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Message Publié : 25 Août 2019 12:40 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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CEN_EMB a écrit :
Procope, qui semble être la principale source disponible pour ces épisodes, semble en tout cas convaincu que Basiliscus est un arriviste médiocre qui se fait jouer par Genséric, et que ce dernier est un chef de premier ordre.

CEN EMB


L'Histoire romaine est truffée de personnages sans envergure qui posent de graves problèmes, comme ceux ayant eu en charge l'installation des Goths. Les effectifs mentionnés sont bien entendu excessif ; Procope écrit au siècle suivant. Une campagne comme celle de Julien en 363 mobilise 65000 hommes plus 30000 en réserve et c'est déjà considérable à une époque où l'Empire n'est pas affaibli par les guerres endémiques.

Sur la bataille j'ai lu il y a quelques années qu'elle manifestait la perte des savoir-faire des Romains en matière navale puisque c'est une arme qu'ils emploient peu vu qu'ils avaient pacifiée la Méditerranée sous leur seule domination depuis Pompée ou Actium. De ce fait réaliser une telle opération amphibie a dû être un cauchemar logistique. On peu remarquer que sous Justinien justement quelques leçons avaient été apprises et la conquête de l'Afrique vandale devenue possible du coup.

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Message Publié : 25 Août 2019 17:28 
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Jean Froissart
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Citer :
Basiliscus est un arriviste médiocre qui se fait jouer par Genséric


Procope dans le texte que vous avez eu la gentillesse de recopier, dit bien que Basiliscus a été acheté purement et simplement. Est ce que ce dernier avait imaginé en acceptant la trêve et l'or que cela permettrait à Genséric de défaire la flotte romaine, le texte apparemment ne le dit pas mais peut le laisser suggérer...ou alors vous avez raison il s'est fait avoir tout en ayant accepté la somme d 'or..

Procope a écrit :
On dit même qu'il envoya, à l'insu de l'armée romaine, une grande somme d'or à Basiliscus, et qu'il lui acheta cette trêve


La maîtrise de la mer par les Vandales est d'autant plus remarquable que leur épopée commence par une longue traversée de l'Europe occidentale, tout ce qu'il y a de plus terrestre, quelques décennies auparavant (Peut-on à ce sujet parler de véritable thalassocratie vandale en Méditerranée occidentale?) L'article de Guerres& Histoire parle d'aide apportée par des romains d'Afrique.

D'un point de vue militaire, peut-on (oser) comparer le débarquement prévu (apparemment l'article dit que la bataille navale n'était pas envisagée par les Romains) autour de Carthage, avec jonction des troupes débarquées avec des forces venues de Tripolitaine avec le débarquement de Normandie ? Toute proportion gardée évidemment ... Quel est le terrain autour de Carthage : plages comme à Omaha ?? Genséric avait rapatrié des troupes de Tripolitaine vers Carthage (= une sorte de Calais allemand ??)

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Message Publié : 25 Août 2019 18:01 
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Pédro a écrit :
L'Histoire romaine est truffée de personnages sans envergure qui posent de graves problèmes, comme ceux ayant eu en charge l'installation des Goths. Les effectifs mentionnés sont bien entendu excessif ; Procope écrit au siècle suivant. Une campagne comme celle de Julien en 363 mobilise 65000 hommes plus 30000 en réserve et c'est déjà considérable à une époque où l'Empire n'est pas affaibli par les guerres endémiques.


Heureux de vous voir, cher Pédro, sur un fil où vos compétences en histoire latine seront bien plus sollicitées que les miennes, bien limitées.
Je suis totalement convaincu des excès des sources de l'époque dès qu'il s'agit de chiffres (cf. le fil sur les effectifs gaulois en 52 avant Jésus-Christ selon César qui remonte à 2009), qui sont pour une infinité de raisons très largement exagérés (l'armée de secours gauloise levée en deux mois pour lever le siège d'Alésia qui compterait 250 000 hommes, un chiffre qu'on ne verrait pas avant la seconde moitié du XIXe siècle : énorme blague).

Pédro a écrit :
Sur la bataille j'ai lu il y a quelques années qu'elle manifestait la perte des savoir-faire des Romains en matière navale puisque c'est une arme qu'ils emploient peu vu qu'ils avaient pacifiée la Méditerranée sous leur seule domination depuis Pompée ou Actium. De ce fait réaliser une telle opération amphibie a dû être un cauchemar logistique. On peu remarquer que sous Justinien justement quelques leçons avaient été apprises et la conquête de l'Afrique vandale devenue possible du coup.


Je n'ai pas de lumière particulière sur le sujet, mais une constante des opérations militaires postérieures à l'Empire au sommet de sa vigueur expansionniste, c'est que plus une action implique de soldats, plus elle est condamnée. En cause principalement deux facteurs : l'incapacité à assumer logistiquement l'empreinte d'une telle masse ; l'incapacité à la commander "au feu", alors qu'une troupe plus réduite bénéficie d'une cohésion supérieure et s'avère plus manoeuvrable.
Ainsi, un axiome général tardo-antique et médiéval : plus une armée est réduite en taille, plus elle a de chance de l'emporter sur le champ de bataille. L'expédition de Basiliscus, du fait de la perte de savoir-faire que vous pointez justement, a sans doute subi cette malédiction.

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Message Publié : 25 Août 2019 18:06 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Oulligator a écrit :
D'un point de vue militaire, peut-on (oser) comparer le débarquement prévu (apparemment l'article dit que la bataille navale n'était pas envisagée par les Romains) autour de Carthage, avec jonction des troupes débarquées avec des forces venues de Tripolitaine avec le débarquement de Normandie ? Toute proportion gardée évidemment ... Quel est le terrain autour de Carthage : plages comme à Omaha ?? Genséric avait rapatrié des troupes de Tripolitaine vers Carthage (= une sorte de Calais allemand ??)


