Pédro a écrit :
Oui, cela aurait été un début, de même que votre réflexion sur les "incorrigibles"... Passons. Le ton n'était clairement pas à l'histoire mais à la connivence d'idée, à l'expression moralisante et certainement pas à l'analyse. Personnellement cela m'irrite énormément et le fait que l'on puisse évacuer cela sous la pirouette sémantique de la prétendue analyse historique prouve que cela se répétera. Vous verrez quand le débat s'etablira de manière contradictoire sur un sujet politique quelle sera cotre crédibilité pour appeler au calme et à dépassionner l'engueulade...
Et puis pour enfoncer le clou sur les "incorrigibles", les aveugles ou je ne sais quoi, le boulot de l'historien c'est de comprendre les mécanismes qui entrainent l'adhésion à une idée, non de s'indigner de leur prétendue sottise...
D'abord, désolé pour le dérapage d'opinion qui, en effet, est totalement déplacé ici. Je préciserai juste, au cas où ma remarque pourrait être mal interprété, je ne considère pas sot, ou tout autre synonyme, une personne qui, à mes yeux, se trompe. Même la personne la plus intelligente qui soit peut se tromper ; cela ne supprime pas son intelligence. C'est juste une personne qui se trompe.
Ceci dit, pour revenir au marxisme/marxisme-léninisme, il ne me semble pas possible d'en juger l'attrait sans souligner que cette théorie est plus un amalgame de théories en différents domaines (économique, social, historique) qu'une théorie unique. Qui plus est, le constat de base, à savoir la misère de la classe ouvrière à son époque, me semble difficilement contestable. Et, peu importe ce qu'on pense de la solution, la volonté de la résorber est une bonne idée. C'est cela le premier attrait du marxisme, c'est cette volonté d'améliorer la société dans son ensemble, ce qui n'est quand même condamnable.
Le second est l'aspect global du marxisme ; avoir une idéologie qui vous explique pourquoi vous êtes ou vous êtes, comment vous et les vôtres en sont arrivés là et que le responsable n'est pas vous mais un groupe autre, cela a un évident aspect rassurant ; cela n'améliore pas votre condition mais cela crée ou entretient l'espoir d'une amélioration. D'autant que certains éléments développés par Marx (les classes sociales, le développement du capitalisme, l'exploitation des salariés pour augmenter les profits, etc.) se constataient de manière assez flagrante à son époque. Donc, partant de l'observation que le constat était bon, il est facile, je pense, de supposer que ce qui s'en suit est vrai également. On a donc une idéologie qui apporte l'espoir et qui rassure par un degré de véracité vérifiable. Il me semble donc logique que ceux qui souffrent, ou ceux qui sont sensibles à la souffrance des autres, soient attirés par une idéologie qui leur promet, à terme, sinon le bonheur du moins une amélioration de leur condition de vie.
Enfin, le marxisme ne sera longtemps qu'une idéologie socialiste parmi d'autres. Marx n'apparaît pas ex nihilo en 1848. Il est imprégné d'un milieu où les idées socialistes sont quand même apparues depuis au moins un bon demi-siècle. Et sur le succès du marxisme, vu la date des premiers écrits de Marx, il n'est pas aussi évident, et certainement pas aussi immédiat, que cela. Il reste longtemps en rivalité avec le communisme de Proudhon, avec le mouvement anarchiste pour citer les 2 plus connus. Mais il y a sinon une myriade, du moins, une dizaine de tendances dans les mouvements socialistes au dix-neuvième et le marxisme n'y est qu'un parmi d'autre. J'ignore s'il est déjà le plus rassembleur dans le dernier quart du dix-neuvième mais, même alors, c'est une majorité relative et certainement pas une unanimité pour le marxisme parmi les socialistes. Donc, il faut quand même relativiser cet attrait du marxisme pour ses premiers 50/60 ans.