Bonsoir,
Je n’ai aucune compétence militaire, et ma seule expérience se limite à une année passée sous les drapeaux.
Disposant d’une source détaillée, je m’étais permis de compléter les messages de Géopolis et de Loïc de quelques données chiffrées. Celles-ci n’avaient pas alors fait l’objet de critique, même de la part des vigilants Afrocentristes qui nient, par esprit de système, l’existence de souverains noirs esclavagistes.
Vos remarques, au sujet de l’armement des Dahoméens, sont tout à fait justes : sept types différents de fusils modernes ou semi-modernes (Peabodys, Winchester, Chassepots, Albini, Snider, Spencer et Dreyse) sont recensés ce qui doit poser des problèmes d’approvisionnement. A noter que l’essentiel des livraisons se sont effectuées entre 1890 et 1892, ce qui limite les effets du climat sur les munitions.
Les remarques concernant l’artillerie sont plus discutables : les pièces dahoméennes ont été engagées lors des combats du pont d’Adegon, le 6 octobre, lors de l’attaque des lignes du Koto, les 14 et 15 octobre, lors de la poursuite de la colonne Dodds rétrogradant sur Akpa, les 20 et 21 octobre, lors du passage du Koto le 27 et, associées à une mitrailleuse, lors des combats devant Cana, le 2 novembre : performance singulière pour ‘’ de vieilles pièces de marine complètement statiques’’.
Le bouquin consulté n’en faisant pas mention, j’ignorais totalement avant de vous lire, l’épisode des mercenaires belges et allemands servant les mitrailleuses, ‘’capturés et exécutés assez rapidement par les Français’’ : à supposer que les maisons de commerce Wolber & Brohm, Richter & Buss, Witt et Barth et Joss aient fourni des instructeurs pour enseigner le maniement des armes vendues aux Dahoméens, on a du mal à saisir la raison pour laquelle ceux-ci se contentèrent de servir les mitrailleuses et non les pièces d’artillerie d’un maniement plus délicat ; l’hypothèse d’une élimination discrète des dits servants relève du roman et d’une méconnaissance des usages diplomatiques de l’époque. (A titre de comparaison, entre 1862 et 1864 en Chine, de nombreux occidentaux furent pris dans les rangs des rebelles Tai Ping où ils servaient et furent remis à leurs consulats respectifs pour rapatriement, sans qu’il leur soit fait aucun mal).
Résumer les opérations de la colonne Dodds à une marche militaire harcelée par des titreurs isolés et dont les avants postes essuyèrent quelques attaques nocturnes, me fait douter de la pertinence de vos sources :
- Le 19 septembre 1892, entre 5 heures et 10 heurs du matin, le bivouac à Dogba fut attaqué par 4.000 Dahoméens qui laissèrent 130 morts sur le terrain ; la colonne eu cinq tués et 27 blessés ;
- Le 4 octobre à Poguessa, entre 8 heures et 11h30, la colonne donna dans une embuscade qui lui causa huit tués et 35 blessés ; 150 corps (dont 17 amazones) furent laissés par les Dahoméens en retraite ;
- Le 6, entre 14 et 18 heures, les Dahoméens opposèrent deux pièces d’artillerie aux Français qui attaquaient le pont d’Adegon, leur causant six tués et 32 blessés ;
- Le 12, le combat d’Oumbouemedi se déroula entre 8 et 11 heures et reprit entre 13 et 15 heures, tuant quatre Français et en blessant 28 ;
- Le 13 à Akpa, huit tués et 36 blessés ;
- Le 14 octobre, Dodds attaque sans succès les lignes du Koto et doit rétrograder sous le feu de l’artillerie ennemie, laissant un tué et 14 blessés ;
- Le lendemain, une contre attaque des Dahoméens provoque la mort de six hommes et en blesse 25 ;
- En retraite vers Akpa, Dodds est attaqué les 20 et 21, laissant onze tués et 41 blessés ;
- Les 26 et 27 octobre, les Français passent le Koto au prix de quatre tués et 36 blessés ;
- Enfin, devant Cana, les 2, 3 et 4 novembre, seize Français sont tués et 129 blessés.
(La suite au prochain numéro)
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