L'un des mystères autour de l'allégorie de la caverne est qu'on ne sait pas très bien ce qu'est le Soleil. On sait que c'est l'Idée du Bien, et on sait que le Bien c'est l'Un, mais qu'est-ce que l'Un ? Comme le disait déjà Aristote, Platon n'explique jamais ce qu'est le Bien.
Pourtant, c'est l'une des idées-forces de la pensée neo-platonicienne que de penser que l'enseignement ésotérique de Platon, celui, donc, qui était réservé aux élèves de l'Académie, consistait en la connaissance du Bien. On était alors sensé apprendre ce qu'est le Soleil, la connaissance ultime qui ne peut être réservée qu'à quelques-uns, Icare ayant bien montré empiriquement qu'il y avait danger à vouloir s'approcher de la vérité absolue.
La conception du soleil chez Platon, c'est d'ailleurs toute une histoire.
Dans la République, l'astronomie est dévalorisée. On considère que c'est ensuite que Platon a conçu sa théogonie du ciel, peut-être sous l'influence d'Eudoxe. Jusque là, les Grecs croyaient en effet que les astres avaient une trajectoire erratique, le soleil, la lune, Jupiter et les autres, c'était des "planètes". Mais Eudoxe montre que le mouvement complexe, non-uniforme, peut produire une impression d'uniformité pour un observateur. C'est le principe du point fixe sur un objet circulaire en mouvement -si je me souviens bien.
Platon -selon les neo-platoniciens- dira alors aux astrologues : "Sauvez les phénomènes !" Car c'est dans le Ciel qu'il a alors l'idée de placer ses principes premiers. Il devient donc de la première importance, dans sa tentative de fonder une nouvelle religion, une nouvelle théogonie, de montrer que le ciel est le lieu de l'immuable, de l'uniforme, et de la circularité.
Et Copernic, des siècles plus tard, ses classes faites dans les milieux neo-platoniciens d'Italie, respectera encore ce mot d'ordre : "Sauvez les phénomènes". C'est à Platon qu'il pensera lorsqu'il se dira que le Soleil, Bien absolu, ne pouvait pas être une planète comme les autres.
C'est donc après avoir longuement lu l'allégorie de la Caverne que Copernic aura apparemment l'idée fondatrice de sa révolution héliocentrique.