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Message Publié : 30 Août 2019 8:52 
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Fustel de Coulanges
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Pédro a écrit :
Plus généralement les charges de cavaleries sont toujours meilleures en manoeuvres de contournement que de façon frontale.


Et afin de ne pas être tournée, l'infanterie adopte le carré.

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Message Publié : 30 Août 2019 9:11 
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Thucydide
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Drouet Cyril a écrit :
L’Ordonnance provisoire sur l'exercice et les manoeuvres de la cavalerie de 1804, ne donne pas de distance particulière. Elle précise seulement que la charge ne doit pas être lancée trop prêt de l’ennemi, ce qui nuirait à l’élan nécessaire ; ni trop loin, ce qui essoufflerait trop vite les montures. A ladite distance, un trot doit être mené pendant 150 pas, puis le galop pendant 100 pas et après ce terme le galop devra être allongé.


De plus, une charge trop "lointaine" nuirait à la cohésion de l'escadron et, par conséquent, nuirait au choc. On se retrouverait ainsi avec des cavaliers arrivant au compte-goutte au lieu d'un seul bloc. C'est le même principe que les pétions.

Pédro a écrit :
Complètement, je rajoute que la période qui voit se développer les formations d'infanterie mêlant piquiers et arquebusiers, les fameux tercios, est celle où la cavalerie voit de développer l'emploi du pistolet. La charge de cavalerie devient très différente, virevolte autour des carrés en déchargeant les armes à feu afin de tenter de les entamer.


De ce que j'ai lu, la pratique fut contre-productif et peu rentable. Gustave II de Suède abandonna la pratique durant la guerre de 30 ans. Par la suite, on en revient à une distinction entre cavalerie légère et lourde avec toujours la recherche du choc au bon moment. Si quelqu'un peut vérifier mes dires, merci :wink:


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Message Publié : 30 Août 2019 10:27 
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C'est exact, la "caracole" qui était la spécialité des reîtres allemands et après eux des "pistoliers" connut son heure de gloire au milieu du XVIe siècle et fut progressivement abandonnée, définitivement pendant la Guerre de Trente Ans.
A cette époque apparaissent les fonctions essentielles de la cavalerie, encore en vigueur de nos jours :
- cavalerie légère : éclairage/reconnaissance, sûreté des gros, harcèlement, escorte, liaisons ;
- cavalerie lourde : suprématie sur la cavalerie adverse afin d'obtenir une liberté de manoeuvre supérieure sur le champ de bataille ;
- cavalerie "de ligne" (dragons) : missions mixtes à cheval sur les deux précédentes et permettant aussi l'emploi démonté, comme infanterie à la mobilité tactique accrue.

On notera que la cavalerie de lanciers disparaît en Europe de l'ouest à cette époque, alors même qu'elle présente un véritable avantage quand elle est opposée à une cavalerie qui en est démunie (question d'allonge). La raison en est l'absence de polyvalence, la lance ne pouvant être utilisée contre une infanterie elle-même dotée de piques (ou d'armes à feu) qui surpassent en allonge celle du lancier, et l'encombrement empêchant le lancier d'être utilisé comme un dragon, à pied.
Mais à aucun moment il n'existe une cavalerie "anti-fantassins", et pour cause : le fantassin est invulnérable au cavalier à partir du moment où il combat dans une formation disciplinée et organisée capable de se former ou de se reformer selon les besoins de la situation tactique (ordres mince pour le tir et profond pour l'assaut). L'inverse n'est pas vrai, bien entendu et au contraire.
En revanche apparaît l'idée qu'une cavalerie est utile pour obliger une infanterie à se déployer et ainsi gagner du temps. Les exemples les plus célèbres en sont la manière dont le maréchal de Saxe brise l'élan irrésistible de la brigade des Gardes anglaises à Fontenoy (la maison du Roi charge pour obliger les Anglais à se former pour la recevoir, et interrompt celle-ci avant le choc ; une fois les escadrons éloignés, les Anglais se remettent en colonne d'assaut, etc. Le gain de temps est crucial, car il permet à l'infanterie et à l'artillerie de causer des coupes sombres dans les rangs ennemis, enfoncés dans un "sac à feux"), et dont l'Empereur arrête l'attaque russe à Eylau (les "80 escadrons de Murat" ne chargeant pas pour entamer les bataillons russes même si quelques-uns, trop longs à se former pour recevoir la charge, sont sabrés, mais pour les obliger à se déployer et ainsi donner le temps de reconstituer le centre disparu dans la catastrophe du 7e Corps d'Augereau).


