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Message Publié : 26 Fév 2008 19:04 
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Plutarque
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Bergame a écrit :

...montrer en quoi et pourquoi l'on peut dire qu'à l'époque, les motivations des promoteurs de la politique coloniale n'étaient pas essentiellement économiques.


Effectivement à posteriori, ce n'était pas une bonne affaire économique mais cela est déjà clair sur le moment.

Les partis "proches" des milieux d'affaire n'ont jamais été favorables aux aventures coloniales.

Les capitalistes n'ont jamais beaucoup investis dans les colonies.

Les économistes de l'époque sont en grande majorité hostiles à ces dépenses.

Duc de Raguse a écrit :
Ils reposent sur les mêmes buts : à savoir en premier lieu accroitre la puissance des Etats colonisateurs...


Aspasie mineure a écrit :
... la réalité, très simplement, c'est la concurrence entre les états, à celui qui aura la plus grande influence, et la plus grande puissance...


Merci,

Effectivement, les Etats ont, dans ces années là, accrus leurs poids de toutes les manières possible.

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L'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.


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Message Publié : 27 Fév 2008 0:33 
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Grégoire de Tours
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Txomin a écrit :
Bergame a écrit :
...montrer en quoi et pourquoi l'on peut dire qu'à l'époque, les motivations des promoteurs de la politique coloniale n'étaient pas essentiellement économiques.

Effectivement à posteriori, ce n'était pas une bonne affaire économique mais cela est déjà clair sur le moment.
Les partis "proches" des milieux d'affaire n'ont jamais été favorables aux aventures coloniales.
Les capitalistes n'ont jamais beaucoup investis dans les colonies.
Les économistes de l'époque sont en grande majorité hostiles à ces dépenses.


Mais qu'est-ce qui vous permet d'affirmer des choses pareilles, outre vos convictions personnelles ? Ce n'est même pas ce qu'affirme Jacques Marseille.
Et d'ailleurs, que dit-il vraiment, Jacques Marseille ?
En le lisant, j'ai été intéressé de voir que, comme je le soupçonnais, il distingue bien deux phases dans l'histoire du colonialisme français. En fait, c'est même toute sa thèse.
Voici en effet la question à laquelle son ouvrage, Empire Colonial et Capitalisme Français, essaie de répondre :

Citer :
Comment la France a-t-elle pu divorcer d'un empire colonial qui représentait dans les années 1950 plus du tiers de ses échanges commerciaux et la quasi-totalité de ses investissements extérieurs ?


Sa réponse est que la crise de 1929 conduit à un retour au protectionnisme. C'est à ce moment-là qu'émergent des alternatives qui consistent, selon Marseille, soit à abandonner les colonies, soit à tenter de les industrialiser afin d'y augmenter le niveau de vie.

Mais auparavant, sur le coût de la colonisation par exemple, voici ce qu'il dit :

Citer :
Maroc et Tunisie, Afrique occidentale et Congo, Indochine et Madagascar, autant de territoires conquis sans coup férir et pour une… bouchée de pain. Au total, les dépenses engagées pour la conquête n’avaient guère dépassé un milliard de francs-or, soit le cinquième des dépenses ordinaires de l’État pour la seule année 1913, ou encore trois années de subventions aux compagnies privées de chemins de fer qui s’élevaient à 300 millions par an entre 1910 et 1914, ou encore deux années d’impôts indirects sur les boissons qui rapportaient 500 millions par an vers 1900.


Sur l'importance économique de l'empire colonial :

Citer :
Au lendemain de la guerre, l’empire était en outre devenu un débouché de premier plan pour l’industrie française et un réservoir apprécié de matières premières. En 1929, il absorbait 85% des exportations françaises de tissus de coton, 33,4% des exportations d’automobiles, 59% des exportations de ciment, 98% des exportations de sucres, 47% des exportations d’outils et d’ouvrages en métaux. Par ailleurs, il fournissait à la France 83% de ses importations de vins, 37,5% de ses importations de matières premières agricoles et plus de 50% de ses importations de phosphates. Amortisseur de la conjoncture, l’empire allait même devenir pendant la crise des années 1930 un îlot privilégié permettant apparemment à la France d’échapper au chômage massif qui frappait les autres pays industrailisés.


