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Message Publié : 28 Avr 2008 19:31 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 30 Juin 2006 19:28
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Bonjour,

Avec l'apparition dans les armées occidentales, vers 1840-50, des armes que j'oserais qualifier de "transition" (fusils à percussion, carabines et fusils rayés, fusils à chargement par la culasse...), comment ont évolué les tactiques de combat d'infanterie dans les différentes armées d'Europe et des Amériques, que ce soit en défense et en attaque (question 1)?
Les doctrines d'emploi étaient-elles les mêmes dans chaque nation "civilisées" (question 2)?
Quelles étaient, en gros, les formations de combat adoptées dans chaque infanterie en fonction de la posture adoptée et du type de menace rencontré (siège d'une forteresse, défense contre une charge de cavalerie, attaque en forêt, en milieu urbain, en montagne...question 3)?
L'infanterie française sous Napoléon III avait une réputation d'invincibilité universellement reconnue depuis la Guerre de Crimée et, surtout, depuis la campagne d'Italie, grâce à ses charges à la baïonnette (célèbre "furia francese") lors des attaques ou des retours offensifs (contre-attaques). Quels étaient les atouts des autres infanteries d'Europe à cette époque (question 4)?
Connaissez-vous les formations de combat adoptées par chaque infanterie belligérante lors des grandes batailles de l'âge industriel (Alma, Inkermann, Magenta, Solférino, Bull Run, Shiloh, Antietam, Fredericksburg, Sadowa, Custozza, etc...question 5)?

En clair, je desirerais que quelqu'un me fasse un petit "traité" sur l'utilisation de l'infanterie à l'âge industriel. Par la même occasion, j'aurai voulu savoir si le terme de "reine des batailles" pour désigner l'arme de l'infanterie date de cette époque.

Cordialement.

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"Vous êtes de la merde dans un bas de soie" (Napoléon à Talleyrand).


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Message Publié : 29 Avr 2008 17:59 
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Polybe
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Inscription : 19 Juil 2007 12:07
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Localisation : Barbezieux
Tout d'abord, ce que je dit viens de mes souvenirs: je peux tout a fait me tromper :mrgreen: .
L'infanterie est qualifiée de "reine des batailles" par Napoléon 1er.
1)Normalement, les techniques de combat restent un peu près les mêmes que celles de la fin de l'Empire.
2)Les doctrines d'emplois restent sensiblement les mêmes dans chaque pays. Seul la stratégie, l'organisation, les mouvements interarmes changent. Par exemple, armée de conscrit contre armée professionnelle.
3)Voici les techniques habituelles de combat:
4) L'infanterie française était réputée car elle est très expérimenté grâce aux guerres coloniales. D'où la faiblesse des troupes n'ayant pas cette expérience. Mais il ne faut pas négliger des facteurs comme l'armement, la topographie... De plus, l'infanterie seule a peu de chances de gagner dans les combats des théâtres européen sans l'appui de l'artillerie et de la cavalerie.

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"Le génie est un métier au-dessus de nos forces, il embrasse trop de chose pour qu'un homme le puisse posséder dans un souverain degré de perfection."
Sébastien le Prestre, marquis de Vauban.