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Message Publié : 30 Août 2019 11:33 
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Grégoire de Tours
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bourbilly21 a écrit :
Procurez-vous Ardant du Picq (Etudes sur le combat antique et moderne) je crois qu'il développe dans chaque chapitre tous ces types d'attaques

En effet. Il y explique le passage du pas au trot puis au galop:

La cohésion de l'ensemble faisant la force de la charge, l'alignement étant impossible à une allure vive, il ne faut lâcher la bride que lorsque l'effet moral est produit, et il s'agit de le compléter en tombant sur l'ennemi déjà en désordre et tournant le dos. Ainsi chargeaient les cuirassiers au trot. Ce calme, cet applomb, faisaient faire demi-tour à l'ennemi et alors on chargeait celui-ci dans le dos, au galop."

Il préconise aussi une charge par le flanc ennemi gauche, en rasant le front de la ligne ennemie, et dit que "la cavalerie ne peut frapper qu'à sa droite" (côté du sabre).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k864841/f4.item

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Image message du Loire au Dalgonar, oct. 1913


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Message Publié : 30 Août 2019 13:12 
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J'ai été fort surpris en lisant des récits de la guerre de 1870, et j'en ai lu un certain nombre, que la cavalerie française était entraînée à frapper d'estoc (la pointe) alors que l'allemande l'était à le faire systématiquement de taille.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 30 Août 2019 13:38 
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C'est étonnant en effet, mais cela s'explique par le fait que la cavalerie française est destinée prioritairement à affronter la cavalerie adverse (en vis-à-vis) plus que l'infanterie ennemie (de haut en bas). L'estoc permet aussi de pénétrer les défauts des armures ou des équipements quand le coup de taille ne le peut.

Est-ce que c'était valable pour toutes les subdivisions d'arme, ou bien seule la "grosse cavalerie" (cuirassiers et carabiniers) était concernée ?

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Message Publié : 30 Août 2019 13:55 
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C'était dans des combats entre cavalerie, cuirassiers contre cuirassiers ou dragons. La cavalerie n'arrive que rarement au contact de l'infanterie, les fusils de l'époque tirent en moyenne 6 à 10 coups/ minute et toutes les charges échouent. Il n'est pas besoin de rappeler Morsbronn pour les Français ou la Chevauchée de la mort de von Bredow à Mars la Tour.

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Message Publié : 30 Août 2019 14:25 
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Ce n'est pas parce qu'elles échouent qu'elles n'étaient pas prévues par les règlements antérieurs :)

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Message Publié : 30 Août 2019 14:29 
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Grégoire de Tours
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"Le coup de pointe est plus terrible que toute taille" (Ardant du Picq, Etudes sur le combat, p.241)

Chlapowski décrit un combat de la campagne d'Autriche en 1809 entre cuirassiers et hussards "... Je me trouvais alors auprès du colonel Aldobrandini, que je connaissais beaucoup. Il commandait un régiment de cuirassiers, qui, après sa charge, eut une mêlée avec des Hussards hongrois. Je remarquais aptès la retraite de ces derniers combien le nombre de leurs morts était plus élevé que celui des nôtres. Cela tient à ce que les Hongrois sabrent, tandis que les Français frappent en pointant. Je ne vis pas un seul cuirassier blessé mortellement par le sabre." (Chlapowski, Mémoires d'un lancier polonais sur les guerres de Napoléon , p. 135-136, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... texteImage). Il note que les lanciers étaient entraînés à utiliser l'estoc de leur sabre courbe.

