Une remarque sur Minden en 1759.
La journée de Minden en 1759 est une exception tactique durant la guerre de Sept Ans où les armées qui s’affrontent adoptent sensiblement le même disposition tactique à savoir infanterie au centre et la cavalerie aux ailes. Ce ne sont pas toujours des lignes frontales, en règle celui qui reçoit préfère former ses lignes appuyées sur un village, des redoutes etc. Exemple Hastembeck en 1757 où les AngloHanovriens sous Hameln adoptent un dispositif avec l’infanterie au centre s'appuyant sur un village avec à leur droite de la cavalerie dont le flanc borde des marécages et la rivière (incontournables) et à leur gauche une redoute et l’Obersberg (petite montagne), la cavalerie de cette aile en retrait. Ce sera en prenant et tournant l’armée ennemie par l’Obersberg que Chevert et son infanterie décidera de la victoire.
A Minden, Contades change totalement de dispositif tactique en usage avec la cavalerie au centre face à l’infanterie. Ajoutons encore qu’en « 1759. Quatre cent hommes tirés des régiments de milice, et qu’on donna aux Carabiniers, avec une nombreuse remonte qu’on leur accorda, les mirent en état de rentrer en campagne. » Le corps des carabiniers qui représente 1600 maîtres a été décimé et se voit recomposé à l’entrée en campagne du quart de son effectif à partir des bataillons d’infanterie de milices qui servent en Allemagne depuis le début de la guerre. Quelle formation de cavalerie ces miliciens fraîchement incorporés, ont ils put recevoir entre le printemps 1759 et la journée du 1er août ?
Durant la guerre de Sept Ans Mottin de la Balme sert aux Gendarmes Écossais voici comment il relate la charge qui s’est déroulée à Minden le 1er août 1759 dans les Elemens de tactique pour la cavalerie : « A ce sujet je vais vous rapporter ici ce que j’ai vu très distinctement dans une action où je me suis trouvé à la dernière guerre, et qui concourt encore à prouver combien les charges en muraille sont désavantageux, les feux peu dangereux, et les chevaux difficiles à contenir. À la bataille donnée à Minden, entre l’armée des Alliés aux ordres de Son Altesse Sérénissime le Prince Ferdinand de Brunswick, Général, qui pendant la guerre de Hanovre a montré une capacité et des talents supérieurs, et l’armée française commandée par le Maréchal de Contades ; un corps anglais, ayant dispersé la cavalerie qu’ils avaient en face d’eux, par plusieurs décharges faites à propos, le Corps de la Gendarmerie et celui des Carabiniers reçurent ordre de charger. Ils partirent d’assez loin au galop, et en muraille. Tout d’abord le centre fut très comprimé par leur jonction, en gagnant en avant, puis ce fut les ailes, particulièrement l’aile droite. Le feu de cette infanterie commença au centre de leur phalange, et lorsque nous n’étions distants que de 15 pas, comme ce feu était progressif partant du point central et s’étendant jusqu’aux ailes, les chevaux firent des efforts prodigieux pour se jeter de droite et de gauche, et s’esquiver. Le poids, occasionné par une puissante compression, devenant énorme, les hommes maîtrisés par leurs chevaux, se précipitèrent les uns sur les autres, et s’entassèrent en si grande quantité, qu’il n’en resta à cheval au plus huit à dix par escadron, qui furent emportés en un clin d’œil très loin de là ; quelques-uns passèrent à travers les phalanges, et ne purent la désordonner, étant trop peu pour cela. Le feu tua peu de monde, mais il y eut beaucoup de contusions, beaucoup de membres disloqués et cassés ; plusieurs furent désarçonnés, étouffés, ou foulés aux pieds des chevaux. Si les escadrons avaient chargé à des demi-intervalles, les choses ne se seraient pas passées de même ; la compression aurait été moindre, et il y aurait eu beaucoup de célérité ; les chevaux étendus sur une ligne droite par un galop forcé, n’auraient pas pu se jeter, malgré les cavaliers, à droite et à gauche ; et l’infanterie Anglaise aurait été pulvérisée, comme elle le fut à Fontenoy, où (pour le dire en passant) l’on ne chargea pas de la meilleure grâce. Or, si l’on eut fait ce que je viens de dire, nos affaires auraient bien changé de face à la fatale journée de Minden. » La ligne de cavalerie étaient désorganisée bien avant le contact avec la ligne d'infanterie, donc pas d'effet de choc.
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