Dans les troupes dites régulières de l’Ancien Régime ont rencontre trois types de formations de grenadiers. Tout d’abord les compagnies de grenadiers attachées à chacun des bataillons de l’infanterie, puis les Grenadiers Royaux et enfin les Grenadiers de France.
Les compagnies de grenadier des régiments d’infanterie
Jusqu’au milieu du 17e siècle, on assemblait en compagnies, sous le nom d’enfants perdus, des soldats tirés des anciennes bandes et destinés à monter à l’assaut d’un retranchement, d’une redoute, ouvrir la marche des colonnes, etc. Cette appellation tombe peu à peu en désuétude, et même s’ils continuent à être assemblés, ce n’est pas sans difficulté, les capitaines propriétaires de leurs compagnies étant peu enclins à voir partir pour ces missions périlleuses des soldats qu’ils avaient du mal à enrôler. En particulier, les guerres de conquête de Louis XIV sont pour une grande partie des guerres de siège avec la nécessité d’avoir des hommes vaillants capables de monter à la tranchée, de lancer des grenades… En 1667 sont créés les premiers grenadiers. Tout d’abord à raison de quatre grenadiers dans les compagnies du régiment Du Roi, très vite, ils sont généralisés à tous les régiments et sont portés à six, puis sont réunis en une compagnie particulière. Cette institution française sera rapidement reprise par toutes les armées d’Europe.
Par exemple l’infanterie française de la guerre de Sept Ans se compose de 12 régiments à quatre bataillons, de 52 à deux bataillons, et 16 à un bataillon ; certains régiments ont donc quatre, deux ou seulement une compagnie de grenadiers. Normandie qui à 4 bataillons avait donc 4 compagnies de grenadiers. A partir de 1776, il ne sera conservé qu’une seule compagnie de grenadiers par régiment, quel que soit le nombre de bataillons, à l’exception du régiment Du Roi.
Les Grenadiers de France
L’ordonnance du 15 février 1749 crée le régiment des Grenadiers de France par la réunion en un seul corps de toutes les compagnies de grenadiers des régiments d’infanterie réformés après la paix d’Aix-la-Chapelle : « Pour continuer d’entretenir au service de Sa Majesté des troupes d’une espèce si précieuse à conserver ». En 1762, il prend le nom de Corps des Grenadiers de France ; il sera réformé en 1771. Une partie des soldats est tirée des Grenadiers royaux de la Milice, « c’est une distinction singulière et un honneur que le Roy a voulu faire à ses grenadiers royaux que de les admettre dans un corps tel que les grenadiers de France, qui est formé de l’élite de ses troupes. » Mais la nécessité de ne pas épuiser le corps des Grenadiers Royaux fait changer cette règle de recrutement. À partir du 1er mai 1757, les Grenadiers de France ne doivent se recruter que parmi les grenadiers postiches, c’est-à-dire les compagnies de recrues des Grenadiers Royaux ; cette incorporation était temporaire, le temps d’une campagne à moins que le soldat convienne au service et s’engage pour 6 années. À partir de l’ordonnance du 21 décembre 1762, le recrutement se fait au sein des compagnies de grenadiers de chacun des régiments d’infanterie française à tour de rôle.
