Tout comme Adulith, cher Paul, je vous lis avec plaisir et attention ! N'hésitez pas à continuer à nous faire part de vos lectures !
PaulRyckier a écrit :
Et que les historiens ce disputent du caractère fasciste de la France dans ce temps là. Maintenant après la lecture du livre je dois avouer que ce ne semble être un vrai Fascisme à l'exemple de l'Italie ou de l'Allemagne.
Attention car il existe vraiment deux écoles en guerre, voire même trois : ceux qui parlent d'un proto-fascisme français (Sorel, Barrès) et expliquent que la France a été un laboratoire du fascisme européen des années 1920 et 1930 ; ceux qui parlent d'un fascisme français et, parmi ce groupe, des discussions existent sur le commencement véritable de ce fascisme (vote des pleins pouvoirs à Pétain, mise en place d'une législation antisémite sous Vichy, tournant du printemps 1942 avec le retour de Laval et la germanisation de Vichy, fuite de France et concentration du dernier Vichy autour des ultras) ; et ceux, enfin, qui pensent que la France n'a pas connu l'expérience du fascisme et parlent de Vichy comme un régime ultra-conservateur et autoritaire.
PaulRyckier a écrit :
C'est aussi important qu'il fait un triage entre le nationalisme authoritarien et le vrai Fascisme.
La distinction de Payne est essentielle parce qu'elle insert un
distinguo entre chef fasciste et chef autoritaire, alors que des travaux antérieurs, comme ceux sur la figure autoritarienne dans les régimes fascistes, montraient que le fascisme était un régime sous la coupe d'un chef autoritariste (c'est-à-dire adhérent à une pensée autoritaire). Disons, pour faire simple, que cette nouvelle distinction entre les fascismes permet de sauver la face de régimes très durs mais n'ayant pas succombé à certaines des extrémités du nazisme ou du fascisme italien - cela est vrai pour la France, cela est aussi vrai pour d'autres pays d'Europe.
PaulRyckier a écrit :
La définition du Fascism, si c'est possible de faire une, selon l'auteur (il donne une dizaine d'exemples de définitions selon les auteurs et les écoles) et il nous met en garde que presque chaque mouvement fasciste était différent dans plusieurs caractéristiques selon le pays:
"une forme d'ultranationalisme révolutionaire dédicacé à une ré-naissance nationale, qui est basée sur une philosophie dans le principe vitaliste, qui est structurée dans une elitisme extrème, mobilisation des masses et adhère au "Führerprinzip", qui estime la violence positivement et comme fin et comme manière et tend à poser la guerre et/ou vertus militaires comme le norme"
Entièrement d'accord, le fascisme est un fait national et le concept de fascisme européen est très flou : il faut étudier chaque nation pour définir l'existence de groupes fascistes et/ou d'un régime fasciste. En France, par exemple, on ne peut se résoudre à parler des Croix de Feu comme d'un groupe fasciste, a contrario de La Francisque de Bucard, mais on s'entend assez facilement pour parler de Vichy (surtout avec le tournant de 1942, la célèbre "fascisation" du régime) comme d'un régime fasciste.