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Mais n'est-ce pas également par utilité que l'animal s'assemble en meute ? N'a-t-il pas lui-même senti que sa survie dépendait de sa communauté, et non d'un individualisme naturel ?
Peut-être, mais dans ce cas là, c'est à dire si on applique le schéma hobbesien au monde animal, alors il faut le faire jusqu'au bout, c'est à dire que les animaux vivent en société, que l'homme est un animal comme les autres et que théoriquement, les animaux vivront bien lorsqu'ils instaureront des lois pour régir leur société.
On se heurte ici à une contradiction évidente: ne peuvent établir des lois que des animaux doués de raison, c'est à dire seulement les hommes. L'utilité ne peut-être perçue en tant que telle que par un logos. Donc un animal ne peut à mon avis pas la ressentir, il ressent simplement un instinct de survie. On est cependant là tombé dans un débat absolument aporétique: se demander si l'homme est social par nature ou s'il l'est devenu, c'est un peu se demander qui de la poule ou de l'oeuf est venu le premier.
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Mais l'état de nature ne devient social non pas par le commencement de la propriété, (car la propriété matérielle n'est-elle pas que le prolongement de la propriété intellectuelle; la propriété peut donc être propre à n'emporte quel état humain) mais par l'abandon individuel de la force pour la conserver à l'interieur de cet état social.
Ta réponse me permet de faire observer une autre contradiction de Hobbes: pourquoi les hommes auraient-ils besoin de conserver leur force au sein d'un état social puisqu'ils sont censés, guidés par l'utilité, tous vouloir se socialiser car tel est leur intérêt. Si on poursuit le raisonnement utilitariste, on conviendra que l'intérêt suprême pour les hommes, c'est de tous s'entendre cordialement au sein d'une société totale, l'humanité, régie par des lois propres et respectées par tous.
Or ce n'est pas du tout ce qui se passe: les sociétés prolifèrent et s'affrontent les unes les autres. On a donc affaire à un simple transfert de la guerre de tous contre tous: chacun donne sa forcé individuelle à l'Etat pour qu'il s'en prenne à un autre Etat. Or cette situation (que nous appellerons
guerre de toutes les sociétés contre toutes les sociétés) n'a rien qui soit vraiment plus avantageux pour l'homme que l'état de
guerre de tous contre tous. C'est la même chose en plus grand:en fait, on combat quand même. Le raisonnement sur l'homme s'assemblant par utilité trouve donc ses limites car au final, il n'y gagne pas tant que cela. C'est pourquoi je pense que si l'homme s'assemble, c'est parce qu'il n'a pas d'autre possibilité, parce que c'est sa nature.
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Absolument, et c'est pour cette raison que l'utilisation de l'expression "guerre de tous contre tous" ne serait pas valable si'il n'impliquait une guerre individuelle, à échelle individuelle, dont l'unique but est de vivre en conservant, mais dans la certitude, pourtant, est la mort.
Je ne comprends pas vraiment ton objection.