Pourtant, c'est donc effectivement à partir du début des années 30 que l'empire colonial devient un "boulet" :

Jacques Marseille a écrit :
Jusqu'en 1930, le marché colonial assurait le débouché qu'exigeaient les branches alors motrices de la croissance [...] À partir des années 1930, par contre, le marché colonial, en assurant la survie de ces branches désormais déclinantes, semble entraver l'émergence de nouveaux secteurs etc.


En 1949, dit Marseille, 81% des Français interrogés par l'INSEE déclarent encore que la France "a intéret à avoir des colonies".
Mais, chiffre l'historien, de 1945 à 1962, l'outre-mer engloutit l'équivalent de deux fois les aides américaines à la France.

La thèse de Marseille est donc que, jusque dans les années 30, l'intérêt économique et politique de l'empire colonial n'est que très marginalement remise en cause. Il commence à être discuté et mis en balance au lendemain de la crise de 1929.
Bref, pour avoir un aperçu de sa thèse en quelques lignes, on pourra se reporter avantageusement à son site.

Et puis j'ai pensé à vous, Duc de Raguse, puisque Marseille cite aussi quelques extraits du discours de Victor Hugo à l'occasion de la célébration de l'abolition de l'esclavage. Par exemple :

Victor Hugo a écrit :
La Méditerranée est un lac de civilisation ; ce n’est certes pas pour rien que la Méditerranée a sur l’un de ses bords le vieil univers et sur l’autre l’univers ignoré, c’est-à-dire d’un côté toute la civilisation et de l’autre toute la barbarie. Le moment est venu de dire à ce groupe illustre de nations : Unissez-vous ! allez au Sud. Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce monceau inerte et passif qui depuis six mille ans fait obstacle à la marche universelle. Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-là. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l’industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! faites des routes, faites des ports, faites des villes ; croissez , cultivez, colonisez, multipliez.


Ce qui m'a amusé est que Marseille a un jugement un peu différent du votre sur la position de Hugo, et qu'il ne semble pas y voir beaucoup d'"humanisme" :

Citer :
Quel peut être l’auteur de cet appel aux accents si virils ? Un homme d’affaires en quête de marchés privilégiés ? Un homme d’extrême-droite obnubilé par la supériorité de la race blanche ? Non, cet homme qui pousse l’Europe et la France à « prendre » l’Afrique pour la tirer vers la croissance et le progrès est tout bonnement Victor Hugo [...] En ces temps où aucune repentance ne venait faire couler des sanglots sur les joues de l’homme blanc, la conquête d’un empire colonial n’était pas considérée comme une faute mais bien plutôt comme un devoir.


:wink:


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Message Publié : 27 Fév 2008 11:50 
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Citer :
La thèse de Marseille est donc que, jusque dans les années 30, l'intérêt économique et politique de l'empire colonial n'est que très marginalement remise en cause. Il commence à être discuté et mis en balance au lendemain de la crise de 1929.

C'est indéniable et c'est ce qui est d'habitude exposé par la plupart des historiens ayant étudié ce point.

Citer :
Et puis j'ai pensé à vous, Duc de Raguse

Vous êtes trop bon ! :wink: :lol:

Citer :
Non, cet homme qui pousse l’Europe et la France à « prendre » l’Afrique pour la tirer vers la croissance et le progrès est tout bonnement Victor Hugo [...] En ces temps où aucune repentance ne venait faire couler des sanglots sur les joues de l’homme blanc, la conquête d’un empire colonial n’était pas considérée comme une faute mais bien plutôt comme un devoir.

