Aigle a écrit :
la sélection et la formation des sous-officiers du XVIIè s à nos jours.
Merci de me donner l'occasion de parler de mon service militaire, en 1984.
Les appelés avaient la possibilité de faire une "préparation militaire" (PM) de deux mois, avant le début du service militaire d'un an. Cela donne la possibilité de devenir brigadier (un "brigadier" est équivalent à un "caporal"), ou même maréchal des logis (un "maréchal des logis" est équivalent à un "sergent"), si tout se passe bien. Ceux qui font une école particulière, comme polytechnique, deviennent "aspirants", c'est à dire "lieutenant" débutant. Je n'ai pas fait de PM.
Lors des trois jours, qui ont duré une journée et une matinée pour moi, j'ai passé un examen médical, vu des films sur l'armée, et rempli des questionnaires à choix multiples, dont l'un portait sur des questions de logique (dans quel sens va tourner la roue dentée C, si on tourne la roue A dans le sens des aiguilles d'une montre ? quel est le domino suivant ?), et l'autre sur la culture générale, si je me souviens bien. Il faut répondre très vite. A la fin, nous sommes séparés en plusieurs groupes selon nos résultats. Mon groupe est celui de ceux qui ont plus de 16/20 de moyenne et pas de problème physique important. Nous représentons l'élite de la nation, et nous avons donc une deuxième chance de faire une préparation militaire avec la possibilité de devenir sous-officier. Je décline cette proposition, parce que je souhaite passer le moins de temps possible à l'armée. Ensuite, je passe un entretien individuel avec un militaire qui note les souhaits d'affectation, mais je n'ai pas de préférence.
Un peu plus tard, je reçois une lettre avec le nom de ma caserne, la date à laquelle on m'attend, et un bon de réduction pour le train (ou un ticket de train, je ne me souviens plus très bien). J'arrive là-bas, à 400 km de chez moi. Tous les nouveaux passent un par un dans le bureau d'un grand chef. Mon dossier n'est pas encore arrivé. On me demande ma note. Je la donne. On me répond que c'est très, que j'ai donc la chance de pouvoir faire partie d'un groupe d'appelés qui deviendront brigadiers ou sous-officiers. Cette fois-ci j'accepte, étant attiré par la perspective d'avoir une chambre individuelle au lieu de la grande chambre des hommes de troupe. Je commence cette préparation, mais je ne suis pas très fort physiquement et en plus, j'attrape un gros rhume. Donc, un matin, on m'annonce que je change de groupe. Je rejoins les soldats. Je reste avec eux jusqu'à la fin, mais en ayant le privilège de devenir secrétaire, ainsi que le désavantage d'être armurier remplaçant, donc d'avoir un peu moins de weekends libres que les autres et d'avoir la crainte d'être agressé par des voleurs. Etant secrétaire, j'ai la clé de l'armoire où se trouvent les dossiers des appelés, et je ne résiste pas à la tentation de consulter les notes de mes collègues, mais bien sûr en gardant le secret professionnel. Je constate alors que les notes forment bien la courbe de Gauss qui est prévue. De plus, il y a un appelé, parmi les deux cents de l'escadron, qui est plus intelligent que moi. Quelle déception ! J'aurais préféré ne pas le savoir.