Un capitaine des dragons anglais a décrit une bataille où les Français utilisaient l'estoc, plus mortel que la taille: "il est remarquable que peu de français mouraient de leurs blessures, bien que tailladés, tandis que 12 dragons anglais furent tués sur le coup et d'autres dangereusement blessés transpercés par la pointe d'un sabre".

Les coupures infligées par le sabre étaient spectaculaires, mais rarement mortelles. En 1807 à Heilsberg, le col. Chipault du 4e Cuirassiers reçut 56 coupures par sabre. Il mourut de maladie en 1809.

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Image message du Loire au Dalgonar, oct. 1913


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Message Publié : 30 Août 2019 14:31 
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Polybe
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Une remarque sur Minden en 1759.

La journée de Minden en 1759 est une exception tactique durant la guerre de Sept Ans où les armées qui s’affrontent adoptent sensiblement le même disposition tactique à savoir infanterie au centre et la cavalerie aux ailes.
Ce ne sont pas toujours des lignes frontales, en règle celui qui reçoit préfère former ses lignes appuyées sur un village, des redoutes etc. Exemple Hastembeck en 1757 où les AngloHanovriens sous Hameln adoptent un dispositif avec l’infanterie au centre s'appuyant sur un village avec à leur droite de la cavalerie dont le flanc borde des marécages et la rivière (incontournables) et à leur gauche une redoute et l’Obersberg (petite montagne), la cavalerie de cette aile en retrait. Ce sera en prenant et tournant l’armée ennemie par l’Obersberg que Chevert et son infanterie décidera de la victoire.

A Minden, Contades change totalement de dispositif tactique en usage avec la cavalerie au centre face à l’infanterie.
Ajoutons encore qu’en «  1759. Quatre cent hommes tirés des régiments de milice, et qu’on donna aux Carabiniers, avec une nombreuse remonte qu’on leur accorda, les mirent en état de rentrer en campagne. » Le corps des carabiniers qui représente 1600 maîtres a été décimé et se voit recomposé à l’entrée en campagne du quart de son effectif à partir des bataillons d’infanterie de milices qui servent en Allemagne depuis le début de la guerre. Quelle formation de cavalerie ces miliciens fraîchement incorporés, ont ils put recevoir entre le printemps 1759 et la journée du 1er août ?

Durant la guerre de Sept Ans Mottin de la Balme sert aux Gendarmes Écossais voici comment il relate la charge qui s’est déroulée à Minden le 1er août 1759 dans les Elemens de tactique pour la cavalerie : « A ce sujet je vais vous rapporter ici ce que j’ai vu très distinctement dans une action où je me suis trouvé à la dernière guerre, et qui concourt encore à prouver combien les charges en muraille sont désavantageux, les feux peu dangereux, et les chevaux difficiles à contenir. À la bataille donnée à Minden, entre l’armée des Alliés aux ordres de Son Altesse Sérénissime le Prince Ferdinand de Brunswick, Général, qui pendant la guerre de Hanovre a montré une capacité et des talents supérieurs, et l’armée française commandée par le Maréchal de Contades ; un corps anglais, ayant dispersé la cavalerie qu’ils avaient en face d’eux, par plusieurs décharges faites à propos, le Corps de la Gendarmerie et celui des Carabiniers reçurent ordre de charger. Ils partirent d’assez loin au galop, et en muraille. Tout d’abord le centre fut très comprimé par leur jonction, en gagnant en avant, puis ce fut les ailes, particulièrement l’aile droite. Le feu de cette infanterie commença au centre de leur phalange, et lorsque nous n’étions distants que de 15 pas, comme ce feu était progressif partant du point central et s’étendant jusqu’aux ailes, les chevaux firent des efforts prodigieux pour se jeter de droite et de gauche, et s’esquiver. Le poids, occasionné par une puissante compression, devenant énorme, les hommes maîtrisés par leurs chevaux, se précipitèrent les uns sur les autres, et s’entassèrent en si grande quantité, qu’il n’en resta à cheval au plus huit à dix par escadron, qui furent emportés en un clin d’œil très loin de là ; quelques-uns passèrent à travers les phalanges, et ne purent la désordonner, étant trop peu pour cela. Le feu tua peu de monde, mais il y eut beaucoup de contusions, beaucoup de membres disloqués et cassés ; plusieurs furent désarçonnés, étouffés, ou foulés aux pieds des chevaux. Si les escadrons avaient chargé à des demi-intervalles, les choses ne se seraient pas passées de même ; la compression aurait été moindre, et il y aurait eu beaucoup de célérité ; les chevaux étendus sur une ligne droite par un galop forcé, n’auraient pas pu se jeter, malgré les cavaliers, à droite et à gauche ; et l’infanterie Anglaise aurait été pulvérisée, comme elle le fut à Fontenoy, où (pour le dire en passant) l’on ne chargea pas de la meilleure grâce. Or, si l’on eut fait ce que je viens de dire, nos affaires auraient bien changé de face à la fatale journée de Minden. »
La ligne de cavalerie étaient désorganisée bien avant le contact avec la ligne d'infanterie, donc pas d'effet de choc.


