Jerôme a écrit :
Je remercie Nebuchadnezar de sa réponse (même si je ne pense pas que l'antisémitisme ou la collaboration soient vraiment des preuves d'honneur) mais mes interrogations portaient d'abord sur le lien logique pouvant exister entre le discours de Vichy et celui du pape libéral défenseur des droits de l'homme qu'était Jean Paul II et ensuite sur la façon dont un enseignement d'ordre moral pouvait entrer dans le champ politique au pont de structurer une idéologie.
Vous mélangez un peu tout.
Le discours de Vichy insiste sur l'honneur et un retour au source. Il ne revendique absolument pas l'antisémitisme comme valeur. Pour la collaboration, il n'a de cesse de la justifier, en soulignant que les conditions de l'armistice, de son point de vue, ne portent pas atteinte à l'honneur. Mais nous sommes ici dans les valeurs exprimées, et non dans leur confrontation avec la réalité.
Citer :
Si je reprends le Nouveau Testament, les pères et docteur de l'Eglise ainsi que le magistère d'avant le xix e siècle, je vois bien que le divorce et l'avortement ont toujours été condamnés mais jamais me semble t il la famille n'a été particulièrement louée comme atome fondamental de la vie sociale ou politique.
Plus que la famille, c'est sur le mariage que porte le discours de l'Église de l'Antiquité au Moyen Âge. L'Église défend le mariage monogame indissoluble, sur le modèle décrit par Jésus, en y ajoutant l'obligation d'exogamie. Saint-Paul lui, décrit le mariage comme un moyen pour hommes et femmes d'éviter la tentation :
"Mieux vaut se marier que brûler". Pour l'Église médiévale, c'est un peu la solution de secours à recommander aux personnes qui ne sont pas capables d'entrer dans l'état monastique.
Citer :
Est ce pour Vichy et les Ligues une réaction contre l'individualisme des Lumières ? Ou pour Jean Paul II le refus du collectivisme communiste qui refusait toute structure sociale non contrôlée par le Parti ? Des lors les deux mouvements (celui de Vichy et celui de Jean Paul II ) n'auraient pas eu de vrai lien entre eux ?
La famille n'est pas l'apanage de Vichy ou du Pape (qui n'ont absolument AUCUN lien entre eux
), c'est une valeur revendiquée par de nombreux mouvements politiques, notamment les chrétiens-démocrates et leurs héritiers en France. Sinon, nous n'aurions pas les allocations familiales
Plutôt que les Lumières, c'est une réaction contre l'urbanisation et l'exode rurale, qui destructurent les communautés traditionnelles et font s'entasser des populations dans des lieux insalubres et mal famés.
De plus, la population française connaît au XIXe siècle une grande dénatalité : elle est la première à entrer dans la transition démographique ; et se fait rattraper en nombre par l'Angleterre et dépasser par la jeune Allemagne :
"Il y a 20 millions d'Allemands de trop !".
Tout cela explique que des personnalités de tout bord demandent la mise en place de mesures pour encourager les gens à former des familles stables, et à leur fournir les conditions pour élever leurs enfants.