Selon mon interprétation, la décadence peut toucher une culture, des valeurs. La décivilisation, dans l'utilisation du terme par les politiques, si elle est liée à la décadence, renverrait à un retour (réel ou fantasmé) à une violence mal-contrôlée, des pulsions mal canalisées.

Si la politesse, un contrôle de soi et de ses pulsions peut renvoyer à la civilisation, la décivilisation s'appliquerait à ces individus qui, pour un regard ou une parole se sentent offensés et agressés et dont l'unique réponse passe par la violence. Éventuellement aussi aux comportements de "meute" et de défense du territoire parfois relatés, renvoyant à des comportements animaux.
C'est comme ça que j'analyse ce terme à travers l'usage des médias et politiques en tout cas.

Merci pour les statistiques des homicides citées plus haut. Il faudrait aussi voir les violences n'ayant pas causé la mort sur une période d'une trentaine d'années par exemple pour voir ce qu'il en est.

Autant que je puisse comprendre Elias son idée serait que gouvernement civilisé doive chercher à calmer les pulsions naturellement violentes des humains (en particulier des classes populaires).

Ce que cherchaient par exemple les tribunaux Alsaciens en demandant l'érection de calvaires ou les instituteurs de Jules Ferry...

Elias reproche aux Nazis d'avoir encouragé les plus bas instincts.

Sur ce critère un roi comme Louis XVI est plus civilisé que Hitler même si dans leur vie quotidienne les Français étaient sans doute plus exposés à la violence en 1788 que les Allemands ( non juifs) de 1934.

J. Sémelin évoque ce phénomène de traitement de la violence par les journalistes dans Purifier et Détruire, dans le cadre précis de la "violence ethnique". Les médias insistent sur celle-ci, voire ne parle que d'elle, au détriment d'autres attitudes : "l'action violente étant la plus identifiable, elle se prête aisément au traitement journalistique. Mais une telle couverture médiatique est trompeuse. Car qui dit qu'au même moment d'autres acteurs, de manière discrète, donc sans bruit, ne sont pas en train de déployer des efforts considérables pour sauver des victimes menacées d'être emportées par la tempête ?"(p.129)
Il précise ensuite que le recul apporté par l'Histoire permet de reconnaitre l'existence de ces comportements "alternatifs" (j'insiste sur les guillemets). Ainsi, J. Sémelin parle de cette dérive consistant à placer un point focal uniquement sur les débordements de violence, laissant penser qu'un seul comportement fait loi, tandis qu'il existe ces autres attitudes, certes plus prudentes, mais demeurant non-négligeables. Il est vrai que cela interroge plus largement sur la mise en avant régulière des actes de violence dans les médias. Indirectement, si un seul et même comportement est montré, à répétition - même si celui-ci est condamné - cela peut induire qu'il s'agit d'une attitude "normale", répandue, voire inévitable (au sens "nous allons y être confrontés")- ce qui est hautement polluant pour l'esprit.

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La vie est variable aussi bien que l'Euripe - Apollinaire