à l'hôpital de campagne et ont été d'un grand dévouement comme aide soignantes que les anciens se sont plu à louer.

Ungern

Merci .
Très intéressant .

Le repos du guerrier

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