Le cliché de l'abruti vient peut-être de ce qu'on demande principalement au militaire du rang d'obéir aux ordres sans se torturer l'esprit.
Ensuite, les guerres abrutissent littéralement les participants (soldats, mais aussi de plus en plus les civils). Et l'entraînement du soldat vise à recréer de telles situations: nuits courtes, "mise en condition physique" (pompes et abdos au moindre prétexte aujourd'hui), gardes, marches
Le cliché de l'acoolique doit être ancien, car le vin a du être depuis longtemps sinon toujours le moyen d'oublier les problèmes: la solde qui n'a pas été payée, le froid, les muscles endoloris, la douleur des blessures physiques, la trouille qui nous tracasse les entrailles, la famille qui est loin (cf. les chansons militaires), les amis que l'on a perdus (idem), les "autres" que l'on a tués et dont la vision nous hante la nuit ou chaque fois que l'esprit s'égare.
L'antimilitarisme me semble plus ancien: cf. les tentatives des populations provinciales pour éviter la conscription sous l'Ancien Régime.
Ensuite, il faut peut-être prendre en compte la mentalité et la mémoire des gauches: intervention de l'armée contre les communards, contre les grèves.
Pour les familles paysannes, cela signifiait également le départ d'un homme dans la force de l'âge, donc des bras en moins pour les travaux des champs: autre antimilitarisme possible; il y a eu aussi une intervention de l'armée contre les vignerons du Midi me semble-t-il au début du siècle; sans conséquence sur la mobilisation patriotique en 1914, mais qui a du laisser des traces, des ressentiments contre la chose militaire.
Enfin, l'antimilitarisme peut aussi résulter du mauvais souvenir laissé par le service militaire: bizutage, ennui, corvées, discipline abêtissante pour les conscrits.
Mirage, SNA, patrouille en P4 sur la ligne de démarcation ivoirienne, simple FAMAS lors des fastidieuses journées VIGIPIRATE: le soldat d'aujourd'hui est un professionnel, il doit réagir au mieux en prenant en compte de nombreux paramètres; l'alcool et les stupéfiants sont donc proscrits. Abruti, c'est plus subjectif: ceux qui ont fait un master sont rares, c'est sûr; sont-ils inintéressants, insensibles, bêtes pour autant? Je ne le pense pas.
Pour ce qui est du respect ante-WW2, je pense que cela dépend de la profondeur historique que tu retiens: si tu prends en compte la société française et l'après Première Guerre mondiale, effectivement; pas évident qu'il y ait eu un respect particulier aux Etats-Unis d'Amérique. Et avant la WW1, je n'y crois pas. Après, que certains ou certaines tombent sous le charme de certaines unités (coloniales, légion) et de l'exotisme qu'elles véhiculent, c'est vrai, encore aujourd'hui.
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