Je vous remercie de vos excuses, il n'y a pas de problème.
Continuons donc.
Donc mine de rien, lorsque vous dites que le pouvoir a favorisé la religion officielle -ce qui semble évident- vous adoptez la définition politique de la culture que j'évoquais. Vous voyez donc peut-être mieux ce que je voulais dire : Il me semble que lorsqu'on cherche à définir objectivement la culture, on en vient forcément à une définition "officielle", qui reflète peu ou prou la représentation que le pouvoir en place se fait de la culture nationale. A mon sens -mais j'aimerais simplement que vous vouliez bien comprendre ce que j'écris- lorsque vous décrivez la culture française comme une culture essentiellement catholique, vous adoptez une définition politique de la culture. Seulement, vous adoptez la définition qu'acceptait la France d'il y a plusieurs siècles. Aujourd'hui, la définition "officielle" de la culture française, elle n'est pas catholique. Elle est plutôt laïque.
Maintenant, cela ne veut pas dire qu'il n'en reste pas quelque chose. Forcément ! Et j'ai moi-même été élevé dans la religion catholique, comme beaucoup de citoyens de notre pays.
Mais qui pourrait savoir ce qu'il en reste ? Qui pourrait dire : "Moi, je sais que la culture française est essentiellement catholique" ? Pour ériger cette opinion en vérité absolue, il faudrait à cette personne un moyen de sonder les cervelles des 60 millions de citoyens de ce pays, n'est-ce pas ?
Ca, c'est pour la culture en tant qu'objet.
Maintenant, vous, subjectivement, vous pouvez avoir été baigné dans un enseignement catholique. Vous pouvez évoluer au sein de milieux où la pratique catholique est forte. Vous pouvez être imprégné de pensée traditionaliste et catholique. Vous pouvez donc avoir tendance à considérer que la culture française est essentiellement catholique. Et vous aurez raison, subjectivement.
Cela n'empêche, me semble-t-il, que quelqu'un d'encore plus traditionaliste que vous, qui aurait étudié les Anciens, retrouverait sans doute beaucoup de traits greco-romains dans la culture française, et considèrerait qu'elle est essentiellement héllèno-latine (vous savez, comme cela a déjà été plus ou moins dit ailleurs, il n'est pas impossible de considérer que la doctrine catholique est fondamentalement une doctrine greco-latine, dont les traits essentiels empruntent directement à cette tradition). Cette personne aurait-elle tort ? Non, à mon humble avis, elle aurait tout autant raison que vous. Elle mettrait simplement en lumière un aspect de la culture française que votre propre culture personnelle, celle dans laquelle vous baignez, vous fait naturellement négliger.
Et même chose pour quelqu'un qui serait imprégné de pensée laïque, qui considèrerait que les temps les plus récents sont, au contraire, ceux qui influent le plus fortement sur la culture présente, et qui considérerait que la France ets essentiellement le pays de la Révolution et des Droits de l'Homme. Vous savez qu'il y en a qui le pensent, nombreux. Qu'est-ce qui pourrait vous permettre, exactement, de dire péremptoirement : "Ils ont tort" ?
Je pense donc tout simplement qu'en histoire, et n'en déplaise à monsieur de Maistre, il n'y a pas une vérité, mais plusieurs, peut-être une infinité, et que toutes sont tout autant fondées les unes que les autres. Vous me pardonnerez, j'espère, cette petite parenthèse épistémologique.
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