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Pierre de L'Estoile |
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Inscription : 11 Juin 2007 20:48 Message(s) : 2289
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La médecine greco latine était très attentive au problème de l'eau, dès le milieu du Ve avec Hippocrate en Grèce même et Empédocle en Sicile. Par exemple le traité d'Hippocrate Des Airs, des Eaux et des lieux est une espèce de manuel à destination des médecins, pour repérer et définir les problèmes sanitaires posés par un lieu, en observant trois critères : le régime des vents (très important à l'époque), les caractéristiques de l'eau (origine, composition, température, etc.) et enfin le terroir. A l'époque romaine, dans Galien par exemple, le critère de l'eau va prendre de l'importance, et devient un critère majeur dans l'installation d'une colonie. Une des manières de sélectionner les bonnes eaux des mauvaises est effectivement l'observation des populations locales: s'ils ont une sale tronche, faut pas rester... S'ils sont beaux et bien portant, par contre, bingo. Il y a donc un mélange de théorie médicale, et d'observations pragmatiques qui permettent de définir la qualité de l'eau, par une personne qualifiée. Apparemment, ils ne se débrouillaient pas mal puisque leurs stations thermale sont toujours employées de nos jours ! Par exemple, un extrait du texte d'Hippocrate précité, § 7: 7. Pour ce qui reste à dire sur les eaux, je veux exposer lesquelles sont malfaisantes, lesquelles sont très salubres, quel bien, quel mal résulte vraisemblablement de leur usage, car elles ont une grande influence sur la santé. Les eaux de marais, de réservoirs et d'étangs, sont nécessairement chaudes en été, épaisses et de mauvaise odeur. Comme elles ne sont point courantes, mais qu'elles sont sans cesse alimentées par de nouvelles pluies, et échauffées par le soleil, elles sont nécessairement louches, malsaines et propres à augmenter la bile. En hiver, au contraire, glacées et froides, troublées par la neige et la glace, elles augmentent la pituite et les enrouements. Ceux qui eu font usage ont toujours la rate très volumineuse et obstruée ; le ventre resserré, émacié et chaud ; les épaules, les clavicules et la face également émaciées. Les chairs se fondent pour aller grossir la rate, voilà pourquoi ces hommes maigrissent. Ils mangent beaucoup et sont toujours altérés. Ils ont les cavités [abdominales] inférieures et supérieures très sèches, en sorte qu'il leur faut des remèdes énergiques. Cette maladie leur est familière en été aussi bien qu'en hiver. En outre, les hydropisies sont fréquentes et très mortelles, car il règne en été beaucoup de dysenteries, de diarrhées et de fièvres quartes très longues ; ces maladies traînant en longueur, font tomber des sujets ainsi constitués en hydropisie et les font mourir. Telles sont les maladies qui viennent en été. En hiver, chez les jeunes gens, les pneumonies, les affections maniaques ; chez les individus plus âgés, les causus, à cause de la sécheresse du ventre ; chez les femmes, les oedèmes et les leucophlegmasies ; elles conçoivent difficilement et accouchent laborieusement. Les enfants qu'elles mettent au monde, d'abord gros et boursouflés, s'étiolent et deviennent chétifs pendant qu'on les allaite. Chez les femmes la purgation qui suit les couches ne se fait point d'une manière avantageuse. Les hernies sont très communes dans l'enfance ; dans l’âge viril, les varices et les ulcères aux jambes. Avec une telle constitution, les hommes ne sauraient vivre longtemps ; aussi sont-ils vieux avant que le temps soit arrivé. De plus, les femmes paraissent enceintes, et quand le terme de l'accouchement est arrivé, le volume du ventre disparaît ; cela vient de ce qu'il se forme une hydropisie dans la matrice. Je regarde donc ces eaux comme nuisibles pour toute espèce d'usage. Viennent ensuite les eaux qui sortent des rochers (car elles sont nécessairement dures) ; ou celles qui sourdent des terres recélant des eaux thermales, ou du fer, ou du cuivre, ou de l'argent, ou de l'or, ou du soufre, ou du bitume, ou de l'alun, ou du natrou ; car toutes ces matières sont produites par la force de la chaleur. Il n'est pas possible que les eaux sortant d'un pareil sol soient bonnes ; mais elles sont dures et brûlantes, elles passent difficilement par les urines et sont contraires à la liberté du ventre. Mais elles sont très bonnes les eaux qui coulent de lieux élevés et de collines de terre, car elles sont agréables, ténues, et telles qu'il faut une petite quantité de vin [pour les altérer]. De plus, elles sont chaudes en hiver, froides en été, et il en est ainsi à cause de la grande profondeur de leurs sources. Mais il faut particulièrement recommander celles dont les sources s'ouvrent au levant, parce qu'elles sont nécessairement plus limpides, de bonne odeur et légères. Et il poursuit sa recension des divers cas sur plusieurs pages.
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