Ces propos ne sont pas loin des miens plus haut. :wink:
Comme Marseille le souligne bien, Hugo n'a rien d'un membre de la droite réactionnaire de l'époque, ni d'un capitaine d'industrie trempant dans quelque spéculation. Ce ne sont pas des motivations matérielles qui guident sa réflexion.
C'est un auteur progressiste, républicain et démocrate qui pense que la colonisation apportera la "civilisation" et l'"industrie" (c'est notre développement actuel) à l'Afrique et qui, du même coup, résoudra les problèmes sociaux en France.
C'est certain que l'on pourrait y voir ici un pragmatisme mal intentionné, fondé sur des motivations pécunières.
Mais, encore une fois, je ne pense pas qu'Hugo l'entendait ainsi : comme Ferry, il croyait dans les vertus positives développées par la colonisation, tout simplement car c'était dans l'air du temps pour une partie de la classe politique et intellectuelle progressiste en France.
Marseille le souligne bien : ce n'est pas l'heure du mea culpa national (comment cela pourrait-il être d'ailleurs, puisqu'on n'avait pas perçu encore les effets négatifs de la colonisation ?) envers les peuples colonisés, mais le moment où l'on cherchait à leur apporter quelque chose.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 27 Fév 2008 17:21 
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Plutarque
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Oui tout à fait, la thèse de Marseille découpe le colonialisme français en deux périodes distinctes, néanmoins nous pourrions réellement découper trois périodes:
1/ Jusqu’en 1929
2/ de 1929 à 1945
3/ Post 1945.

* Jusqu'à 1929: ce qu'il nomme "la période de la Béquille".
Par là il y a mention implicite au fait que l'Etat subventionnait les diverses entreprises afin de permettre à celles-ci de commercer en injectant des capitaux de manière extérieures et artificielles.
Ce qui représente un premier coup.

Par la suite, l'Etat rachète ces mêmes produits aux entreprises coloniales dans le cadre du Pacte Colonial et parfois à un prix supérieure à ceux d'autres fournisseurs immédiats.

L'Etat effectue donc ici une double injections de capitaux, ce qui représente bien souvent une perte économique.

Mais cela était dans le but pensaient-on de créer un pouvoir d'achat local et un marché à même d'absorber la production.

A cela s'ajoute le coût initial de la colonisation car lorsque J. Marseille évoque le fait que la colonisation ait coutée une bouchée de pain, il parle vraiment de l'instant Zéro: à savoir la conquête militaire.
Mais cela ne concerne en rien l'installation des infrastructures et des cadres.

Ex: Algérie, juste quelques exemples.

3 550 000 hectares de terre exploités et cultives; 4500 km de voies ferrées; 30 000 km de routes: de nombreux ports dynamiques et modernes servent de débouchés à 50 villes et à plus de 600 villages; une production en moyenne annuelle de 20 millions de quintaux de céréales de 10 millions d’hectolitres de vin et un cheptel ovin d ‘environ 10 millions de têtes. Hôpitaux, écoles, instituts, école d'ingénieurs.

Croyez-moi, tout ça ne représente pas une simple bouchée de pain...

*Avec la crise de 1929 nous entrons dans "la phase du boulet":
Il devient de plus en plus criant pour certains économistes et hommes politiques que les colonies sont un gouffre financier et que le système ne tourne pas, pire il est négatif.

Par le Pacte colonial, la France est le principal acheteur des colonies françaises mais est bien souvent perdant aux changes.

Ex: Le vin, la production algérienne est quasiment totalement écoulée en France, était déprécié en 1930 en 2% par hectolitre alors que le vin espagnol en 193 était quand à lui déprécié de 26%!
Le vin algérien est à cette date 58% plus cher que le vin espagnol et pourtant c’est à l’Espagne et à l’Italie que le marché français se ferme.

Le soucis c'est qu'en 1930, la métropole n'a plus les moyens de soutenir artificiellement par un afflux de capitaux les industries coloniales qui étaient par le passé maintenues artificiellement.

Du coup, elles périclitent comme la Société des Mines de Bou Thaleb qui en 1928 affichait pour environ 7750 milliers de Francs de bénéfice pour afficher le contraste extrême en 1930 de 8950 milliers de franc de déficit.

Pourtant la métropole ne va toujours pas changer de ligne de commerce et continuer à payer plus cher s'il le faut!

En 1933 l'achat des produits algériens est estimé à 3 428 244 milliers de francs et la France représente 89,80% du total de la clientèle algérienne.

Nous pourrions même allez plus loin et ajouter une troisième phase qui commencerait en 1947 car c'est réellement au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale que les pensées pragmatiques vont enfin gagner l'ensemble de la politique française.

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Message Publié : 27 Fév 2008 20:09 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
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Honnêtement, c'est extraordinaire de lire des choses pareilles. Et dire que ce sont les mêmes qui déplorent à chaudes larmes que les Français sont insensibles aux raisonnements économiques !

