Tous les profs de latin n'ont pas une bonne vision historique, même quand ils sont professeurs d'université. En première candidature, j'avais eu droit à un prof qui présentait dans un petit montage de diapositives les portraits des empereurs romains et qui, exactement comme le criminologue italien Cesare Lombroso à la fin du 19e siècle, entendait déduire la psychologie de ces empereurs à partir de leur apparence physique. Il prétendait donc faire croire que c'était à la vue de ces sculptures qu'il avait élaboré ses commentaires ineptes, tout droit sortis de Suétone et autres mauvaises langues de l'époque et revus et corrigés à la manière d'un journaliste de
Minute ou d'
Ici Paris (à l'époque,
Voici n'existait pas encore).
Le même éminent professeur fantasmait du haut de sa chaire sur l'extraordinaire avancement de la science arabe au Moyen Age, après avoir lu un livre de l'auteur de science-fiction René Barjavel. Il devait être question, dans ses délires, d'apports extra-terrestres à la science arabe qui était sans doute sur le point de découvrir et d'utiliser l'énergie atomique. Je dois avouer que c'est un souvenir assez vague et que je n'ai pas fait beaucoup d'efforts pour garder ces détails en mémoire.
Ce même prof enfin qui roulait en Porsche et recommençait ses cours bien plus tard que tout les autres et les suspendait bien plus tôt pour pouvoir passer plus de temps dans son ranch aux Etats-Unis, terrorisait tous les étudiants par la multiplication de ses cotes d'exclusion aux examens. Néanmoins, ses collègues sachant à quoi s'en tenir sur son compte, laissaient parfois passer en première session des étudiants qui avaient obtenu un 6/20 à son examen.
Notre bon ami Laurent est persuadé qu'il a un compte à régler avec moi et revient régulièrement à la charge pour soutenir toute personne qu'il suppose que j'agresse. Et à chaque fois, il se couvre encore plus de ridicule. Un jour, dans son intérêt, j'ai simulé une grosse colère pour qu'il cesse ce bête jeu. Il s'était donc un peu calmé, tout surpris que j'ai pu être aussi brutal, mais apparemment il est du genre obstiné et il reste persuadé, même après s'être brûlé les doigts, qu'il suffit de laisser passer un peu de temps avant de remettre sa main dans le feu et qu'à la longue, il pourra le faire sans se brûler.
Fin du quart d'heure de médisance.
Pour revenir à César, si je l'avais cité, c'était bien pour tendre un piège qui me paraissait plutôt énorme, mais cher Durallo, vous avez sauté à pieds joints dedans.
Même si Jules César émane du parti "populaire" des frères Gracques et de Caius Marius. Il est parfaitement aberrant d'en faire un homme de gauche, comme il est absurde de faire de Pompée un homme de droite. On aurait en effet bien du mal à trouver chez lui des éléments qui pourraient en faire un homme de gauche. Par contre, on pourrait sans hésiter trouver chez lui un certain nombre des caractéristiques d'un homme de droite : famille riche, chef militaire, conquérant, candidat à un coup d'Etat visant à la disparition de la République, esclavagiste... Mussolini reconnaissait en lui un de ses pères spirituels. Mais il serait également absurde de faire de César un fasciste.
Les concepts de droite et de gauche sont d'ailleurs parfois inopérants pour classer certains de nos contemporains. Le populiste argentin Juan Peron est-il un homme de gauche ou un homme de droite ? L'écrivain Mario Vargas Llosa est-il à droite ou à gauche ? La Pérestroïka de Gorbatchev était-elle une tendance de gauche ou de droite au sein du PCUS et les "conservateurs" étaient-ils à sa droite ou à sa gauche ? La gauche du 19e siècle n'est-elle pas devenue la droite au 20e siècle ? Napoléon ne se voulait-il pas au dessus des partis ? Mitterand était-il vraiment un homme de gauche ?