Bonjour,
Bien sur l'on pourrait énumérer bon nombre de grands capitaines des guerres de la révolution et du 1er empire, comme Napoléon Bonaparte, Moreau, Souham, Masséna, Davout, Moncey, Michaud, Kléber ou Dugommier.
Cependant, ce sont de jeunes généraux, personnellement j'aurai plutôt tendance à admirer des généraux qui ont été poussés à commander des armés alors que leur âge devenait vraiment élevé, je pense notamment au vicomte de Turenne et au duc de Luxembourg-Bouteville, les meilleurs capitaines du Roi de France Louis quatorze.
En 1674-1675, l'Alsace et la France étaient menacées d'invasion par les Impériaux et les princes Allemand. Dès lors, la cour de France tremblait devant cette menace et le Roi envoyât son meilleur lieutenant, le vicomte de Turenne. En 1674, sur les terres d'Alsace, malgré la supériorité numérique de l'adversaire, le vicomte de Turenne, pourtant âgé de 63 ans, battit les Impériaux aux combats de Entzeim et de Sintzeim. Par la suite, s'apercevant que les forces de l'adversaire ne faisaient que s'acroisser et comprenant qu'il ne pouvait plus tenir l'Alsace avec sa petite armée de 30 000 Français, le vicomte de Turenne se décidât à un repli temporaire en Lorraine. En fait, dans l'esprit de Turenne, ce repli ne devait qu'être illusoire et représentait un peu une défense stratégique en élastique, se replier pour mieux attaquer.
En janvier 1675, en plein hiver neigeux, les forces Impériale et Allemande venaient d'établir leurs quartiers d'hiver, leurs forces se trouvaient donc éparpillés et il n'y avait pas meilleur occasion pour les attaquer et les battre en détail. Sachant cela, Turenne reprit l'offensive, fit marcher ses soldats Français dans la neige, leur fit repasser en Alsace par les Vosges et battit donc, en détail, bon nombre de détachements Impériaux ou Allemands. Finalement, après avoir mit en fuite la cavalerie Impériale à Mulhouse, Turenne vint vaincre, en bataille rangée, dans les plaines de Colmar et de Turckheim, l'armée du duc de Brandebourg. Suite à cette victoire, l'Alsace était sauvée...pour un temps seulement.
Dans cette même année 1675, alors que les Brandebourgeois (les Prussiens) et certains princes Allemands abandonnèrent la partie, les Impériaux revinrent à la charge en Alsace, avec à leur tête un des meilleurs généraux du moment, l'Italien Montecuccoli, vainqueur des Turcs, l'on dit de lui qu'il ne ferât qu'une bouchée de Turenne..
Il n'y aura pas de batailles rangées entre Turenne et Montecuccoli, mais une campagne à la fois étrange et originale, surtout faite de manoeuvres stratégique, chacun des deux capitaines cherchant à trouver la meilleur position stratégique pour mener, dans les meilleurs conditions possible, la bataille décisive. Hors, à ce petit jeu, c'est Turenne qui va mener au score. Malgré la ténacité de Montecuccoli, Turenne va réussir à conserver Strasbourg, le pont de ville et va constamment mener son redoutable adversaire en bateau, ayant constamment l'initiative des manoeuvres. Malheureusement, alors que Turenne se prépare à livrer une bataille décisive à Sasbach, un maudit boulet vient emporter une partie de ses membres et sa glorieuse vie. Cependant, grâce à l'intervention du prince de Condé et au découragement de Montecuccoli, l'Alsace resteras finalement Française.
Quand au maréchal Luxembourg-Bouteville, de 1690 à 1693, malgré la soixantaine d'âge, il réussiras à vaincre les coalisés (Anglais, Allemands, Impériaux, Espagnols) dans les batailles de Fleurus, Steinkerque et Neerwinden, sauvant ainsi le royaume de France de l'invasion, démontrant, malgré son âge élevé, un esprit vif et de grands talents de tacticiens. Il serrât surnommé par les Parisiens le "Tapissier de notre dame", pour les innombrables drapeaux adverses capturés.
Bien sur, l'on peut toujours être admiratif devant un jeune général n'ayant aucune expérience dans la guerre et remportant une grande victoire. Cependant, même si le vieux capitaine a plus d'expérience que le jeune, il est beaucoup plus à son honneur, vu son âge élevé, à réussir à commander une armée de plusieurs milliers d'hommes sur un champ de bataille.
_________________ Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, l’Art est long et le Temps est court.
Charles Baudelaire
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