L’emploi du terme de génocide est certes très contestable mais, à la lecture de l’étude mise en lien, on comprend ce qu’Aimé Césaire voulait dire. On a bien sûr le droit de n’être pas d’accord mais on ne peut nier certains faits comme celui que de jeunes professeurs originaires des Antilles ont été affectés en métropole tandis que des métropolitains ont été affectés aux Antilles et que cela a pu produire des effets regrettables. Plus récemment, a été formulée, dans un autre contexte, l’idée de « grand remplacement », tout aussi contestable que celle de génocide par substitution. Ces deux idées partent néanmoins d’un constat similaire, celui de l’affrontement d’une culture originelle avec une culture importée.
Aimé Césaire fut dans un premier temps communiste et indépendantiste. Dans les années 1950 il appelait à rompre avec la puissance coloniale et le capitalisme pour se rapprocher du grand frère soviétique qui était en train de créer le bonheur sur terre. Il a un peu évolué par la suite, mais il en resté quelque chose qui aide à comprendre sa dénonciation du « génocide par substitution ».
On peut parfaitement penser que c’est une ineptie et argumenter en ce sens, mais on ne peut ignorer le fait que cette ineptie ait prospéré. L’étude proposée est une tentative d’expliquer pourquoi et comment.
Que les habitants des Antilles soient des citoyens jouissant des mêmes droits civiques que les autres et que les départements d’outre-mer soient administrés selon le même régime que celui des départements métropolitains n’empêche pas que puissent subsister des rapports économiques déséquilibrés avec la métropole et que cela soit source de frustrations.
Pierma a écrit :
Sans compter le fait que tous les territoires extérieurs à la métropole qui ont demandé davantage d'autonomie l'ont obtenu.
(Ceux qui se mordent les doigts sont ceux qui ont obtenu l'indépendance, le cas typique étant celui des Comores.)
Ils ne s’en mordent pas les doigts. Les Comoriens, que je sache, ne regrettent pas d’être devenus indépendants et continuent à revendiquer l’indépendance de Mayotte. Qu’en même temps ils émigrent en masse vers Mayotte est paradoxal, mais c’est ainsi.
Pierma a écrit :
Je franchis allègrement la limite chronologique pour indiquer que le Sahel est en train, au nom d'un discours anticolonialiste devenu fou, de confier son avenir à une société "privée" de miliciens russes qui seront bien incapables de freiner l'expansion du djihadisme. Une impasse dramatique, mais la rhétorique anticolonialiste est devenue une sorte de cancer dans ces pays là.
Que ce discours soit fou, nous sommes d’accord, mais n’y a-t-il pas quelques explications ? Je viens d’entendre au cours d’une émission télévisée que la France est intervenue militairement en Afrique une quarantaine de fois depuis l’indépendance tandis que le Royaume-Uni n’est intervenu qu’une seule fois. Pourquoi cette différence ? Il n’est pas sûr que le bilan de la politique française soit meilleur que celui de la politique britannique. Nous payons probablement des erreurs stratégiques. Je pense que la « françafrique » de Foccard était bénéficiaire à court terme mais désastreuse à long terme.