Les Bushis :
Ils sont beaucoup plus connus sous le nom de samouraïs. En fait, le terme de samouraï s'imposera après le Sengoku-Jidaï, mais leur code, qui sera élaboré au cours du XVIIème siècle, fera explicitement référence à leurs ancien nom : le Bushido. Le cocasse de l'histoire est que nous connaissons donc sous un nom erroné les terribles combattants japonais qui sont entrés dans la légende, alors que les samouraïs proprement dit constitueront pendant plus de 250 ans l'armature militaire d'un pays en paix … Bushi ou samouraï, nous les visualisons facilement en général, avec leurs armures et leurs casques étranges. Ils sont aussi connus par le fameux port des deux sabres, le sabre long, ou katana, et le sabre court, le wakizashi. Les bushis (serviteurs en japonais) sont au départ des servants armés. Les amalgamer de ce fait aux chevaliers européens est donc un peu erroné, dans la mesure ou le bushi des origines n'est rien d'autre qu'un serviteur dans l'ordre social féodal. Cependant, et au cours des siècles, les bushis sont devenus la colonne vertébrale des armées japonaises. Fidèles à en mourir à leurs seigneurs de guerre, ils ont développé de manière considérable la plupart des arts de la guerre. L'on croise donc (quoique ce ne soit pas forcément une bonne idée !) des bushis fantassins ou cavaliers, combattants à la lance, au naginata (sorte de hallebarde) ou au sabre, et aussi, sinon surtout, archers. Equipés de l'arc japonais asymétrique (un arc très grand dont la partie inférieure est plus courte), les bushis sont réputés pour leurs talents d'archers, que ce soit à pied ou à cheval.
Evidemment, pour eux, l'apparition de l'arquebuse n'a pas été la meilleure nouvelle qui soit, et d'ailleurs l'archerie en souffrira, pour s'effacer lentement des champs de bataille avant de devenir un art martial pur et simple, presque un sport. Les diables rouges de Naomasa sont des bushis, et la célèbre cavalerie des Takeda, dans les années 1545-1575, est également composée de bushis, bien sûr, puisque eux seuls combattent à cheval. Le bushi va également donner lieu à l'apparition d'un guerrier un peu particulier : le rônin, ou samouraï sans maître. L'idée en soi est aberrante dans le système social japonais, mais la réalité de la vie fait qu'à la mort de certains daymios, il n'est pas rare, et deviendra même de plus en plus fréquent, que des guerriers se retrouvent sans patronage, réduits à louer leurs services ou, pire, à devenir brigands pour survivre. Après Sekigahara et la disparition de plusieurs dizaines de seigneurs de la guerre engloutis dans le désastre, ce sont des dizaines de milliers de rônins qui vont errer dans le Japon central, et ce sera l'une des graves questions qu'aura à gérer le jeune shôgunat Tokugawa.
_________________ "Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".
Yves Modéran
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