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Message Publié : 29 Avr 2008 19:31 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 30 Juin 2006 19:28
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Pour la doctrine d'emploi de l'infanterie française sous Napoléon III, je me réfère ici à l'excellent ouvrage de Stéphane Przybylski ("La campagne militaire de 1870"-Batailles décisives autour de Metz : Gravelotte-St-Privat; Rezonville-Mars-La-Tour; Borny).
Tout d'abord, et cela tout le monde le sait à présent, l'infanterie de Napoléon III est considérée en 1870 comme la meilleure du monde. A ce titre, elle est crainte et respectée dans tous les états-majors européens, y compris celui de Berlin. L'infanterie française a alors pour elle une tradition d'excellence liée aux victoires remportées à Fleurus, aux Pyramides d'Egypte, à Arcole, Marengo, Rivoli, Austerlitz, Iéna, Friedland, Saragosse, Smolensk, Borodino, Dresde, Chambaupert, etc...L'infanterie française restaure ensuite, de 1815 à 1865, le prestige de la France et devient pour la nation ce que la "Royal Navy" représente comme fierté à la Grande-Bretagne, notamment grâce aux campagnes menées en Europe et hors d'Europe (campagne d'Espagne contre la junte de Cadix, campagne pour l'indépendance de la Belgique, conquête de l'Algérie, Siège contre les Républicains romains, Guerre de Crimée, campagne d'Italie, expédition de Chine, campagne de Syrie et campagne du Mexique).
La "furia francese", terme qui désigne la charge à la baïonnette des fantassins français, est redoutée dans le monde entier!
En 1870, la doctrine d'emploi des fantassins en vigueur avant guerre est maintenue. Elle correspond à l'ordonnance de 1791, modifiée en 1831 puis en 1862, "à une époque ou le fusil à tir rapide n'était pas encore introduit dans l'armée française et ou l'artillerie "Krupp" était inconnue" !...
Les régiments d'infanterie impériaux manoeuvrent encore selon des principes qui n'auraient pas désorienté Napoléon 1er : on a ainsi recours à la formation en ligne pour la défense,, à celle en colonnes pour l'attaque et aux déploiements en tirailleurs.
La ligne permet de faire tirer un maximum de fusils simultanémént, les hommes prenant leur position sur un front étendu, le premier rang couché, le deuxième à genoux et le troisième debout (le meilleur exemple d'une telle ligne, à mon sens, est sans nulle doute celle du 93ème "Highlander Regiment" à Balaklava, qui stoppa net l'offensive russe au début de la bataille...).
La formation en colonnes rétrécit au contraire le front des bataillons, les soldats se plaçant les uns derrière les autres pour marcher vers l'ennemi ( exception faite pour les Anglais à la bataille de l'Alma et pour les troupes américaines lors de la Guerre de Sécession, lesquelles avançaient en longues lignes de bataillons et se faisaient abattre par pans entiers...).
En colonnes, les hommes présentent ainsi une cible réduite à leur adversaire avant de charger à l'arme blanche.
Les tirailleurs, eux, précèdent généralement les unités de ligne adoptant la formation en ligne ou en colonnes. La tactique des tirailleurs permet aux hommes de s'espacer de plusieurs mètres les uns des autres, de rester extrêmement mobiles et d'utiliser le moindre abri pour s'approcher au plus près de l'ennemi pour le harceler et abattre ses officiers, porte-étendards et autres sonneurs de "buggle"...Cette dernière est généralement employée par les bataillons de chasseurs à pied accompagnant les régiments de ligne d'une même division.
L'organisation française, au niveau de la division, prévoit que les deux brigades qui la composent soient alignées l'une derrière l'autre sur le champ de bataille. La première brigade se dispose généralement en ligne face à l'ennemi, précédée du bataillon de chasseurs placé en tirailleurs. A environ 400 mètres en arrière, la seconde brigade forme ses colonnes et se tient prête a renforcer les troupes de la première placées sur la ligne de front.
Cette organisation ne tient pas cependant compte des progrès de l'artillerie en 1870. Ainsi, le deuxième rang censé renforcé la première brigade est-il souvent bombardé sans même apercevoir l'ennemei. Face à une telle situation, le principe consistant à faire coucher les hommes au sol ne les protège pas des tirs d'artillerie (cette tactique est rendue possible grâce à l'apparition des fusils se chargeant par la culasse, les fusils à percussion ne pouvant être chargés que debout...).
Dans les années qui suivent la guerre austro-prussienne de 1866, d'autres solutions vont être envisagées pour atténuer les effets des armes à feu modernes. Le Maréchal Niel, en 1869, préconise ainsi l'utilisation généralisée des tranchées-abris, celles-ci devant être aménagées systématiquement une fois que l'infanterie aura gagné ses positions de combat. Dans la pratique, le Maréchal Bazaine respectera les volontés de NIel quand il donnera l'ordre avant la bataille de saint-Privat, mais il ne sera obéï que par deux chefs de corps sur quatre, savoir Frossard et Leboeuf, qui seront alors les seuls à pouvoir tenir leur ligne de bataille sans reculer, le 18 août 1870...
L'utilisation des tranchées-abris et des fortifications de campagne temporaires met en lumière le nouvel esprit qui habite alors l'armée française en 1870.. Après avoir été le tenant de l'offensive et de la "furia francese" tout au long du XIXème siècle, le fantassin français se retrouve confiné dans un rôle purement défensif par ses chefs. Le "Chassepot" a ici un effet pervers sur le haut commandement, persuadant celui-ci que l'infanterie peut rester immobile sur une "belle position" et repousser tous les assauts ennemeis grâce à son nouveau fusil. Les généraux français placent d'ailleurs tellement d'espoir dans cette arme qu'ils renoncent à peaufiner une nouvelle tactique pour les tirailleurs maintenant équipés du "Chassepot". Pourtant, ces derniers auraient pu se porter loin en avant de la ligne de bataille et prendre à parti les servants de l'artillerie adverse sans que ceux-ci ne puissent être protégés par leur propre infanterie, le fusil "Dreyse" étant nettement surclassé par le fusil français en matière de portée. Au bois de la "Cusse", les tirailleurs du général de Ladmirault mettront ainsi à mal les batteries prussiennes trop avancées, illustrant de la sorte les vertus du combat mobile, cet épisode ne représentant qu'une simple et timide tentative de mettre en pratique une tactique qui aurait mérité d'être systématisée avant-guerre.

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Message Publié : 29 Avr 2008 20:05 
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Grégoire de Tours
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Suite de l'épisode précédent (le temps de m'être rafraîchi les "boudins" sous l'eau froide... 8-| )...Ce chapitre s'intéresse plus particulièrement à la tactique de combat des fantassins prussiens lors de la guerre franco-allemande de 1870...

