Aponie a écrit :
Il convenait d'oeuvrer pour le retour de l'alliance du Trône et de l'Autel, pour que de nouveau le génie de la France s'exprimât et qu'elle retrouvât la place qui avait hier été la sienne. Mais cette union était vide de sens pour l'Eglise en ce sens qu'elle ne se fondait plus que sur une idée désacralisée et toute symbolique du catholicisme: la nécessité de ce catholicisme décharné ne s'expliquait pas pour Maurras par le divin, mais par ce qu'il avait représenté et avait fait de la France. Alors que l'Eglise voulait que le roi pensât d'abord à défendre le catholicisme, Maurras espérait que la France fût pleine de gloire par l'intermédiaire du catholicisme.
Selon Huguenin, dans sa somme sur l'Action française, la condamnation papale résulte d'une suite de différends sur cette question de la place de la foi catholique au sein de l'Action française et de la pensée maurrassienne. Le Cardinal Andrieu, dans son réquisitoire au journal
L'Aquitaine, accuse, d'abord, les "catholiques par calcul" et, soutenu en cela par Pie XI, appelle à prendre garde vis-à-vis des mouvements qui "regardent la Foi et la Morale". Maritain, en septembre 1926, dans
Une opinion sur Charles Maurras et le devoir des catholiques, vient s'opposer à ce discours et souligne la conversion de nombreux membres d'Action française ; ce qui semble, un bref instant, engager un accalmie. Cependant, la position de Maurras dans son justificatif à Pie XI montre bien, et vous le souligniez Aponie, l'idée d'un gallicanisme français et la volonté d'une politique résolument française ("Notre foi est à Rome, notre politique est de chez nous"). En conséquence, la demande de Bernard de Vesins de "renfort de théologiens" (Huguenin) pour enseigner au sein de l'Institut d'Action française est refusée.
En décembre, Pie XI, dans une Allocution au Consistoire, menace et désapprouve les journaux et écrits dans lesquels les lecteurs trouveraient "une cause de détriment spirituel". L'Action française répond par l'article bien-connu
Mon possumus, lequel conclut sur l'affirmation d'un devoir de maintien de la liberté politique française et un refus de trahison de la patrie . Le 26 décembre, la condamnation papale est promulguée.