Alors comme ça, c'est l'Etat, qui, jusqu'en 1930, importait le vin d'Algérie ? C'est l'Etat qui cultivait les terres algériennes, assurait les récoltes, et revendait le tout à la métropole, càd à lui-même ?! Pour tout dire, c'est même l'Etat qui faisait paître les moutons, les tondait au printemps et transportait les ballots de laine sur ses épaules jusqu'à la capitale. Sympa, l'Etat !
Non, mais je schématise, je caricature. En fait, ce que vous voulez dire, Monte Cristo, c'est que jusqu'à cette date, la France était un pays communiste dans lequel c'est l'Etat qui se chargeait de l'approvisionnement du pays en biens de consommation courante. N'est-ce pas ?

Vous vient-il à l'esprit ne serait-ce qu'une seconde que si les entreprises française importatrices de vin préféraient acheter du vin algérien plutôt qu'espagnol ou italien, elles avaient peut-être leurs raisons ? Et si ça se trouve, c'était des raisons tout à fait pragmatiques, vous savez.
Enfin, remarquez, avec des Français, on ne peut pas être sûr...


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Message Publié : 27 Fév 2008 22:00 
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Bergame a écrit :
Honnêtement, c'est extraordinaire de lire des choses pareilles. Et dire que ce sont les mêmes qui déplorent à chaudes larmes que les Français sont insensibles aux raisonnements économiques !


Sincèrement à ce stade du débat, je pense que vous le faites exprès.
Je vais quand même prendre le temps d'expliquer...

Nous parlions du fait que la colonisation n'était pas une bonne affaire économiquement parlant, ce qui est la thèse de J.Marseille et que j'étaie d'exemples très précis et chiffrés. Donc étant donné que sa thèse est éminemment économique (il est historien économiste), il me semble logique que tout débat à propos de son œuvre soit de nature économiste...
Ces réflexions sont donc forcément économiques puisque au bout d'un moment, pour répondre à la question combien, il faut bien des chiffres vous en conviendrez.

Elles prouvent donc le hiatus complet entre la réalité économique et la réalité vécue car comme vous le savez tout comme moi, même si très tôt certains ont montrés ces chiffres, ils n'ont pas eu l'impact de suite.
Ni une évolution des pensées, ni une volonté d'amener les colonies à un self-government. Presque 50 ans de retard sur les britanniques pour un dénis de réalité.

Ensuite je ne déplore rien. Et encore moins à chaudes larmes.

Je ne condamne, ni ne loue, je raconte et au mieux j'explique. Vous savez, c'est ça le travail de l'historien. Vous avez décidément une habitude à mêler l'histoire et la morale.

Bergame a écrit :
Alors comme ça, c'est l'Etat, qui, jusqu'en 1930, importait le vin d'Algérie ? C'est l'Etat qui cultivait les terres algériennes, assurait les récoltes, et revendait le tout à la métropole, càd à lui-même ?! Pour tout dire, c'est même l'Etat qui faisait paître les moutons, les tondait au printemps et transportait les ballots de laine sur ses épaules jusqu'à la capitale. Sympa, l'Etat !
En fait, ce que vous voulez dire, Monte Cristo, c'est que jusqu'à cette date, la France était un pays communiste dans lequel c'est l'Etat qui se chargeait de l'approvisionnement du pays en biens de consommation courante. N'est-ce pas ?


Non mais attendez, il faudra que vous citiez où j'ai décris cette réalité. Le fait que ce soit l'Etat qui injecte les capitaux n'inclue en rien le fait qu'il n 'y est pas d'acteurs locaux. Que d'absolu dans le raisonnement.
Il est évidant qu'il y avait des acteurs locaux, des entreprises, des exploitants. Des agriculteurs et des ouvriers.

Et croyez-moi, en effet ils ont travaillés très dur avec un courage remarquable pour faire de la terre une source de richesse.

Un exemple grandiose sont les établissements agricoles modèles établis par les 300.000 colons européens sur les terres du Mitidja qui est passé de l’état de marécage insalubre évité par les algériens eux-mêmes aux orangeries de Boufarik.