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Message Publié : 03 Sep 2019 9:30 
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Grégoire de Tours
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Merci de citer Motin de la Balme ...sinon il y a peu d'hommes de cheval sur le forum. La force d'un cheval n'est pas soupçonnée et ce n'est pas une baïonnette ou une balle qui le fait tomber raide au pied du fantassin!.Si on suit le titre du post, traverser un rideau d'infanterie est possible dans certaines conditions,même en blessant le cheval.Les guerres du fin 19e avec l'apparition d'armes à tir rapide sonneront le glas des charges frontales.


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Message Publié : 03 Sep 2019 10:02 
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Une infanterie sur trois lignes hérissée de baïonnettes, réalisant des feux de file et prête à recevoir une charge n'est pas entamable par une cavalerie, c'est tout. C'est d'ailleurs pour ça qu'aucune cavalerie de l'époque n'a vocation à briser par le choc une formation d'infanterie déployée - sinon on aurait conservé une cavalerie de lanciers qui est la meilleure pour cela. Le choc cavalerie contre infanterie n'est qu'une configuration "accidentelle" sur un champ de bataille, pour l'une ou pour l'autre voire les deux, dans le sens où ce n'est jamais voulu par les deux. Soit parce que l'infanterie est prête à recevoir la charge et que celle-ci va donc être repoussée avec des pertes extrêmement lourdes pour les cavaliers trop impétueux ; soit parce que c'est l'infanterie qui n'est pas prête à recevoir la charge et qu'elle va se faire sabrer et désorganiser.

Les exemples qui illustrent mon point sont légions : aux Pyramides, les milliers de Mamelouks égyptiens sont incapables de submerger un seul carré français en dépit d'une supériorité numérique écrasante ; les voltigeurs de Drouet d'Erlon, à Austerlitz, qui se font sabrer par dix escadrons de cuirassiers russes parce qu'ils ne sont pas formés et sont encore déployés en tirailleurs ; à Eylau, la charge des "80 escadrons" de Murat n'enfonce que peu d'infanterie russe, seulement celle qui est encore déployée en colonne de marche, et est repoussée lorsqu'elle se heurte à des bataillons prêts à la recevoir ; à Waterloo, les cuirassiers relancés plusieurs par Ney sont repoussés avec de lourdes pertes par la "thin red line" de Wellington sans réussir à la briser une seule fois.
La charge de Reichshoffen, en 1870, n'est d'ailleurs qu'une réédition d'Eylau, Mac-Mahon sacrifiant ses cuirassiers à dessein pour permettre à l'infanterie de rétrograder. Jamais il n'a pensé que ceux-ci réussiraient à briser la cohésion de l'infanterie prusso-allemande, pas plus que Murat ne réussit à briser celle de l'armée russe en 1807. La létalité de l'armement individuel rend juste cette charge tout particulièrement meurtrière (surtout dans un village sommairement aménagé pour gêner les cavaliers).

