Moui... mais ce fil n'aborde guère que les jeux vidéos dont l'intérêt, du point de vue du passionné d'histoire, est rarement à la hauteur. L'aspect ludique y prédominant, on ne s'y embarasse guère, en général, de subtilité. Et les anachronismes y sont légions.
Le jeu d'histoire classique et la reconstitution me semblent s'en distinguer par une caractéristique commune: la nécessité, pour bien les réaliser, d'avoir mener de grosses recherches sur les sujets concernés. Pour la reconstitution, c'est évident, et rejoindre certains groupes de reconstitueurs dans l'idée d'y "jouer à la guere" conduit souvent à de grosses surprises: les puristes y sont redoutables d'exigences, fruit de plusieurs années de patiente recherche et réflexion.
Quant au jeu d'histoire, il bénéficie de l'authentique tradition qu'est le kriegspiel, enrichi par l'impératif de retrouver la logique propre d'un conflit du passé. D'où, parfois, des tensions entre ceux qui y recherchent avant tout l'aspect ludique et ceux qui en attendent une vraie simulation. Et pour ces derniers il existe des jeux extraordinaires de complexité (une différence majeure et définitive avec le jeu vidéo) et très stimulant pour l'esprit ("La Grande Guerre" de P. Thibaut et B. de Scorraille en est un excellent exemple): ils permettent, de façon très intelligente, au passionné d'histoire de se poser la question tabou, celle qui le mettra sur la touche dans bien des discussions, à savoir le fameux "et si..." qui nous brûle bien plus souvent les lèvres que nous l'oserions avouer. Souvent ces jeux sont d'ailleurs accompagnés d'une bibliographie qui témoigne de l'importance et du sérieux des recherches menées par le concepteur.
Voilà. Ceci pour dire qu'on ne peut pas tout mélanger sous l'appellation "jeu", ni louer ni condamner en bloc. J'aurais toujours du mal à comprendre l'amateur d'histoire jouant l'apprenti maître du monde sur leur PC (et il y en a des jeux du genre...
). Mais quand je vois l'intelligence et la masse de connaissances contenues dans certains jeux d'histoire, ou bien dans certains groupes de reconstitution, là je dis respect.