En ce qui concerne l'art de combattre des fantassins prussiens en 1870 (et sûrement aussi des autres "trouffions" allemands, les règlements de manoeuvre de l'état-major de Berlin ayant du être adoptés par tous les états, qu'il s'agisse de la Bavière, du Wurtemberg ou de la Hesse-Darmstadt...), Stéphane Przybylski écrit qu'ils bénéfécient d'une doctrine d'emploi censée les protéger au mieux des armes nouvelles. Cette doctrine a été énoncée en 1868 par le prince Frédéric-Charles qui rédigea une brochure intitulée "L'art de combattre les Français". Dès cette date, le ton est donné et "l'adversaire clairement désigné"...
La nouvelle ordonnance de l'infanterie prussienne répond à la nécessité d'abriter les hommes, de n'en exposer qu'un petit nombre à la fois et de leur donner suffisamment de mobilité pour qu'ils puissent se soustrairent aux tirs ennemis.
L'armée allemande adopte alors un dispositif en profondeur qui vise à diminuer la longueur de sa ligne de bataille. Ceci a pour effet d'augmenter la résistance des flancs, qui se trouvent soutenus par les troupes placées en retrait, mais aussi de fournir davantage de réserves pouvant alors s'engager là ou le besoin se fait sentir.
Un des avantages de cette nouvelle tactique est de faciliter les attaques tournantes, puisqu'il est plus facile alors de faire pivoter une formation en profondeur qu'une longue ligne de soldats.
En attaque comme en défense, l'infanterie prussienne opère également en échelons. Chaque brigade de la Garde royale va ainsi s'engager à la suite de l'autre entre Amanvilliers et Saint-Privat, la manoeuvre visant à attirer le feu des français sur une unité avancée pour faciliter la progression des autres. L'engagement en échelons connaîta des résultats mitigés sur le champ de bataille, la Garde royale prussienne ne parvenant pas à s'approcher des lignes adverses en employant cette méthode (et subissant en outre de sérieuses pertes...).
Le principe des troupes masquées se révèle bien plus efficace tactiquement : à la volonté de présenter un front peu étendu face à l'ennemi, l'état-major prussien ajoute alors le morcellement des unités, ces deux facteurs augmentant d'autant la mobilité des fantassins. Ceux-ci peuvent alors se plier à toute forme de terrain, s'y dissimuler et laisser en arrière et à l'abri une partie de leurs forces. Cette tactique trouvera tout son sens dans le ravin de "Colombey" ou l'infanterie prussienne, bien qu'inférieure en nombre, réussira à tenir tête à son adversaire, le harcelant du bois de "Borny" au plateau de Lauvallières. Déjà mise en pratique lors de la campagne de Bohême contre les Autrichiens, la tactique des troupes masquées sera employée systématiquement en Lorraine dès qu'une forêt ou un ravin permettra de dissimuler l'infanterie aux yeux de l'ennemi. Elle fera dire au général Metman, du IIIème corps d'armée français, au sujet de la bataille de Borny : "Les Prussiens cachés dans les taillis, étaient devenus tellement invisibles que nul ne pourrait affirmer en avoir une seule fraction constituée".

Cordialement.

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Message Publié : 29 Avr 2008 20:32 
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Grégoire de Tours
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Je termine ici en vous livrant les formations d'attaque prussiennes et française:
A) La formation d'attaque d'un bataillon prussien, dit "de tête", comprend une avant-ligne formée de deux pelotons de tirailleurs et de deux pelotons en colonne et d'une ligne principale, chargée de l'assaut, formée de deux colonnes de trpois pelotons chacune.
La formation d'attaque d'un régiment d'infanterie français se schématise ainsi: un bataillon "de tête" (décrit comme ci-dessus) et une deuxième ligne formée de deux bataillons en colonnes de demi-bataillons.
La division d'infanterie se forme pour l'attaque en deux brigades, chacune de deux régiments en colonnes.
(schémas établis selon le règlement prussien du 3 août 1870).

B) Le règlement de manoeuvre français de 1869, peu connu de la troupe qui a longtemps vécu avec le règlement de 1831, prévoit qu'un bataillon se forme en ligne de colonne de "division", la "division" désignant ici l'ensemble de deux compagnies. Cela donne un bataillon en "colonne de division" de 1ère ligne (deux compagnies en tirailleurs et quatre en colonne) et un autre en "colonne de division" de 2ème ligne (6 compagnies réparties sur 3 colonnes de "division"). A l'échelon de la division d'infanterie, on trouvera alors une première ligne formée de 2 régiments (chacun ayant 3 bataillons en "colonne de division", soit 6 compagnies en tirailleurs et 12 compagnies en colonne) et enfin une deuxième ligne composée des 2 autres régiments (chacun avec 3 bataillons adoptant la formation dite de "colonne de division" de 2ème ligne, soit au total, pour chaque régiment: 18 compagnies disposées en 9 "colonnes de division").

Si quelqu'un a des infos concernant les règlements de manoeuvre en vigueur chez les autres nations de cette même période (en particulier l'Autriche, la Russie, Le Piémont-Sardaigne, La Turquie, le Danemark, les deux belligérants de la Guerre de Sécession...), je le remercie d'avance!!!

Cordialement.

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