La cavalerie est incapable de percer une ligne d'infanterie prête à la recevoir. Les généraux de l'époque le savaient pertinemment. S'ils lançaient leur cavalerie sur des fantassins, ce n'était absolument pas pour initier un choc, mais pour obliger l'infanterie ennemie à se déployer de la colonne de marche à la ligne de feu, perdant ainsi un temps précieux à faire des conversions et autorisant des combinaisons tactiques grâce à ce gain de temps (exemple très net à Eylau). La charge était le plus souvent interrompue avant le choc, les escadrons défilant devant le front de l'infanterie ennemie, vers la droite ou la gauche, en vue de rétrograder et de se reformer pour une nouvelle charge éventuelle.
Le seul choc qui était estimé tactiquement acceptable, c'est celui de la cavalerie contre la cavalerie (avec bien sûr un avantage net à la grosse cavalerie, faite pour cela) ou contre une infanterie dont la cohésion et la discipline sont suffisamment faibles pour qu'on puisse estimer qu'elle n'arrivera pas à se déployer en ligne ou en carré avant que la cavalerie ne fonde sur elle (c'est surtout le cas d'une infanterie inexpérimentée ou mal commandée, ou bien "attendrie" par l'artillerie ou la mousqueterie, ou encore sur le point de se débander ou dont le repli confine à la déroute).
C'est aussi simple que cela, "homme de cheval" ou pas.

Nouvelle extraordinaire : depuis Stirling et Courtrai, la cavalerie de choc est surclassée par l'infanterie de piquiers. Depuis Crécy, Poitiers et Azincourt, elle l'est aussi par l'archerie. Depuis Pavie, c'est par l'artillerie. Il est tout à fait fascinant que depuis 700 ans tous les analystes érudits de l'art de la guerre se plantent aussi formidablement, fussent-ils "hommes de cheval" ou pas. Merci donc de vos lumières, le monde n'attendait que vous pour avoir cette meilleure compréhension des choses.

CEN EMB

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Message Publié : 03 Sep 2019 10:39 
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Pierre de L'Estoile
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CEN_EMB a écrit :
Une infanterie sur trois lignes hérissée de baïonnettes, réalisant des feux de file et prête à recevoir une charge n'est pas entamable par une cavalerie, c'est tout.

1000 fois oui, à condition d'une discipline de tir et d'un sang-froid à toute épreuve...

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 03 Sep 2019 10:43 
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C'est le principe même d'une infanterie formée en ligne, d'être capable de faire face à cette situation. C'est d'ailleurs considéré comme le cas général sur les champs de bataille européens de l'époque.
J'ai bien entendu pris en compte les autres cas de figure, incidents :

CEN_EMB a écrit :
Le seul choc qui était estimé tactiquement acceptable, c'est celui [...] contre une infanterie dont la cohésion et la discipline sont suffisamment faibles pour qu'on puisse estimer qu'elle n'arrivera pas à se déployer en ligne ou en carré avant que la cavalerie ne fonde sur elle (c'est surtout le cas d'une infanterie inexpérimentée ou mal commandée, ou bien "attendrie" par l'artillerie ou la mousqueterie, ou encore sur le point de se débander ou dont le repli confine à la déroute).


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Message Publié : 03 Sep 2019 10:47 
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Grégoire de Tours
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ALEXANDRE 1ER a écrit :
sinon il y a peu d'hommes de cheval sur le forum.
<<< Présent ;)

Je me suis fait devancer par CEN_EMB: même sans le feu, impossible de faire traverser frontalement à des chevaux une troupe bien entraînée, organisée et déterminée, armée de piques, et qui sait rester en place. Le seul scénario où une charge frontale peut avoir une chance de succès est contre une troupe insuffisammment entraînée, qui rompt sa formation, désorganisée par la peur ou par la manoeuvre (attaques sur les flancs, contournement, multiplicité des fronts): Bataille de Hastings, Bataille de Gembloux.

Un cheval, aussi entraîné soit-il, ne se rue pas sans cabrer sur un mur hérissé de piques de 7 pieds de long, a fortiori si d'autres se sont déjà empalés dessus.

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