Le facteur local est bien sur essentiel, cette colonie s'est construite avec la sueur des colons et des indigènes dans les mines de Phosphate également.

Mais cette énergie humaine ne seraient rien sans les grands entrepreneurs et les capitaux car l'argent ne pousse pas dans les champs.

Or ces entreprises coloniales reposaient sur les intrants et les subventions de la Métropole pour tourner artificiellement.
Et l'effet est immédiat lorsqu'à partir de 1929, l'Etat cesse ses subventions et l'envois de colons.

Une missive de J.Galle (autorité algéroise):
"La France si douce à ceux qui l’habitent ne nous envoie plus ses aides et ses familles dont nous avons besoin pour créer de nouveaux centres de colonisation, de plus je regrette chaque jour l’évasion grandissante de la main-d'œuvre indigène sans laquelle la production normale n’est plus possible”.

Les chiffres sont criants:

Production minière: en 1927 l’Algérie exportait 2 382 242 tonnes de fer, en 1931 c’est 920 453.
C’est la fin criante des bénéfices des sociétés minières et quasiment 75% d'entres elles sont en faillite.

Mais même le secteur primaire est touché:

En 1930 l’exportation agricole rapporte 3 748 873 milliers de francs, en 1934 il s’agit de 2 375 816 milliers de francs.

Si vous ne voyez pas un rapport de cause à effet, je ne sais pas ce qu'il vous faut...

Un dernier exemple plus tardif mais très révélateur:

En 1947, l’Algérie devait être la cible d’un plan d’amélioration du réseau de communication afin de faciliter l’industrialisation comme des routes, des voies ferrées, des ports, des aérodromes ainsi que l’édification de nouveaux barrages destinés à la fois à la régulation et à une meilleure utilisation des ressources hydrauliques ainsi qu’à la production électrique civile.

Vous savez, tout ce qui ne représente qu’une bouchée de pain?

Ce vaste programme associé à la création de nouvelles infrastructures notamment civil comme des établissements ruraux et urbains et l’alimentation en eau potable représentait un budget s’élevant à 39 , 547 milliards de francs dont 21, 402 milliards étaient aux frais exclusifs de la métropole.

Les milieux dirigeants de l’Algérie sont unanimes sur ce point: l’Algérie n’était pas en mesure de financer ses propres besoins et se tournait intégralement vers la métropole et l’Etat pour accorder ces capitaux.

Cependant nous étions dès lors dans ce que j’appelle la Troisième phase et cette fois la France était pour de bon face à la réalité.


Bergame a écrit :
Non, mais je schématise, je caricature.


Je commence à être habitué, je vous assure.

Bergame a écrit :
Vous vient-il à l'esprit ne serait-ce qu'une seconde que si les entreprises française importatrices de vin préféraient acheter du vin algérien plutôt qu'espagnol ou italien, elles avaient peut-être leurs raisons ? Et si ça se trouve, c'était des raisons tout à fait pragmatiques, vous savez.


Bien sur qu’il y avait des raisons. L’Etat subventionnait et encourageait les importateurs viticoles métropolitains à choisir le vin algérien. Et de l’autre côté, augmentait les charges des vins espagnoles et italiens, tout ça dans le cadre du Pacte Colonial.
Donc oui les importateurs se tournaient forcément (et pour le coup de manière fort pragmatique ou bien juste mercantiliste) vers les vins algériens.

Bergame a écrit :
Enfin, remarquez, avec des Français, on ne peut pas être sûr...


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Message Publié : 28 Fév 2008 0:09 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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MonteCristo a écrit :
Bergame a écrit :
Non, mais je schématise, je caricature.


Je commence à être habitué, je vous assure.


Si l'on arrêtais ce jeu des petits phrases qui commence à devenir exaspérant ?

On pourrait pas échanger des arguments sans penser qu'ils ne peuvent que sortir de la tête d'un sot ? Et cela compte pour tous ceux qui s'adonnent à ce petit plaisir d'échanger des mots de plus en plus acérés ...

Il serait dommage que l'on doive verrouiller cette si intéressante discussion ...


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Message Publié : 28 Fév 2008 16:06 
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Localisation : Le Manoir d'Ebène
Je suis en accord avec vous et pour ma part je n'y sombrerai plus à l'avenir.

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