Les Grenadiers royaux Jusqu’en 1744, toutes les compagnies de milice n’étaient composées que de compagnies de fusiliers. L’ordonnance du 25 août 1734 avait bien créé une compagnie de grenadiers par bataillon, mais cette compagnie fut dissoute dès la paix revenue en 1735. C’est l’ordonnance du 15 septembre 1744 qui établit définitivement une compagnie de grenadiers à la suite de chaque bataillon de milices. L’ordonnance du 10 avril 1745 réunit les 84 compagnies en sept régiments de Grenadiers royaux . Les régiments prennent alors le nom de leurs colonels respectifs. Les compagnies de Grenadiers royaux devant également toujours être complètes, on crée par l’ordonnance du 28 janvier 1746 une compagnie de grenadiers postiches d’où seront tirés les nouveaux grenadiers. La compagnie de grenadiers postiches, qui doit également toujours être complète, tire elle-même les soldats dont elle a besoin de l’ensemble des compagnies de fusiliers du bataillon de milices. En février 1748, 2 nouveaux régiments sont assemblés, mais dès août 1748, à la signature des préliminaires de paix, les régiments de Grenadiers royaux sont licenciés. En 1750, les 107 compagnies de grenadiers sont réunies en 11 bataillons répartis en 8 bataillons de 10 compagnies et 3 bataillons de 9 compagnies. À noter que la France est en paix, il ne s’agit pas encore ici de régiments et que les grenadiers postiches ne sont alors pas concernés pas cette réunion. Cette mesure vise à maintenir une instruction militaire suffisante à l’élite des troupes des milices. Les bataillons sont assemblés dans des camps d’instruction dans différentes places de guerre durant un mois où ils s’entrainent aux évolutions et au maniement des armes. Le premier de ces camps débute en mars 1750 puis ils se renouvelleront chaque année jusqu’en 1755. Ils sont organisés au début de l’hiver ou au début du printemps, dans les périodes où les hommes sont les moins nécessaires à l’agriculture. Dès le début de l’année 1756, la guerre se faisant imminente, les bataillons de milice sont assemblés et les compagnies de grenadiers postiches sont portées à 60 hommes. L’ordonnance du 5 décembre 1756 réunit toutes les compagnies de grenadiers des milices ainsi que les grenadiers postiches, tirées des 107 bataillons de milices pour rétablir 11 régiments de Grenadiers royaux . Tous ces régiments qui forment les Grenadiers royaux portent toujours le nom de leur colonel. L’ordonnance du 25 novembre 1760 marque un changement complet de doctrine : « Sa Majesté considérant que ces levées extraordinaires de milice étaient nuisibles aux campagnes et les privant de bras nécessaires à la culture, à préféré de faire lever dans chaque province des recrues volontaires […] Il ne doit être employé ni séduction, ni ruses, ni violences pour surprendre la bonne foi ou forcer l’inclination des sujets. » Suit une série d’ordonnances et de règlements, publiés en pleine guerre, qui modifient radicalement le système de recrutement de l’armée régulière française avec la création de bataillons de recrues volontaires, levés dans les provinces par les intendants au nom du Roi, et qui vont constituer le réservoir en hommes des régiments réguliers. Ces textes sont les préalables à deux ordonnances : celle de décembre 1762 qui supprime la charge du recrutement par les capitaines puis l’ordonnance du 1er février 1763 qui crée 32 régiments de recrues. En novembre 1765, devant la difficulté à lever par engagement les régiments de recrues complets, on en reviendra au tirage au sort pour former ces régiments.
Voila pour le cadre général des grenadiers, maintenant passons à l'appellation de « volontaires »
Concernant les régiments de recrues volontaire de 1763, il n'y a que des compagnies de fusiliers qui selon leurs capacités et les besoins sont destinés à servir aussi bien dans l'infanterie, la cavalerie, l'artillerie etc. Et en novembre 1765, ils disparaissent sous cette forme dite de « volontaires ».
Il existe une autre possibilité : les volontaires de l’armée, ces formations provisoires répondent au besoin d’avoir des troupes mobiles, pouvant se porter rapidement en avant-garde, pour soutenir les troupes légères où les hussards ou occuper un poste avancé… Elles sont composées de soldats tirés des régiments d’infanterie présents à l’armée. Au bout de quelques jours ou semaines, ces soldats sont rendus à leurs unités respectives. Dans les relations de l’époque, les différents corps de Volontaires de l’armée sont parfois difficiles à suivre au cours des campagnes d’une part en raison de leur caractère éphémère, mais également par le fait qu’on leur donne simplement le nom de l’officier auquel on confie le commandement, comme : la Noue de Vair, de Muret, de Canon, de Verteuil, Bussy… À leur propos, M. de Mortaigne écrit à Belle Isle en mars 1758 une lettre où il se plaint de l’affaiblissement des compagnies d’infanterie qu’entraîne la formation des volontaires : « Il faut abolir les volontaires de l’armée ; cela occasionne beaucoup de désordre et chagrine les régiments. Les camarades sont obligés de faire le service de ceux qui sont aux volontaires, et le soldat ne demande à y aller que pour le gaspillage et se soustraire à la discipline. »
Pourriez vous nous donner la phrase exacte employée qui fait allusion à ces grenadiers volontaires de Normandie. Si c'est une lettre avez vous une indication sur le lieu de sa rédaction, ce pourrait être une garnison ...
De même pourriez vous nous indiquez le nom de ce lieutenant, notant que s'agissant d'un officier, un certain nombre obtenait l'autorisation de quitter leur régiment pour allez servir en campagne comme "volontaires" tandis que leur régiment restait stationné en France ou à l'arrière pour se reconstituer.
JL V
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