A mon avis, c'est non seulement anachronique, mais aussi totalement impossible. Le débarquement d'une force sur une plage tenue par l'adversaire était absolument impensable à l'époque. L'objectif était justement de manoeuvrer l'ennemi en l'envoyant à un endroit où il n'était pas (exemple caractéristique : Guillaume le conquérant en 1066 qui bénéficie du déploiement de l'armée anglo-saxonne dans le Nord pour débarquer dans le Sud). Rien à voir avec le film Troy de 2004 qui leurre totalement sur la réalité de la guerre antique (comme de la moderne finalement). Pour d'excellentes raisons, on n'accepte la bataille rangée que lorsqu'on est en mesure... de se ranger. En ordre de bataille. A armes égales.
En revanche, les généraux romains du Ve siècle (et a fortiori des siècles précédents) étaient parfaitement capables de planifier et d'exécuter des opérations combinées sur plusieurs théâtres d'opérations (Tripolitaine, Afrique proconsulaire, Sicile), oui.

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Message Publié : 25 Août 2019 20:31 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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CEN_EMB a écrit :
Heureux de vous voir, cher Pédro, sur un fil où vos compétences en histoire latine seront bien plus sollicitées que les miennes, bien limitées.


je l'avais loupé lol Pour une fois qu'on ne parle pas de décadence à propos de la fin de l'époque romaine en plus !

CEN_EMB a écrit :
Je suis totalement convaincu des excès des sources de l'époque dès qu'il s'agit de chiffres (cf. le fil sur les effectifs gaulois en 52 avant Jésus-Christ selon César qui remonte à 2009), qui sont pour une infinité de raisons très largement exagérés (l'armée de secours gauloise levée en deux mois pour lever le siège d'Alésia qui compterait 250 000 hommes, un chiffre qu'on ne verrait pas avant la seconde moitié du XIXe siècle : énorme blague).


La question des effectifs est complexe et les chiffres tournent autour de 450000 dans la totalité de l'Empire au début du Ve siècle. C'est énorme, mais l'Empire possède autour de 50 à 75 millions d'habitants et complète son recrutement avec des étrangers. Mais beaucoup de ces troupes sont dans des cantonnements frontaliers et les dégarnir signifie invariablement une attaque barbare dans les endroits affaiblis de la défense. C'est ce qui se produit en 406 après que Stilichon ait dégarni le Rhin pour combattre Alaric. de fait malgré des effectifs gigantesques les Romains sont tenus à la modération avec leurs armées de campagnes. L'exemple de Julien que je citais en atteste ; les effectifs sont énormes pour cette campagne parce que la frontière en question est majoritairement tournée contre une ennemi, la Perse. Une grande partie des troupes peut donc se mettre en campagne sans risquer des pillages dans les provinces frontalières. Faire de même sur le Rhin et le Danube aurait été très compliqué. Résultat l'armée se compose de troupes frontalières, les limitanei, que l'on peut utiliser en campagne face au terrain d'opération mais que l'on fait rarement bouger d'un bout à l'autre du territoire romain, et des troupes dites de campagne, les comitatenses, moins nombreux mais plus mobiles.
En tout cas dans les années 460 les effectifs ne sont plus les mêmes qu'en 400 en occident et il reste des garnisons à tenir. Il y a fort à parier que les troupes levées étaient aussi composées de barbares. Pour la reconquête de Justinien il me semble que l'expédition compte autour de 20000 hommes, ce qui est déjà pas mal pour une telle expédition.

Pour ce qui est des Gaulois, oui les chiffres sont assez délirants, même si des levées pouvaient sans doute atteindre des effectifs importants vu que les structures logistiques étaient très ténues et impliquaient que les hommes devaient aussi se trouver leur subsistance. Et qu'on ne les paie pas vraiment. Quelques dizaines de milliers c'est déjà impressionnant et justifie la dizaine de légions de César.

CEN_EMB a écrit :
Je n'ai pas de lumière particulière sur le sujet, mais une constante des opérations militaires postérieures à l'Empire au sommet de sa vigueur expansionniste, c'est que plus une action implique de soldats, plus elle est condamnée. En cause principalement deux facteurs : l'incapacité à assumer logistiquement l'empreinte d'une telle masse ; l'incapacité à la commander "au feu", alors qu'une troupe plus réduite bénéficie d'une cohésion supérieure et s'avère plus manoeuvrable.
Ainsi, un axiome général tardo-antique et médiéval : plus une armée est réduite en taille, plus elle a de chance de l'emporter sur le champ de bataille. L'expédition de Basiliscus, du fait de la perte de savoir-faire que vous pointez justement, a sans doute subi cette malédiction.


Oui c'est très probable ; l'invasion de la Perse par Julien subit le même destin, non à cause d'une défaite - les Romains sont à chaque fois victorieux - mais à cause du ravitaillement. L'empereur a jugé bon de s'éloigner des fleuves qui assuraient le ravitaillement de l'armée via une flotte et de pénétrer dans les terres, projetant de nourrir son immense armée sur le pays. Les Perses ont incendié les cultures...
Pour cette expédition de 468 la perte d'expérience n'est qu'une hypothèse dont j'avais lu quelques lignes, mais il est certain en tout cas que l'exagération rhétorique des effectifs montre que les Romains y avaient mis d'importants moyens, et, en effet, dans ces moments là on se retrouve facilement plus avec des cohues improbables qu'avec une armée en pleine capacité, surtout pour une telle opération.

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