Saladin a écrit :
Il y a plus que des doutes c'est clair et net, notamment après ce que j'ai avancé plus haut. Justement, le soufisme n'est pas UN mysticisme pure et simple, il s'appuie sur des aspects religieux fondamentaux qui ne peuvent être remis en cause sinon vous ne pouvez appartenir à l'Islam : ce sont les cinq piliers notamment.
Je ne prétends pas détenir la vérité et j'admets très bien qu'on m'apporte la contradiction mais dans la mesure néanmoins où mes propos se sont pas dénaturés. Je n'ai pas affirmé que le soufisme était un mysticisme pur et simple - j'appréhende mal d'ailleurs ce qu'on peut entendre par mysticisme pur et simple - j'ai simplement dit que le soufisme était un courant de l'islam à tendance mystique. J'ai aussi ajouté que le soufisme était mal accepté par de nombreux musulmans qui considèrent ce courant comme hérétique. C'est là un fait. Il suffit de se promener sur la toile et lire ce qu'en disent nombre de musulmans pour s'en convaincre.
Saladin a écrit :
Je suis tout à fait d'accord avec votre premier paragraphe, quand au propos que vous citez c'est que j'assimile la franc-maçonnerie comme étant l'équivalent d'une sorte de nouvelle religion pour ces adeptes. Il suffit d'observer les cérémonies francs-maçonniques (le peu qu'on veuille bien nous montrer), on se croirait dans un temple religieux, je n'y vois aucune différence. Un culte à la liberté peut-être, le dieu des francs-maçons ?
Vous posez la question de savoir ce qui est religieux ou non. Il n'y a pas de religion sans rite. Mais ce serait vider de sens la notion de religion qu'assimiler tout ensemble de rites à une religion. Des rites, on en trouve partout. Quand on se recueille devant un monument aux morts, qu'on dépose une gerbe et qu'on fait résonner la sonnerie aux morts, on accomplit un rite. Mais la sonnerie aux morts, ce n'est pas le De profundis. Les rites patriotiques ne sont pas de nature religieuse. Les rites franc-maçons ne visent qu'à perpétuer des traditions censées être celles des anciennes fraternités de bâtisseurs. Il y a des temples maçonniques comme il y a des temples de Confucius : on n'y vénère aucun dieu ni aucune puissance surnaturelle. Le Grand Architecte de l'Univers n'y est pas adoré. Ce n'est qu'un concept nécessaire à une certaine vision déiste du monde et de l'humanité, ce n'est rien de plus que le dieu des philosophes. La franc-maçonnerie n'est donc pas une religion.
Saladin a écrit :
Les politiques francs-maçons sont minoritaires effectivement, mais la franc-maçonnerie peut jouer un rôle de lobby comme toute autre organisation d'ailleurs religieuse ou non : imaginez dans un tribunal, un accusé franc-maçon, un juge franc-maçon et l'avocat de l'accusé franc-maçon. Lorsqu'on connait ce dogme du secret cher aux francs-maçons.
On fantasme plus que de raison sur le secret maçonnique. Les grands financiers qui se rencontrent à Davos sont autrement plus puissants que les francs-maçons et leurs secrets autrement mieux gardés. Il ne faut pas tomber dans la théorie du complot synarchique pour autant. Il est possible que, dans tribunal, l'accusé, le juge et l'avocat se trouvent être tous trois francs-maçons. Mais, tout d'abord, il n'est pas certain qu'ils se reconnaissent. Ensuite, il n'est pas évident que cela ait plus d'influence que si tous trois se reconnaissent comme catholiques, comme musulmans, comme venant tous de la même province ou comme appartenant à un même petit monde de notables. A mon avis, c'est plutôt la dernière situation qui serait le plus susceptible de peser sur l'issue du procès.
Citer :
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Ce n'est pas étonnant. Fatwa et esprit maçonnique, cela ne va pas bien ensemble. Toutefois il existe en islam des tendances, Abd el Kader en faisait partie, plus portées au mysticisme que sur la fatwa, avec lesquelles la franc-maçonnerie peut faire bon ménage et vice-versa.
Cela n'a rien à voir avec des fatwa, quel est le rapport ? Tout simplement, Islam et franc-maçonnerie sont totalement incompatibles, et la majorité des savants musulmans avancent que le musulman qui devient franc-maçon sort de l'Islam. Même pour le soufisme qui reste une tendance musulmane avec des principes de base propre à toute la
oumma.
Les tendances dans l'islam sont diverses. Certaines, comme le wahabisme, qui multiplient les interdits et les obligations formelles par l'émission de fatwas, voient l'islam non seulement comme une spiritualité mais comme un cadre juridique institutionnel, civil et pénal qui doit s'appliquer en terre musulmane. Une telle tendance ne peut évidemment que rejeter la franc-maçonnerie. A l'opposé, pour ce que j'en sais, le courant soufi admet l'exégèse et privilégie l'esprit par rapport à la lettre. La question essentielle porte sur la laïcité. Cette notion est-elle compatible avec l'islam ? Si oui, je ne vois pas pourquoi il y aurait incompatibilité entre islam et franc-maçonnerie.
Il y a deux explications à ce que la majorité des savants musulmans déclarent la franc-maçonnerie incompatible avec l'islam. C'est tout d'abord que, parmi eux, la tendance rigoriste est majoritaire et qu'ensuite, pour la plupart, ils ne connaissent rien de la franc-maçonnerie. Mais il serait tout de même intéressant d'en savoir un peu plus sur les motifs avancés par ces savants. Vous n'en dites rien.
En ce qui concerne Abd El Kader, on lit dans un ouvrage de Bruno Etienne (
Abd el-Kader et la franc-maçonnerie, Dervy, 2008) qu'il fut initié en 1864 par la loge
Les Pyramides d'Egypte du Caire pour le compte de la loge
Henri IV, du Grand Orient de France. Bruno Etienne ajoute :
L'Emir était pleinement, totalement musulman. Et c'est au nom de l'Islam qu'il pratiquait qu'il a associé sa démarche maçonnique. D'ailleurs 4 de ses 7 fils furent initiés francs-maçons.Bruno Etienne étant un sociologue reconnu, spécialiste de l'islam et chercheur au CNRS, ses affirmations ont du poids. Le syllogisme simpliste :
la franc-maçonnerie est incompatible avec l'islam, Abd el-Kader était musulman, donc Abd el-Kader n'a pu être franc-maçon, ne peut suffire à les réfuter, surtout si les affirmations de Bruno Etienne s'appuient sur des éléments de preuve matériels.